Société

Travail des enfants, une malheureuse réalité

La pauvreté qui sévit depuis plusieurs années au Burundi à laquelle s’est ajoutée la conjoncture socio-politique avec ses retombées sur le revenu national des populations a jeté bon nombre d’enfants sur le marché du travail. Des enfants, encore mineurs optent pour le travail comme stratégie de vivre. Burundi Eco est allé à la rencontre de ces enfants. Des témoignages qui font froid au dos

Ils sont âgés de 7 à 17 ans. Bon nombre de ces enfants se retrouvent dans les ménages comme domestiques, vendeurs ambulants, laveurs de véhicules, chauffeurs de taxi-vélos, filles de ménage… Leur point commun, ils sont venus dans la ville de Bujumbura en quête d’une vie meilleure. Didier, du haut de ses 13 ans, exerce le commerce ambulant des œufs et des arachides pour le compte d’une famille qui habite à Kamenge.  « Le matin, je me lève pour chercher les œufs et les arachides chez les grossistes.  Je les prépare pour qu’ils soient prêts pour la consommation et je les range dans les palettes pour commencer à les vendre dans la rue jusqu’au soir », raconte-t-il. Il s’en suit la chasse aux clients dans les différentes rues de Bujumbura et dans les buvettes.

Le travail des enfants dans les ménages constitue une violation des droits de l’enfant

« J’ai abandonné l’école parce je suis orphelin. Actuellement, je suis vendeur ambulant des œufs pour essayer de survivre. Mon petit frère travaille quant à lui dans les mines d’or de Cibitoke. Nous travaillons donc tous les deux pour aider notre famille à survivre », raconte Bruce, 14 ans, rencontré au quartier Mirango II de la zone Kamenge. Ce gamin affirme que d’autres petits de sa colline natale sont dans le commerce ambulant des chaussures ou des vêtements.

Paterne, 13 ans, habite quant à lui dans la zone Bwiza. Il indique qu’il va à l’école deux fois par semaine. « Le reste des jours, je viens à la station d’essence de Kanyosha pour laver les véhicules car je ne peux pas aller à l’école le ventre vide », ajoute-t-il.

Les associations engagées dans la défense des droits de l’enfant tirent la sonnette d’alarme

Pour la Fédération Nationale des Associations engagées dans le Domaine de l’Enfance au Burundi (FENADEB), certains enfants chassés de chez eux par la misère comme les orphelins vivent en grande partie dans la rue et doivent par conséquent trouver des stratégies pour survivre. Les enfants constituent généralement une main d’œuvre peu coûteuse, gratuite ou payée en dessous des minima et exemptée des charges sociales. C’est aussi une main d’œuvre rentable acceptant des tâches subalternes refusées par les adultes. Beaucoup de personnes profitent de cette main d’œuvre facilement exploitable, sans défense et beaucoup moins chère. Ce sont ces avantages qui font persister le travail des enfants.

Selon les données recueillies lors du rapport sur la « Troisième Enquête Démographique et de Santé 2016-2017 », les enfants de 5 à 17 ans, soit 31% de cette partie de la population ayant moins de dix-huit ans exercent des tâches domestiques sur des rythmes que même les adultes ne tiennent pas. Ce qui est considéré comme « dangereux » pour la santé d’un enfant, lequel ne doit pas dépasser un ratio de vingt heures par semaine de labeur. La même enquête révèle une grande disparité selon les provenances. Les enfants issus des milieux ruraux sont plus exposés à ce phénomène que ceux des villes. L’étude montre que seuls 8% des enfants nés dans les milieux urbains sont touchés contre 33% venant des campagnes. Et les grandes villes sont effectivement les lieux où cette réalité est plus prononcée. L’Unicef et l’Institut des Statistiques et Etudes Economiques du Burundi (Isteebu) ont mené une étude sur cette thématique dans quatre grandes agglomérations burundaises, à savoir : Bujumbura, Gitega, Ngozi et Rumonge. 19.031 cas d’enfants en situation de travail ont été recensés.

Que dit la loi ?

Article 545 du Code pénal : Quiconque a utilisé un enfant, à des travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à sa santé, à sa sécurité ou à sa moralité, est puni d’une servitude pénale de trois à cinq ans et d’une amende de 50.000 FBu à 100.000 FBu. Ces peines sont portées au double lorsque l’infraction est commise par un ascendant légitime, naturel ou adoptif ou par toute autre personne ayant autorité sur la victime. Ou lorsqu’elle est commise par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteurs ou de complices.

Article 558, du même code : Quiconque soumet son enfant à des traitements cruels, inhumains ou dégradants est puni d’une servitude pénale de trois ans à cinq ans et d’une amende de 50.000 FBu

 

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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