Développement

Le « Second hand » plombe l’industrie du cuir

La création d’un centre d’incubation du cuir au Burundi est l’un des grands dossiers qui attendent le ministre du Commerce, des Transports, de l’Industrie et du Tourisme. Toutefois, ce secteur est à un stade embryonnaire et nécessite des réformes variées. En face des facilités, les pratiques de la fraude et l’importation des « Seconds hands » en cuir handicapent le développement de ce secteur   

Le tweet du ministère du Commerce du 24 mai 2021 montre les grands chantiers qui attendent ce ministère dont la création d’un centre d’incubation du cuir.

En octobre 2018, l’Agence de Promotion des Investissements (API) a organisé une réunion de réflexion sur la problématique d’approvisionnement en matières premières de l’industrie du cuir et sur les mesures à prendre pour soutenir le développement de ce secteur.

Dans cette réunion, il a été notifié que les industries de transformation des peaux brutes éprouvent des difficultés d’approvisionnement en peaux brutes constituant leur matière première. « Cela a pour conséquence un faible taux d’utilisation des capacités de production installées par les 2 unités industrielles opérationnelles (AFRITAN et SINOBU Tannerie) et limite ainsi la performance de l’industrie du cuir au Burundi », lit-on sur le site de l’API.

Adalbert Mugisha, directeur-adjoint de SINOBU Tannerie : « SINOBU Tannerie a une capacité de production de 15 tonnes de peaux semi-traitées (Wet Blue) par jour. Nous n’avons jamais produit 3 tonnes de peaux semi-traitées par jour ».

Le casse-tête des tanneries burundaises

L’industrie du cuir reste sous-développée au Burundi selon Adalbert Mugisha, directeur-adjoint de SINOBU Tannerie, une entreprise qui a investi dans le cuir il y a de cela huit ans.

Pour lui, à part que le centre d’incubation du cuir est nécessaire, beaucoup de choses restent à faire dans ce secteur.

« SINOBU Tannerie a une capacité de production de 15 tonnes de peaux semi-traités (Wet Blue) par jour. Nous n’avons jamais produit 3 tonnes de peaux semi-traités par jour », déplore-t-il avant d’informer que SINOBU Tannerie dispose d’un marché des « Wet Blue » en Chine. Ce qui pourrait procurer des devises au pays, une fois que la commercialisation deviendrait prospère.

Et de renchérir : « De plus l’entreprise est exonérée des taxes et impôts ». Le grand défi est l’approvisionnement en matières premières (peaux brutes) qui fait défaut. « Nous achetons le kilogramme d’un peau brute entre 300 FBu et 500 FBu par kg », informe M.Mugisha sans toutefois dévoiler la valeur d’une peau semi-traitée en Chine.

Et de marteler : « Le secteur du cuir est créateur d’emplois. Ces peaux brutes par exemple sont achetées aux abattoirs et aux autres collecteurs. Si la moisson est bonne, l’entreprise engage entre 70 et 100 employés. Parmi eux, 20 à 30% sont des permanents ».

Parlant de la valorisation d’une façon générale du secteur du cuir, M.Mugisha attaque l’informel et  la commercialisation des produits en cuir importés de l’étranger. « La fraude est une réalité dans le commerce transfrontalier des peaux. Par ailleurs, nos peaux semi-traitées sont vendues à l’étranger. Celui-ci en tire les produits finis. Après usage, il écoule ce produit en tant que « second hand » encore chez nous. Pourtant, si on développait l’industrie du cuir et qu’on produisait localement des chaussures, sacoches, ceintures…le citoyen consommerait à son tour le produit original », explique-t-il.

M.Mugisha informe que SINOBU Tannerie projette produire les peaux traitées d’ici une année ou deux ans.

Le directeur-adjoint de SINOBU Tannerie regrette que l’entreprise ait été envahie par les habitations. Cela, malgré qu’elle soit installée dans le quartier industriel. « Les personnes vivant aux alentours de la tannerie ne supportent pas la mauvaise odeur dégagée au niveau de celle-ci. Ce qui gêne les propriétaires de la tannerie », fait-il remarquer.

Cependant, M.Mugisha rappelle que SINOBU Tannerie a pris des mesures de protection de l’environnement en instaurant un système de séparation des déchets solides et des déchets liquides. « Même le Chrome 6, un produit utilisé dans la tannerie, auquel il est reproché d’être nuisible à la santé humaine est récupéré dans un centre de traitement et de séparation des eaux usées avec le chrome », explique-t-il.

Le rapport de Human Rights Whatch de 2012 « Tanneries toxiques : Répercussions sanitaires de l’industrie du cuir de Hazaribagh au Bangladesh » informe que les ouvriers des tanneries, parmi lesquels on trouve des enfants âgés d’à peine 11 ans, tombent malades parce qu’ils sont exposés à des produits chimiques dangereux, et se blessent dans d’effroyables accidents de travail.

Ils sont exposés aux maladies de la peau et aux affections respiratoires provoquées par l’exposition aux agents chimiques de tannage, ainsi que les amputations des membres. Cela suite aux accidents survenus lors de l’utilisation des machines de tannerie dans des conditions dangereuses. Les habitants des bidonvilles de Hazaribagh souffrent à leur tour de maladies telles que les fièvres, les affections de la peau, les problèmes respiratoires et les diarrhées. Celles-ci sont causées par l’intense pollution de l’air, de l’eau et des sols par les tanneries.

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A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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