Transport

Transport en commun : le désordre renait de plus en plus chez les conducteurs

Les conducteurs des bus faisant le transport en commun en mairie de Bujumbura commencent à ne plus respecter les axes, les arrêts bus et les terminus. Les passagers estiment que le travail des membres des associations mixtes de sécurité était nécessaire pour coordonner ces conducteurs. Ils demandent qu’ils soient remplacés par les forces de l’ordre pour une bonne gestion des gares routières, des arrêts bus et des terminus 

Il est 16 heures 50 minutes lundi le 5 juin 2021 à l’arrêt bus de l’ex-marché central de Bujumbura, côté desservant l’axe Nord de la capitale économique Bujumbura. Les files d’attente commençaient déjà à se former à l’axe Carama au moment où sur les autres axes, les bus étaient en attente des clients. Certains gros bus « James Transport » qui, d’habitude, effectuent le trajet Centre-Ville-Bujumbura-Carama déviaient sciemment de trajet pour aller soit à Mutakura, soit à Kamenge, un trajet estimé court. D’autres préféraient prendre l’axe Rubirizi où le prix du ticket est élevé, soit 200 FBu de plus que sur l’axe Carama.

Les membres des comités mixtes de sécurité observent impuissamment cette situation. Pourtant, explique un passager, autrefois, ceux-ci dictaient aux conducteurs des bus la direction à prendre. Les autocollants collés sur ces bus pour montrer l’axe à desservir facilitaient la mobilité. Malheureusement, continue-t-il, ils ont été découragés par les autorités habilitées qui les accusaient de manquements dans l’accomplissement de leur tâche.

Certains des membres des comités mixtes de sécurité appartenaient à des associations que le ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique accusait de voleurs. Celles-ci collectaient des cotisations dans les arrêts bus et les lieux publics contrairement à la loi.

Les passagers estiment que la présence des forces de l’ordre induirait une bonne organisation des gares routières, des arrêts bus et des terminus. Cela au moment où certains conducteurs affichent un comportement qui défavorise les passagers.

Ces calculs des conducteurs, des gestes qui ne facilitent pas la mobilité

« Maintenant, si je dépasse 16 heures sans aller prendre le bus à la gare routière de l’ex-marché central, j’attends 19 heures 30 minutes ou 20 heures pour aller le prendre sans attendre longtemps », fait remarquer Ferdinand Ndikumana, habitant à Carama au Nord de la capitale économique Bujumbura.

Alexis Karangwa, habitant à Kanyosha au Sud de la capitale économique lui, se dit déstabilisé par le débarquement et l’embarquement des passagers en désordre que font les conducteurs des bus pendant les heures de pointe. «Les conducteurs ne considèrent plus les premiers passagers sur les files d’attente et embarquent les passagers dans le désordre. Ce qui occasionne des bousculades et des risques de vols», indique-t-il avant d’annoncer que ce n’est pas pour demander la réhabilitation des membres des comités mixtes de sécurité. Ceux-ci n’étaient pas aussi, selon toujours lui, des anges. Plutôt, les forces de l’ordre le feraient mieux à leur place, certifie-t-il.

« Les conducteurs n’arrivent plus à destination à la 18ème avenue du quartier Kinanira II. Cela surtout aux heures de pointe. Il arrive même qu’ils ne respectent pas les arrêts bus », déplore Francine Kanyamuneza, habitant à Musaga au sud de la capitale économique.

Un chauffeur de gros bus faisant le trajet Centre-Ville-Carama informe que les conducteurs affichent ce comportement pour gagner à la fois le temps et l’argent.

« Même les passagers le font.  A Carama par exemple, les passagers embarquent dans le gros bus par défaut des bus Coaster. Si celui-ci est à l’arrêt bus, ils préfèrent y embarquer avant pour esquiver le gros bus. Ils font savoir que cela leur permet d’arriver tôt à destination », explique-t-il.

Des textes rangés dans le tiroir

Cependant, une étude du plan d’actions pour la mobilité urbaine durant la période de 2018-2025 a été validée le 20 février 2018 par différents intervenants dans le secteur du transport.

Celle-ci avait été commanditée par le ministère des Transports. Elle avait pour objectif de rendre possible le développement du transport en Mairie de Bujumbura et pour servir de référence à l’organisation du transport dans les autres centres urbains.

L’étude indiquait que les autobus et les autocars dont la majorité était destinée au transport en commun ne représentaient que 4, 1% du parc automobile burundais. La comparaison de l’offre et de la demande de transport en commun montrait qu’il y avait une demande réelle de 58% (utilisateurs de bus et minibus) et une demande potentielle de 27% (marche à pied). Un total donc de 85% de demandes à satisfaire contre une offre de 4,1%. D’où un déficit de moyens de transport en commun. Ce qui expliquait les longues files d’attente aux heures de pointe.

L’étude recommandait que dans le transport des personnes, les bus de grande capacité desserviraient les principaux axes. Cela afin de déplacer un grand nombre de passagers. Les minibus desserviraient à leur tour les quartiers périphériques où n’arrivent pas les grands bus. La condition posée par l’étude était l’aménagement approprié des gares routières et des arrêts bus.

L’étude proposait enfin l’installation d’une gare routière dans chaque quartier. Celle-ci allait servir de terminal pour les bus.

Au mois de mars 2017, une commission interministérielle avait été mise en place pour étudier le problème de la mobilité. Jusqu’aujourd’hui, les conclusions du rapport du travail de la commission n’ont pas été communiquées au public.

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A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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