Les commerçants des chaussures usagées prestant au marché Bujumbura City Market (BCM) communément appelé « chez Sion » ont jusqu’au 30 septembre 2020 pour regagner le marché moderne de Jabe. Les responsables du marché BCM et les commerçants concernés sont désemparés
« Nous vous instruisons de regagner le marché moderne de Jabe jusqu’au plus tard le 30 septembre 2020 », peut-on lire dans une correspondance que la Mairie de Bujumbura a adressé à Abraham Cimpaye, représentant légal de l’Association des Commerçants des Chaussures Usagées (A.C.C.U).
Pour la petite histoire, la Mairie de Bujumbura raconte. Le marché de Jabe est historiquement connu comme un marché spécialisé dans la vente des chaussures usagées et des cuirs de différentes sortes. Les commerçants des chaussures usagées ont migré vers le marché BCM uniquement pour laisser la place à l’entreprise Getra qui devait commencer les travaux de réhabilitation du marché de Jabe en 2017 quitte à y revenir aussitôt après sa réhabilitation et que vous occupiez 36 places dans ce marché.
Dans cette correspondance adressée au Représentant Legal de l’A.C.C.U, la Mairie explique que les représentants des commerçants de Jabe avaient demandé le rapatriement des commerçants des chaussures usagées se trouvant au marché BCM de Buyenzi pour rendre le marché fonctionnel et vibrant comme avant et ainsi générer des recettes consistantes à la Mairie.
Les responsables du marché sous le choc
Joseph Dukundane, commissaire du marché BCM indique que cette décision ne fait que les mettre dans une situation de désespoir. « Elle touche directement sur l’économie de l’ensemble du marché BCM ». Il fait savoir qu’avant l’installation dans ce marché des commerçants des chaussures usagées, les responsables du marché ont investi dans l’aménagement de la place qu’allait occuper ces derniers. «On a utilisé beaucoup d’argent en termes de millions».

Les commerçants des chaussures usagées du marché Bujumbura City Market (BCM) communément appelé « chez Sion » ont jusqu’au 30 septembre 2020 pour regagner le marché moderne de Jabe.
Et d’ajouter qu’avant l’occupation de cette place, les commerçants des chaussures usagées ont donné des avances de plusieurs mois. Certains sont allés même jusqu’à 3 ans d’avances. Il déplore le fait que cette décision tombe alors qu’ils n’ont pas été avertis et n’ont pas eu un temps supplémentaire pour consommer leur avance.
En outre, selon lui, la Mairie de Bujumbura a confondu l’association des commerçants des chaussures usagées avec les commerçants des chaussures exerçant à titre personnel. « Le marché BCM n’a pas de contrat avec l’association, mais il a des contrats avec des commerçants comme personnes physiques pas comme une association », fait-il remarquer avant d’ajouter que tout commerçant de chaussures usagées n’est pas membre de cette association.
M. Dukundane soutient que pendant la réhabilitation du marché de Jabe, ces commerçants de chaussure usagées n’ont pas migré vers le marché BCM seulement. Il y en a qui ont préféré déménager vers les autres marchés de la capitale et d’autres qui se sont éparpillés à l’intérieur des quartiers. Il demande que la Mairie se concentre plutôt sur ceux qui n’ont pas de places fixes. « Les commerçants des chaussures usagées sont partout. On ne comprend pas pourquoi ceux du marché BCM sont les seuls concernés par cette décision », martèle-t-il
Le marché est une activité induite et libre
Il fait également savoir que cette décision ne respecte pas le principe de la liberté du commerce. Ce principe stipule qu’il « sera libre à toute personne de faire tel négoce ou d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle trouvera bon ». De ce fait, soutient-il, c’est le commerçant lui-même qui décide là où il doit exercer. « Ce n’est pas l’Etat qui oriente les acheteurs. Du moment que le commerçant est dans la légalité, c’est à lui de décider quoi vendre et où l’étaler ». Il demande à ce que les marchés soient gérés de la même façon et que chaque commerçant exerce dans le marché de son choix. « Pour un commerçant qui est déjà habitué à travailler ici, aller là-bas c’est comme un nouveau commencement ». Les marchés devraient être aménagés et organisés de façon à favoriser les commerçants. « On ne force personne à venir chez Sion. Les commerçants viennent plutôt grâce à notre bonne organisation ». Et de conclure que la Mairie devrait surseoir la mise en application de cette décision.
Les commerçants désorientés
Abraham Cimpaye, représentant légal de l’A.C.C. U et à qui la correspondance a été adressé n’y va pas par quatre chemins. L’explication selon laquelle cette décision est prise dans le but de rendre le marché fonctionnel et vibrant comme avant et ainsi générer des recettes consistantes à la Marie ne convainc pas. Au marché de Jabe, il y a 36 places réservées aux commerçants des chaussures usagées alors que l’association dispose de 30 places seulement. Cimpaye fait remarquer qu’au marché chez Sion, les places sont plus nombreuses. Plus de 150 places pour les commerçants des chaussures usagées. « Que la Mairie ne prenne pas tous les commerçants des chaussures de seconde main dans l’ensemble car, parmi les 150 places, il n’y a même pas 20 places qui appartiennent à l’association ».
Toutes les places des chaussures de seconde main au marché de Jabe ont leurs propres propriétaires. Que ces derniers les occupent et que les autres restent là où ils sont, demande-t-il. Il ne comprend pas comment une telle décision pout concerner les commerçants qui ont des places fixes et qui paient les impôts et taxes alors qu’il y a plus de 200 commerçants de chaussures de seconde main qui sont dehors dans la rue et qui n’ont pas de places fixes. Et d’assurer qu’ils vont faire recours.
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