Gouvernance

Quand les commissionnaires marchent sur des œufs

Le métier de commissionnaire a été interdit par le ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique depuis le mois de janvier. Toutefois, ceux-ci continuent à l’exercer clandestinement sans crainte des sanctions infligées à ceux qui sont attrapés. Ceux qui en sont déjà conscients demandent d’être regrouper en association afin d’exercer ce métier formellement

« Ma famille s’est toujours confiée aux commissionnaires pour chercher une maison à louer à chaque fois qu’on veut déménager d’une maison à une autre », précise Josiane Mukeshimana, résidant en mairie de Bujumbura depuis bientôt 15 ans.

Sinon, explique-t-elle, ni moi ni mon mari ne peut avoir de temps pour chercher la maison. « Mon mari est veilleur et travaille jour et nuit. Il ne rentre que les week-ends. Moi, je passe un grand moment de la journée à chercher la ration », dit-elle. Malgré cela, elle émet des doutes sur le métier de commissionnaire qui, parfois, augmente le prix de vente des produits.

Les commissionnaires estiment que la création d’une plateforme les regroupant en association peut être favorable à la continuation de leur métier.

« Bien que cela ne me soit pas encore arriver, mon ami a acheté une parcelle déjà acheté par un tiers. Comme il l’a acheté en dernier, il a dû perdre la parcelle. Cependant, le commissionnaire devrait lui remettre son argent. Inopportunément, le commissionnaire n’avait pas d’argent pour honorer la transaction », déplore Jean Claude Mugabonihera de la commune Mutimbuzi en province de Bujumbura. Il rappelle que de telles gaffes ont été commises dans la localité de Maramvya où les parcelles sont vendues plus d’une fois. Il considère que dans de telles situations, les commissionnaires et l’administration qui est souvent complice de ces tractations devraient payer un lourd tribut.

Un frein au développement facilité par téléphone

Nous sommes au courant que le métier de commissionnaire a été aboli par le ministère de tutelle, informe E.M, commissionnaire en mairie de Bujumbura. Pour lui, les commissionnaires n’ont pas de bureau. Le métier est pratiqué au téléphone.

« C’est vraiment difficile d’abandonner le métier. Nos clients vont continuer à nous appeler. Comme nous aussi nous avons besoin de survivre, nous serons contraints à répondre favorablement », éclaire-t-il. Normalement, les décideurs devraient nous aider à se regrouper en association afin de travailler dans le formel, poursuit-il.

Malheureusement, indique E.M, les commissionnaires sont éparpillés dans tous les coins du pays. Ils ne se connaissent pas entre eux puisqu’ils travaillent au téléphone. « Les autorités habilitées peuvent elles-mêmes créer une plateforme où chaque commissionnaire peut s’inscrire. Ce qui permettra de nous identifier et de nous regrouper en une association voire en une coopérative », estime-t-il.

Diego Manirakiza, commissionnaire dans la commune Mpanda de la province Bubanza reconnait la nouvelle décision de supprimer le métier des commissionnaires.

Sans toutefois travailler dans la légalité, il certifie qu’il n’a pas arrêté son métier. « Après avoir entendu cela, nous avons pris des précautions. Moi par exemple, je suis commissionnaire des parcelles. Si quelqu’un m’appelle pour l’achat d’une parcelle, je le mets en contact directement avec le propriétaire. Les deux discutent le prix contrairement à ce qui se passait avant. C’étaient nous-mêmes qui fixions les prix. Les rémunérations se faisaient par pourcentage », signale-t-il avant de marteler qu’actuellement la rémunération se fait par consensus du vendeur et de l’acheteur.

Le métier de commissionnaire doit être aboli dans tout le pays comme l’a déclaré OPP1 Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique. C’était lors de la semaine témoin de collecte des recettes communales en janvier dernier.

Il accuse ces derniers d’être à la base de l’augmentation des prix des produits sur le marché, des parcelles…Par ailleurs, insiste-t-il, les commissionnaires ne sont pas reconnus par la législation et il qualifie ce qu’ils font de vol qualifié.

Les sociétés qui font le métier de commissionnaire et qui sont reconnues par la loi ne sont pas concernées par cette mesure, surtout qu’elles paient les impôts et taxes.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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