L’insuffisance des structures spécialisées dans les soins de santé mentale et des spécialistes psychiatres sont les grands défis que connait le Burundi en matière de santé mentale. Le pays ne compte que 5 médecins psychiatres et 4 centres spécialisés en santé mentale
Initialement prévue pour le 10 octobre, la journée mondiale de la santé mentale a été célébrée au Burundi mardi le 25 octobre 2022. Une occasion pour les décideurs de tirer la sonnette d’alarme
La santé mentale est un domaine qui n’est pas développé au Burundi. Le gros des efforts en matière sanitaire est prioritairement focalisé sur la santé physique, reconnait Dr Alexis Ndereyimana, chef de service Santé Mentale au Programme National Intégré de Lutte contre les Maladies Chroniques et non Transmissibles (PNLMNT). L’Organisation Mondiale de la Santé estime qu’il n’y a pas de santé sans santé mentale
Les problèmes de santé mentale sont une réalité au Burundi. Les malades mentaux sont partout. Dans les rues de Bujumbura et dans d’autres villes du pays, dans les collines de l’intérieur du pays et j’en passe
La pauvreté, une des causes
En 2019, le ministère en charge de la santé en Collaboration avec la coopération Suisse et l’ISTEEBU a mené une enquête de base du programme d’intégration de la santé mentale dans les services de santé primaire dans les provinces du pays dont la mairie de Bujumbura, Gitega, Ngozi et Rumonge. 2843 ménages ont été enquêtés.
Les résultats montrent que dans l’ensemble, le score moyen du bien-être psychologique du General Health Questionnaire (GHQ, un questionnaire d’auto-évaluation qui est utilisé comme un outil de dépistage du bien-être psychologique) est de 3 sur 12. Selon le seuil de 2+, 64,5% de la population manifeste un mal être psychologique tandis que sur le seuil de 4+, 47,5 % des enquêtés connaissent probablement un épisode de troubles plus sevères.
Plus de 6 personnes sur 10 enquêtées semblaient manifester une difficulté psychologique et plus de 4 personnes sur 10 présentaient des troubles psychologiques. 8,9% de la population souffrent de troubles anxieux. Les troubles anxieux comprennent une facette émotionnelle (inquiétude, peur, craintes, images effrayantes, etc.) et une facette somatique (muscles tendus, tremblements, battement du cœur, etc.).
4,4% de la population souffre de la psychose aiguë. 4,5% de la population ont souffert de la schizophrénie au cours de la semaine ayant précédé l’enquête.
La pauvreté extrême ou le chômage prolongé, les maladies chroniques, l’hérédité ou la génétique sont les trois principales sources des troubles mentaux selon la même étude.
5 médecins psychiatres spécialisés
La situation est ainsi au moment où le pays est confronté à de nombreux défis dont l’insuffisance des structures de soins de santé mentale et des spécialistes psychiatres. Selon les données du service Santé Mentale au PNLMNT, actuellement, le Burundi ne compte que 5 médecins psychiatres dont trois qui prestent au Centre Neuropsychiatrique de Kamenge (CNPK), 1 à l’Hôpital Militaire de Kamenge et 1 à Kira Hospital.
Encore plus, les structures spécialisées en prise en charge des malades mentaux font défaut. Trois centres publics sont disponibles, à savoir : le CNPK opérationnel depuis 1981 et ses deux sous-centres qui ont été mis en place à Gitega en 2011 et à Ngozi en 2014. Il existe également un centre privé se trouvant dans la province de Cibitoke.
Dr Alexis Ndereyimana, chef de service Santé Mentale au PNLMNT ajoute que l’autre défi pour les malades mentaux est l’insuffisance et la cherté des médicaments des maladies mentales. Les recherches en matière de santé mentale sont aussi limitées.
Quid des actions qui sont entrées d’être menées ?
Les directives d’intégration des soins de santé mentale dans le système national de santé sont en cours, informe Dr Alexis Ndereyimana. A ce niveau, pour faire face au manque de spécialistes en santé mentale, Dr Ndereyimana informe que des formations sont en cours pour les prestataires de santé de la base au sommet. Cela afin que des prestataires formés en santé mentale soient dans toutes les formations sanitaires du pays. Des médecins généralistes, des infirmiers, des techniciens de promotion de la santé, des agents de santé communautaire bénéficient des formations en la matière. En plus, grâce au soutien de la Coopération Suisse, des étudiants burundais ont bénéficié des bourses d’études à l’étranger pour poursuivre les études de psychiatrie.
Le chef de service Santé Mentale au PNLMNT propose le recrutement des psychologues et infirmiers psychiatres en milieu hospitalier.
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