L’approvisionnement en eau potable constitue une problématique dans la ville de Gitega. Certains quartiers ont du mal à avoir l’eau de la Regideso. Souvent, il peut se passer toute une semaine sans qu’il y ait une goutte d’eau dans le robinet. Les habitants ne savent pas où réside le problème
Nous sommes à Magarama, un des quartiers de Gitega. C’est au petit matin, les travailleurs s’activent dans les ménages. Ils doivent aller faire la queue sur la fontaine publique le plus proche car, affirme Claude Niyongabo, les robinets sont souvent à sec depuis plus d’une semaine dans leurs ménages. Certains préfèrent prendre le chemin des marigots pour espérer puiser l’eau sans perdre trop de temps. Selon Niyongabo, même ceux qui se dirigent vers les marigots n’ont pas la tâche facile. « C’est un véritable combat pour avoir ne fût-ce que 20 litres. Seuls les plus forts puisent en premiers, les femmes et les enfants sont les principales victimes de ce manque criant d’eau, car ils doivent longuement attendre leur tour », nous révèle-t-il.
Dans un autre ménage, Nadège Tuyizere, trentenaire et mère d’un petit garçon nous brosse une autre situation. « Je laisse le robinet ouvert toute la nuit espérant que l’eau viendra, mais voilà que plus de quatre jours viennent de s’écouler sans qu’aucune goutte ne sorte », se plaint-elle avant d’ajouter que c’est devenu une routine d’attendre longtemps ce liquide devenu rare dans presque tous les quartiers populaires.

Sur les robinets publics, il faut attendre plusieurs heures pour être servi.
Même scénario à Yoba. Ils n’ont pas vu une seule goutte d’eau sortir des robinets pendant une semaine. Là aussi, le seul recours reste celui des fontaines publiques. Un domestique trouvé sur les lieux témoigne. « Je suis debout depuis 5 heures du matin, mais voilà qu’il est déjà 9 heures.Je ne sais pas comment je vais me débrouiller pour servir le repas à temps », se désole-t-il. D’après les gens qui font la queue sur ce robinet, c’est devenu une habitude pour la Regideso de couper l’eau quand elle se raréfie.
Des interrogations sur cette situation ne manquent pas
Les habitants des quartiers dans lesquels nous sommes passés soupçonnent des magouilles dans la distribution de l’eau. « Comment les hôtels et les autres quartiers chics sont régulièrement servis alors que chez nous nous n’avons même pas une goutte d’eau ? Ne payent-ils pas les factures comme nous ? », s’interroge Bosco de Magarama. Les habitants ne comprennent pas pourquoi sur les stations-services on lave des dizaines de véhicules toute la journée. Pour eux, c’est du deux poids deux mesures. Si réellement l’eau n’est pas en suffisance, il faut appliquer un délestage entre les quartiers. Pourtant, il y a des quartiers qui passent des semaines sans goutte d’eau alors qu’ailleurs, on arrose les fleurs et les gazons.
Ils font savoir qu’ils soupçonnent certains agents de la Regideso de fermer les vannes de certains quartiers pour alimenter les hôtels et les restaurants moyennant des pots de vin.
Un commerce illicite d’eau prend de l’envol
Pour faire face à ces coupures intempestives de l’eau de la Regideso, la population de ces quartiers ont pris l’habitude de s’acheter l’eau par le biais des taxis-vélos. Un bidon de 20 litres s’achète à 500 FBu. Pour la lessive, il faut payer 300 FBu pour une chemise et 500 FBu pour un pantalon chez les lavadeurs improvisés.
« En plus de la ration, il faut se munir d’un billet de 5.000 FBu pour se payer de l’eau à boire. Je ne vois pas l’utilité d’être un client de la Regideso si on ne peut pas avoir de l’eau propre », déplore Pascal de Magarama. Selon lui, prendre une douche chaque matin est devenue une galère.
Les douches et les toilettes de l’intérieur ne sont plus utilisables. Ils utilisent les latrines naguère réservées aux domestiques. A la Regideso de Gitega, la question n’est pas la discrimination entre les quartiers, mais plutôt une quantité insuffisante d’eau surtout pendant la saison sèche. « Aucun quartier n’est privilégié ou discriminé, seulement la ville de Gitega est devenue grande alors que les sources d’eau ne sont pas nombreuses. Quand nous envoyons l’eau dans certains quartiers et que la pression n’est pas grande, c’est très rare que les ménages bénéficient tous de cette eau », déclare Ir Jean-Claude Manirakiza, chef de la région Est. Pour lui, la quantité d’eau a diminué sensiblement dans les réservoirs de cette société à la suite des tarissements des sources d’eau. Selon lui, la destruction de l’environnement autour des sources de captage aggrave la situation en saison sèche. La solution serait de ne pas gaspiller le peu d’eau disponible et de protéger les sources existantes en attendant que de nouvelles soient construites.
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