La plupart des sociétés publiques ou à participation publique se trouvent dans une situation économico-financière critique. Leurs résultats sont au rouge. Raison pour laquelle la plupart d’entre elles ne versent pas les dividendes à l’Etat. Les causes profondes de cette situation sont le mauvais management, la vétusté de leurs outils de production, la concurrence, le personnel pléthorique, etc. Le gouvernement demande aux responsables de se ressaisir pour inverser la tendance. Plus de détails dans ce numéro
Malgré qu’il y ait certaines sociétés publiques ou à participation publique qui affichent des résultats positifs, il s’observe d’autres qui enregistrent des résultats négatifs, s’inquiète Evariste Nikwibitanga, chef de bureau chargé des affaires économiques à la Primature mardi le 14 septembre 2021 lors de la présentation de l’analyse de la situation de versement des dividendes à l’Etat par ces sociétés au cours de l’exercice 2014-2020. A titre illustratif, les rendements des sociétés comme Onatel, Hôtel Source du Nil, Cogerco, Tanganyika Mining Burundi, etc sont au rouge. Cette situation a fait que de telles sociétés n’ont pas pu verser les dividendes à l’Etat.

Situation de versement des dividendes à l’Etat par les SP et les SPP (2014-2020).
Les causes communes de ce calvaire
Selon Nikwibitanga, les causes communes de ce calvaire sont entre autres les problèmes de trésorerie. La gestion n’est pas bonne. La plupart des gestionnaires mettent en avant leur intérêt personnel. Ceux de l’Etat sont sacrifiés. D’autres causes évoquées sont la vétusté des outils de production. L’Etat ne paie pas facilement les dettes colossales qu’il doit à ces dernières. Et d’ajouter la non application des décisions et des recommandations des organes sociaux, des commissaires aux comptes et des auditeurs externes, la lourdeur des procédures dans la passation des marchés publics, la rude concurrence à l’égard des sociétés à participation publique, les faibles capacités des sociétés à participation publique pour faire face à la concurrence des sociétés privées.
Le personnel pléthorique enfonce les sociétés vers la faillite
Selon Privat Kabeba, directeur général de l’Onatel, le personnel pléthorique enfonce les sociétés publiques vers la faillite. La masse salariale augmente de façon exponentielle. Ce qui permet au personnel de s’accaparer de presque toute la richesse de ces sociétés. A titre d’exemple, Kabeba fait savoir qu’ il fut un moment où on payait le personnel plus de 5 milliards de FBu. Il laisse entendre qu’actuellement l’Onatel dispose de 424 employés. Par conséquent, il indique que le personnel de cette société de télécommunication est payé 80% des revenus qu’il enregistre par an alors qu’en principe on ne devrait pas dépasser 30%.
Selon toujours lui, son personnel n’est pas compétent. Raison pour laquelle il ne parvient pas à bien exploiter les réseaux mobile et fixe. «Même si l’Onatel dispose de beaucoup d’employés, très peu sont à l’œuvre pour le développer. Par ailleurs, ils sont aussi vieux, car 116 d’entre eux dépassent 55 ans», argue-t-il. De plus, il affirme que la trésorerie de cette société est émaillée d’irrégularités.

Situation de versement des dividendes à l’Etat par les SP et les SPP (2014-2020).
L’Onatel avalé par les concurrents
Selon toujours lui, l’Onatel a été avalé par ses concurrents. Ses services ne sont pas bien appréciés par la plupart des clients et n’en consomment plus. Ce qui fait que sa santé financière est au bord du gouffre.
Selon Charles Ndagijimana, l’ADG de la Socabu, les causes des faibles performances enregistrées par les sociétés publiques ou à participation publique sont nombreuses. Il affirme que la plupart des responsables des sociétés publiques ou à participation publique ne parviennent pas à assurer un bon management. Ils participent souvent à la malversation des trésors des sociétés qu’ils dirigent.
L’anarchie dans le recrutement, un autre grief
De surcroît, on recrute pêle-mêle suite à l’influence du monde extérieur. Ce qui fait qu’il s’observe dans la plupart de ces sociétés des employés qui sont comme des statues car ils n’ont rien à faire. Les activités qui devraient être exécutées par une personne sont attribuées à trois personnes. Par exemple, il fait remarquer que la Socabu dispose de 170 employés. Néanmoins, il indique qu’il y a une maison d’assurance privée qui dispose de 30 employés, mais qui a le même chiffre d’affaires que la Socabu. Ce qui montre qu’une partie du personnel est payée pour ne rien faire. Selon toujours lui, dans les sociétés privées, le personnel signe des contrats de performances basés sur le résultat. Si tu n’atteins pas ton objectif, tu es remercié. Nonobstant, cela ne se fait pas dans les sociétés publiques. Ce qui fait que le niveau des performances reste faible, poursuit-il.
La pénurie des devises, un défi majeur
Un autre défi non négligeable auquel sont confrontées ces sociétés est le manque de devises. L’exemple qu’on a soulevé est celui de la Brarudi qui a besoin de beaucoup de devises pour importer les matières premières et payer les dividendes au groupe Heineken. Selon Ndagijimana, la Brarudi est sensée payer ces dividendes au groupe Heineken en devises chaque année. Toutefois, suite à la pénurie des devises, la dette auprès de cet actionnaire principal s’alourdit davantage. Ce cadre de la Socabu s’inquiète du fait que cela fait que la Brarudi ne parvient pas à satisfaire le marché. Un autre défi qui fait que les sociétés publiques n’enregistrent des progrès est que l’Etat ne soutient pas énergiquement les sociétés dans lesquelles il a investi.

CPG Alain Guillaume Bunyoni, premier ministre : « Certains responsables des sociétés publiques se disent que la chose publique est à gaspiller et que l’Etat ne périclite pas ».
La malversation tend à se généraliser
Alain Guillaume Bunyoni, premier ministre affirme que l’Etat n’a pas bien accompagné les sociétés publiques ou à participation publique pour qu’elles puissent enregistrer des avancées et promet de changer cette attitude. Il se réjouit du fait que les responsables de ces sociétés affirment qu’ils ont participé à cet échec. Ils se sont méconduits. Actuellement, certains d’entre eux se disent que la chose publique est à gaspiller et que l’Etat ne périclite pas. Ils n’innovent pas pour permettre aux sociétés qu’ils dirigent de se développer. L’exemple évoqué est celui de la Regideso. Selon lui, il peut passer 4 mois sans recouvrer l’argent qu’on lui doit. De plus, on n’a pas encore distribué des compteurs cash power à tout le monde pour éviter que les dettes s’accumulent. Raison pour laquelle la plupart des ministères ne sont pas encore servis. Selon lui, c’est un constat amer qui tend à se généraliser au niveau des sociétés publiques ou à participation publique.
Bunyoni demande à ces responsables de changer de comportement pour relancer l’économie de ces sociétés. Il leur demande aussi de mettre en place des plans de redressement de leurs sociétés pour inverser la tendance. Et d’ajouter la comptabilisation de toutes les dettes que leur doit l’Etat pour les que celui-ci s’en acquitte. Il rappelle que si l’Etat a créé des entreprises, ce n’est pas seulement pour leur permettre de payer le personnel. C’est aussi pour générer des bénéfices et des dividendes. C’est aussi dans l’optique d’augmenter leurs capitaux et d’élargir leurs champs d’actions.
Notons que, sur la période allant de 2014 à 2020, 24 sur 36 sociétés publiques ou à participation publique ont pu verser à l’Etat un montant total de dividendes estimé à 152 685 877 805 FBu.
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