Les employés des sociétés de gardiennage et de surveillance se lamentent qu’ils perçoivent un salaire insuffisant après un dur labeur. Ils indiquent qu’ils travaillent pour leurs patrons. Ce qui est exaspérant c’est que la plupart de ces employés n’ont ni contrat de travail, ni sécurité sociale ni accès aux soins de santé. Ils demandent de ce fait aux autorités compétentes de leur venir en aide. Sinon c’est l’exploitation de l’homme par l’homme.
Pour se faire de l’argent facilement et vite, il faut créer une société de gardiennage et de surveillance, disent certains observateurs.
Réputées pour le placement des gardiens dans des structures telles les organisations, les services, les résidences, nombreuses sont celles qui vivent au dépend de leurs employés, tout en les privant de leurs droits.
Suite au chômage qui atteint des proportions inquiétantes, tentés par tous sauf de baisser les bras, les jeunes diplômés ou non, les chefs de famille, les femmes en quête de leur pain quotidien se font recruter auprès de ces sociétésdans l’unique espoir de survivre. Ils sont confrontés à d’innombrables problèmes dans l’accomplissement de leur travail. Certains n’ont pas de contrat de travail, d’autres ne sont affiliés à aucune compagnie d’assurance et d’autres encore n’ont pas accès aux soins de santé. Frustrés par le mauvais traitement qu’ils subissent, les agents de ces sociétés commencent à se regrouper en syndicat dans le but de faire entendre leur voix. Cependant, ils sont dans le collimateur de leur employeur. Les présidents de ces syndicats nouvellement créés se voient muter à l’intérieur du pays. Cela dans le seul but de faire tomber ces syndicats.
A comprendre le système, il y a un contrat entre les sociétés de gardiennage et les particuliers dont la rémunération de la garde varie en fonction des sociétés, des clients, du poste d’attache du gardien ou du nombre de gardiens que le client emploie. Certaines sociétés sont payées en dollars, d’autres en FBu.
Payé entre 40 000 et 5 000 FBu par mois, A.C se lamente : « Ce n’est pas seulement le bas salaire qui nous décourage, mais aussi le retard mis dans le payement. S’il faut attendre le 10 de chaque mois pour être payé, c’est encore plus pénible ». Pire encore la durée de travail est exorbitante de 6 h à 18 h, soit 12h de travail par jour.
A cela s’ajoute le danger que nous courions au poste d’attache, fait remarquer A.K, un autre gardien « En plus de craindre pour la sécurité de ce que nous protégeons, nous craignons pour notre propre sécurité. Nous ne disposons que de simples bâtons, une torche et un sifflet ». Et pourtant nous subissons des agressions de toutes sortes et de différentes manières. Pour atteindre les propriétaires de l’endroit protégé, il faut d’abord nous contacter. Ce qui est sûr c’est que nous sommes souvent victimes de vols qui, même signalés à la compagnie, ne donnent lieu à rien. Nous sommes obligés de payer et souvent une somme supérieure à la valeur de l’article volé.
Par ailleurs, étant recrutés au niveau des sociétés sur des bases légales, nous devons être affiliés à la sécurité sociale. Or, tel n’est pas le cas. « Aussi, lorsqu’on nous envoie devant les résidences, certains résidents nous refusent l’accès aux toilettes et à l’eau ou des fois nous associent à leurs travaux domestiques », témoigne-t-il.
Il indique que chaque fois qu’un gardien se déplace en dehors du périmètre protégé, cela est considéré comme un abandon de poste conduisant à des sanctions dont la mise à pieds, la déduction de salaire ou à quelques jours de suspension de travail. Il fait savoir que face à tout ce calvaire et à la cherté de la vie, les gardiens souhaitent qu’il y ait une amélioration de leurs conditions de travail, et partant, de leurs conditions de vie.
Les représentants des sociétés prêchent pour leurs cathédrales
« Nous connaissons vos agents. Nous connaissons aussi les conditions dans lesquelles ils travaillent. Nous savons combien ils souffrent », affirme Thérèse Baranyizigiye, directrice chargée des sociétés de gardiennage au ministère de la Sécurité Publique et de la Gestion des Catastrophes. Elle regrette néanmoins que les quelques agents qui dénoncent les mauvaises conditions dans lesquelles ils travaillent se voient infliger des sanctions allant même jusqu’au licenciement. Cela constitue une preuve tangible que les agents des sociétés de gardiennage travaillent dans de pires conditions, dit-elle d’un ton ferme.
Elle fait remarquer que les sociétés de gardiennage prêchent pour leurs cathédrales. Elle informe que quand les représentants des sociétés de gardiennage allaient au ministère pour faire agréer leurs sociétés, ils indiquaient que la rémunération de leurs agents variait entre 80 000 FBu et 300 000 FBu par mois alors qu’ils les payaient 40 000 FBu ou 50 000 FBu par mois .
Dans leurs explications, les représentants des sociétés affirment respecter le code du travail. Ce que Mme Branyizigiye balaie du revers de la main. « Vous dites que vous respectez le code du travail, mais je pense que dans ce code il n’y a aucune disposition qui dit que vous embauchez un gardien et vous lui refusez le contrat, un salaire ou les soins de santé », estime-t-elle.
Les représentants des sociétés de gardiennage se justifient.
Marc Nimburanya, représentant de Top Security se justifie en indiquant qu’il a proposé à ses employés de verser leurs cotisations à l’INSS, mais qu’ils ont refusé. En ce qui est des contrats, il indique que les agents considèrent le travail dans une société de gardiennage comme un passe-temps. De surcroît, ils ne préfèrent pas avoir des contrats dans de telles sociétés. En ce qui est des soins de santé, ce représentant précise que la société ne peut pas établir des contrats avec tous les hôpitaux, unités de soins ou centres de santé œuvrant sur tout le territoire national. Il propose néanmoins que les agents puissent disposer des cartes d’assurance maladie (CAM).
Répondant à la question de savoir pourquoi les agents des sociétés de gardiennage touchent un salaire insignifiant alors que les employeurs se taillent la part du lion, Cyprien Ndayiragije, directeur des opérations au sein de KK Security Burundi répond «Ntawurya inka nyeneyo» qui se traduit en français par qui mangerait mieux une vache que son propriétaire
Un travail à risque
Mme Baranyizigiye souligne que le gardien travaille toute la nuit ou toute la journée sans autre moyens de défense que le bâton. S’il est attaqué, c’est sa vie qui est en danger. Elle ajoute que si les moustiques le piquent, il tombe malade alors qu’il n’a pas droit aux soins de santé. Elle exhorte de ce fait les représentants de ces sociétés à revoir le contenu de leurs documents d’agrément afin de s’y conformer.
Signalons qu’au Burundi il existe plus de 29 sociétés de gardiennage.
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