Burundi Eco vous aide à mieux comprendre le fonctionnement de l’économie. Pour ce faire, il faut maîtriser certains termes et concepts couramment utilisés. Qu’est-ce que la croissance économique ? Comment est-elle calculée ? Quels sont les autres paramètres qui entrent en compte dans son calcul ? Votre journal fait le tour de toutes ces questions
La croissance économique est l’augmentation soutenue et durable de la production de richesses pendant une longue période. Elle se traduit par l’accroissement de l’activité économique d’un pays, constatée à travers l’évolution des prix des biens et services, de la production dans tous les secteurs d’activités et des revenus aussi bien des entreprises que de ses habitants et en fin de compte du pays.
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Source: Extrait du Plan National de Développement (2018-2027)
Deux indicateurs entrent en jeu : le PIB et le PNB
La croissance économique est évaluée par le Produit Intérieur Brut (PIB). Ce dernier est égal à la valeur de tous les biens et services produits à l’intérieur d’un pays. En d’autres termes, c’est la somme de toutes les valeurs ajoutées ; donc de tout ce qui a été nouvellement produit sur une période et un territoire donnés. Mais le PIB n’est pas le seul indicateur pris en compte dans le calcul de la croissance économique. Le Produit National Brut (PNB) intervient aussi. Le PNB quantifie la production des biens et services créés par un pays sur le sol national ou à l’étranger durant une période donnée. Son calcul est simple. Prenons le cas du Burundi : PNB = PIB + les revenus en provenance des opérateurs Burundais basés à l’étranger – les revenus issus des opérateurs étrangers exerçant au Burundi. Il est important de préciser que la croissance du PIB (qui est à la base du calcul de la croissance économique) n’implique pas nécessairement une élévation du niveau de vie. Si la croissance démographique est plus forte et rapide que la croissance du PIB, le PIB par habitant diminue et par conséquent le niveau de vie de la population diminue. Rappelons que selon les chiffres publiés par le FMI et la Banque Mondiale, le revenu par habitant est inférieur à 300 USD par an, soit moins de 1 USD par jour. A titre de comparaison, pour le Kenya c’est 1678 USD, la Tanzanie 900 USD et l’Ouganda 730 USD.
Un autre indicateur intervient : l’Indice de Développement Humain.
Le PIB prend en compte l’aspect quantitatif de l’économie. Mais cela s’est avéré lacunaire sous d’autres aspects, notamment qualitatif. C’est pour combler ces lacunes que le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a mis en place en 1990 un nouvel indicateur prenant en compte la dimension qualitative du progrès socio-économique : l’Indice de Développement Humain (IDH). L’intérêt de l’IDH a été de proposer une autre évaluation du niveau de développement ou de « bien-être » des populations que la seule richesse nationale mesurée par le PIB ne prend pas en considération. En plus de la richesse monétaire, l’IDH prend en compte deux autres aspects essentiels du développement humain : la santé et l’éducation. La santé est mesurée par l’espérance de vie à la naissance tandis que l’éducation est mesurée à travers deux indicateurs : l’indice de scolarisation et le niveau d’étude des adultes. L’IDH est compris entre 0 et 1. Plus il est proche de 1, meilleur est le développement. Au-delà de 0,770 on parle de développement humain très élevé. S’il est inférieur à 0,470, on parle de développement humain faible. Celui du Burundi était de 0,404 en 2015 d’après les données du PNUD. Les projections le fixe à 0,420 en 2018.
La croissance économique ne traduit pas forcément le développement
Un accroissement du PIB n’implique pas nécessairement une élévation du niveau de vie de l’ensemble de la population. D’abord, comme on vient de le voir plus haut, si la croissance démographique est plus rapide que la croissance du PIB, le PIB par habitant diminue. Ensuite, un taux de croissance élevé peut ne pas profiter à une grande partie de la population. C’est ce qui arrive quand un secteur n’impliquant pas beaucoup de main d’œuvre et donc une grande partie de la population (celui de l’extraction des minerais par exemple) enregistre un fort taux de croissance, même si ce taux tire l’économie vers le haut. Par contre, pour le cas d’un pays essentiellement agricole qui emploie 90% de la population active pour la production et la transformation (produits agro-alimentaires), dans ce cas précis, la production de richesses a des répercussions positives pour un grand nombre de personnes. Dans ce cas, le niveau de vie progresse. En résumé, si la croissance est basée sur l’expansion d’un secteur peu pourvoyeur d’emplois comme la production aurifère (mine d’or), la croissance économique qui en résulte profitera à l’ensemble de la population d’une façon moindre. Par contre, si une croissance économique se base sur un secteur qui emploie une grande partie de la population, elle contribuera significativement au développement du pays concerné.
Quelques facteurs de croissance économique
La croissance économique est la conséquence positive de l’augmentation de la production (dans le cas contraire, on parle de décroissance économique). Or, qui dit augmentation de la production dit la qualité et la quantité des facteurs de production. Trois facteurs principaux contribuent à la production. Il s’agit des facteurs travail, capital et technique. Mais un autre facteur est venu se greffer à ces 3 premiers. Il s’agit du facteur innovation que le célèbre économiste autrichien Joseph Schumpeter a bien théorisé et qui prend de plus en plus de place dans l’économie moderne.
Qu’en est-il de la croissance dans le monde ?
Dans un rapport sorti en juillet 2018 intitulé « Les Perspectives Economiques Mondiales », la Banque Mondiale prévoit une croissance économique mondiale de 3,9 % pour cette année alors qu’en 2017, elle tournait autour de 3,0%. La Chine qui a connu des jours meilleurs il y a quelques années avec un taux de croissance à deux chiffres (c’est-à-dire de plus de 9%) devrait se contenter de 6,6% cette année. Ce même rapport préconise un taux de croissance de 3,4 % pour l’Afrique subsaharienne dont le Burundi fait partie. Pour rappel, en 2017, ce taux avait été de 2,8% dans cette région.
En ce qui concerne le Burundi, d’après les données fournies par la Banque Africaine de Développement (BAD), en 2017, le taux de croissance était négatif moins 1,3 %. Selon les prévisions de cette même institution, la récession (le ralentissement du rythme de la croissance économique) devrait perdurer en 2018 avec un taux de -0,3 %. Ce n’est qu’en 2019 que l’économie burundaise devrait enregistrer un taux de croissance positif de 1 %.
Par contre, le Plan National de Développement (2018-2027) prévoit le décollage de la croissance économique en 2021 avec un taux de 7,1%. Ce taux devrait culminer en 2027 à 10,7% d’après les projections de ce document.
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