Société

Quartier asiatique, l’appât des portefaix

Réputé pour son caractère commercial, le quartier asiatique abrite des milliers de portefaix constitués d’hommes. Ceux-ci œuvrent dans l’informel et estiment que la formalisation de leur métier peut améliorer leur niveau de vie

Il est 15 heures 40 minutes du mercredi 7 avril 2021. A l’avenue Mubarazi, 4 portefaix parmi une dizaine tenaient une bière « Primus » à la main. « Même si l’heure reconnue officiellement d’ouvrir les bars est fixée à 17 heures, nous pouvons étancher la soif à n’importe quelle heure de la journée. L’alcool soulage notre corps et fait oublier la fatigue», lâche un des portefaix, tout en ignorant que la consommation excessive de la bière nuit à la santé.

Actuellement, le quartier asiatique est un centre commercial d’approvisionnement en objets de quincaillerie. Ses nouvelles constructions en hauteur attirent une main d’œuvre abondante occasionnant ainsi l’exode rural.

Environ 3 mille portefaix œuvrent dans l’informel au quartier asiatique.

Un travail moins rassurant

«C’est depuis bientôt 11 ans que j’exerce le travail des portefaix dans le quartier asiatique. Moi et mes collègues nous sommes environ 3 mille dans tout le quartier asiatique. Nous sommes tous de sexe masculin», indique Claude Nduwimana, portefaix, père de 3 enfants. Ce trentenaire témoigne que les conditions de vie des portefaix ne sont pas faciles. Cela car leur travail se limite à charger ou à décharger les camions. Le paiement se fait par sac ou par métal chargé ou déchargé.

« Un sac de ciment de 25 kg est chargé ou déchargé à 80 FBu. Un fer à béton de 12mm est chargé ou déchargé entre 50 et 100 FBu », explique M.Nduwimana. Selon lui, on peut gagner entre 5 000 FBu et 6 000 FBu par jour. Le problème, raconte-t-il, est que le travail de portefaix exige beaucoup de force. « Nous sommes contraints de se restaurer à suffisance, soit une ration de 2 000 FBu pour une seule fois. Ce n’est pas facile de se restaurer 3 fois par jour », se désole-t-il. Comme il est marié, le portefaix est obligé d’apporter sa contribution au bien-être du ménage. Il informe qu’il le visite une fois les deux ou les trois mois. Et de continuer : « Le ticket aller-retour me coûte cher ».

M.Nduwimana regrette que portefaix pendant plus d’une décennie, il n’a jamais été membre d’une association et ne possède pas de compte bancaire.

« Je conserve le surplus de l’argent que je gagne à la maison avec tous les risques d’être spolié ou de l’utiliser dans des choses futiles », déplore-t-il.

Par ailleurs, trouver un abri également n’est pas si facile comme le témoigne M.Nduwimana. Il certifie que pour gagner plus d’argent, les portefaix préfèrent dormir au lieu de travail. Cela à l’air libre sans même se soucier d’attraper le paludisme, surtout qu’il y en a qui ne dorment pas sous des moustiquaires imprégnées d’insecticides.

Un bon portefaix est celui qui est en bonne santé, fait remarquer Sylvestre Nimbona. Agé de 25 ans et originaire de la commune Gatara en province de Kayanza, il indique que pendant 7 ans, période au cours de laquelle il a exercé le métier de portefaix, un collègue qui tombe malade est directement remplacé. De plus, confirme-t-il, les portefaix n’ont pas d’assurance. Celui qui tombe malade ou qui subit un accident de travail se fait soigner lui-même.

Même si Nimbona ne possède pas de compte bancaire, il avise qu’il dépose son argent dans les services financiers numériques de télécommunication comme lumicash et ecocash. «Si ma mère, le seul parent que je possède a besoin d’un soutien, je lui envoie une petite somme via ces services financiers numériques de télécommunication. Mais, il m’est difficile de lui rendre visite souvent. Cela car l’argent gagné ne me le permet pas», certifie-t-il avant de signaler que l’argent déposé dans les services ci-haut cités ne procure que peu d’avantages.

« On ne peut pas contracter un crédit dans les services financiers numériques de télécommunication afin de réaliser une activité génératrice de revenus », déplore M.Nimbona.

Toutefois, il regrette qu’il dépense parfois l’argent gagné dans des choses futiles. Cela en adhérant à la dynamique de groupe. Ce qui arrive surtout le soir ou les week-ends, lorsqu’on n’a pas d’occupation.

Lewis Nduwimana, originaire de Rumonge et lauréat de la section normale au lycée Kiremba-Sud, année scolaire 2012-2013 précise que le manque d’emploi l’a poussée à venir s’installer au quartier asiatique. Il estime être en sécurité dans ledit quartier, car il exerce à la fois le métier de maçon, de charpentier, de ferrailleur, de portefaix…

Et de conclure : «Toutes nos occupations émanent de notre organisation en groupe. Aucune réglementation ne nous régit. Ce qui ne facilite pas la bonne gestion de l’argent gagné et, partant, rend difficile l’auto-développement».

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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