Quand l’insécurité affecte le commerce transfrontalier

L’insécurité qui règne en République Démocratique du Congo (RDC) impacte sur les échanges commerciaux entre le Burundi et la RDC. L’hypothèse d’une incidence économique n’est pas à écarter. La RDC est parmi les principales destinations de nos exportations. De plus, le conflit affecte considérablement le commerce transfrontalier. Analyse.

Le parking habituellement occupé par les véhicules de transport entre Bujumbura et la RDC était presque vide.

Les effets de l’insécurité en République Démocratique du Congo (RDC) se font sentir à Bujumbura, la capitale économique du Burundi. A Bujumbura City Market (BCM) dit Chez Sion, il y a peu d’affluence des swahiliphones qui venaient de l’autre côté de la Rusizi. A titre d’exemple, lorsque nous y sommes passés le matin de ce vendredi 21 février 2025, le parking habituellement occupé par les véhicules de transport entre Bujumbura et la RDC était presque vide. Les quelques véhicules présents n’étaient pas en train de charger. Certains conducteurs bavardaient, tandis que d’autres dormaient à l’intérieur des véhicules. Dans les agences de transport autour de ce parking, le mouvement des passagers reste timide. Les employés qui restent dans les quelques agences encore opérationnelles étaient assis, semblant inactifs, à l’attente des clients.

Cette diminution du mouvement des Congolais affecte presque tous les commerçants œuvrant sur ce marché. Nos interlocuteurs nous ont tous signalé que depuis que la situation sécuritaire s’est aggravée en RDC, ces commerçants travaillent à perte. Un vendeur ambulant que nous avons rencontré dans ce parking nous a dit qu’aller vendre les articles dans ce marché ressemble désormais à une simple promenade de santé, car la plupart du temps, il rentre sans rien vendre.

Désiré Nibona, qui vend des vêtements dans ce marché, nous a dit que sans les Congolais, leur commerce est presque à l’arrêt. « Ce qu’on dit souvent, que lorsqu’un voisin a des problèmes, vous les avez aussi, est vrai. Nous en faisons maintenant l’expérience« , témoigne-t-il. Il espère que cela ne durera pas longtemps, sinon, comme il le raconte, la vie leur serait très difficile. C’est la même situation au centre-ville. À l’arrêt de bus de Gatumba-Kajaga, l’affluence a visiblement diminué.

Un marché d’écoulement pour le Burundi

Selon les statistiques de l’Office Burundais des Recettes (OBR), au 4e trimestre de 2023, plus de 89% des exportations du Burundi vers les pays de l’Afrique centrale étaient destinées à la RDC. Ce pays constitue ainsi un grand marché d’écoulement pour les produits burundais. De même, certains commerçants burundais s’approvisionnent en RDC, notamment les vendeurs de pagnes.

Pour optimiser ces échanges commerciaux entre le Burundi et la RDC, plusieurs initiatives et accords bilatéraux ont été signés. On peut citer, entre autres, le Régime Commercial Simplifié (RECOS) lancé officiellement le 30 octobre 2024. Ce régime commercial vise à faciliter et à dynamiser le commerce transfrontalier entre les deux pays. Il simplifie les procédures de dédouanement, réduisant ainsi le temps de transit et les coûts pour les commerçants. Il concerne 66 produits d’origine burundaise et congolaise et vise à réduire les barrières non tarifaires et la contrebande.

Il y a aussi eu l’accord commercial bilatéral signé en 2022, qui vise à faciliter les échanges entre les deux nations en améliorant les infrastructures publiques, telles que les marchés, les postes frontaliers et les ports le long de leurs frontières communes. Ce projet a été financé par la Banque Mondiale dans le cadre de la Facilitation du Commerce et Intégration dans la région des Grands-Lacs (PFCI).

Signalons que la RDC a beaucoup de communautés régionales en commun avec le Burundi, visant le développement économique. Entre autres, la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL), pour ne citer que celles-là.