Le taux de pénétration d’internet reste très faible au Burundi par rapport aux autres pays. Le Gouvernement du Burundi soutient activement le projet ‘’Télécentres communautaires’’ pour rapprocher le monde rural les nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (TIC)
Le Burundi comptait 824.251 internautes en 2017, soit un taux de pénétration de 9,1% contre 1,8% en 2014. Au niveau mondial, le taux de pénétration d’internet est d’à peu près de 50% tandis que pour le continent africain il tourne autour de 30%. Le chiffre d’affaires des services liés à l’internet était estimé à 14,08 milliards de FBu la même année. Ces données ont été présentées lors d’un atelier sur l’état des lieux des TIC au Burundi animé à Gitega le vendredi 07 décembre 2018. Contrairement à la téléphonie mobile qui a un taux de pénétration de 51,81%, l’internet, introduit au Burundi depuis 1996, reste un canal de communication limité aux centres urbains. Bien plus, le secteur des télécoms qui est devenu un maillon important pour le développement semble être sous exploité. Sa contribution au PIB du Burundi n’était estimée qu’à 2,37% en 2013 contre 3,39% en 2014, d’après les données consultables sur le site de l’Agence de Régulation et de Contrôle des Télécommunications (ARCT). Nonobstant, le secteur des TIC reste le deuxième contribuable en termes de recettes fiscales.

Mme Espérance Niyonzima, Directrice Générale (DG) des TIC au ministère de la Jeunesse, des Postes et des TIC : « Le Télécentre communautaire met à la disposition du citoyen les services tel que l’internet, le scanning, le call-box, l’hébergement des pages web, etc. »
Le gouvernement avait pris les devants depuis 2011
Le gouvernement du Burundi a pris conscience depuis quelques années de l’importance des TIC dans le développement du pays. C’est pour cela que dès juillet 2011, il a adopté une politique nationale de développement des TIC avec la vision d’en assurer l’accès universel pour accélérer la croissance économique. L’adoption de cette politique s’était matérialisée par la création d’une Direction Générale des TIC intégrée au ministère de la Communication le 21 novembre 2011. Un des mesures phares que cette direction s’applique à mettre sur pied est l’implantation des Télécentres communautaires pour réduire la fracture numérique entre les milieux rural et urbain.
Qu’est-ce qu’un Télécentre communautaire?
Le Télécentre Communautaire est une infrastructure commune dispensatrice de services de télécommunications, informatiques et internet à partir d’un terminal mis à la disposition d’une communauté. C’est un projet s’identifiant à un cyber café public que la Direction Générale des TIC pilote depuis 2014. La différence est que le privé installe son cyber café là où il sait qu’il va y avoir des clients disposant de moyens pour acheter ses services. L’Etat, par contre, installe un Télécentre communautaire là où le privé n’ose pas aller peut-être parce que les gens n’ont pas assez de moyens pour s’offrir ses services, c’est-à-dire en milieu rural généralement. Ce projet ayant un caractère social, l’Etat essaie de diminuer le prix pour qu’un grand nombre de citoyens puisse avoir accès aux TIC.
Le Télécentre communautaire met à la disposition du citoyen les services tel que l’internet, le scanning, le call-box, l’hébergement des pages web, etc. A travers ce projet, l’Etat veut apporter les TIC à ceux qui, de par leur situation géographique ou financière, n’y ont pas accès, a indiqué Mme Espérance Niyonzima, Directrice Générale (DG) des TIC au ministère de la Jeunesse, des Postes et des TIC.
Graphique représentant les services offerts par les Télécentres communautaires

Deux Télécentres déjà fonctionnels
Ce projet a été lancé en 2014, mais les réalisations vont au rythme de la disponibilité et de la consistance du budget. Depuis le début du projet, deux Télécentres ont été déjà installés, un à Rumonge et un autre à Bubanza. A cette fin, l’Etat avait disponibilisé un montant de 28 millions de FBu. Ayant constaté finalement que ce projet marche bien, il a porté l’enveloppe à 56 millions de FBu en 2018. Le budget pour le Télécentre de Mwaro s’étant révélé insuffisant, une partie de ce montant servira à le compléter tandis qu’une autre partie servira à la mise sur pied de celui de Karusi. Les privés ont aussi apporté leur concours au projet. Ainsi, BBS, l’entreprise fournissant internet a offert 2 mégabits à durée indéterminée aux Télécentres déjà existants, mais aussi à ceux qui seront créés.
Des mesures d’accompagnement pour pérenniser le projet
Pour que les Télécentres fonctionnent bien, il faut définir les responsabilités des uns et des autres en ce qui concerne leur gestion. C’est prévu que le ministère en charge des TIC signe une convention de gestion avec la province bénéficiaire. Cette dernière met à la disposition du projet le local, la sécurité ainsi que l’électricité. Le bénéficiaire, à son tour, élabore une convention de rétrocession à une Association Sans But Lucratif (ASBL) qui se charge de la gestion quotidienne de cette infrastructure. La mise sur pied du Fonds de Service Universel (FSU) en octobre 2017 est une autre mesure prise pour réduire la fracture numérique entre les milieux urbain et rural. A ce propos, le président du FSU, Ambassadeur Willy Nyamitwe a annoncé que ce fonds va soutenir substantiellement le projet d’implantation des Télécentres.
De larges perspectives en ligne de mire
Pour atteindre une grande partie de la population nécessiteuse comme le préconise la DG des TIC, tous les efforts devront être conjugués. La mise en place du FSU répond bien à cet objectif. Cela est d’autant plus vrai que parmi les défis auxquels le projet des Télécentres est confronté figure en bonne place le manque de moyens financiers. En 2025, on voudrait bien les avoir installés aux chefs-lieux de toutes les provinces dans un premier temps et par après dans toutes les communes. Pourquoi pas sur toutes les collines du pays ?, a indiqué Mme Niyonzima.
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