Les organisations de la société civile servent de tremplin au développement et jouent le rôle d’alerte en cas de besoin. Malgré cette situation, elles sont confrontées à certains défis. Ce sont entre autres le manque de financement, le fait de confondre leur rôle jusqu’à se mêler de la politique, etc. Cela ressort de l’exposition organisée par l’Union Européenne au Burundi sur la contribution des organisations de société civile à l’amélioration des conditions de vie des communautés et à la promotion de la bonne gouvernance. Et la délégation de l’UE au Burundi affirme qu’elle dispose de 2 millions d’euros pour appuyer les OSCs.

Claude Bochu, ambassadeur de l’UE au Burundi : « Le rôle de ces OSCs est crucial dans le développement du pays ».
L’UE au Burundi en collaboration avec le gouvernement a procédé jeudi le 30 septembre 2021 à l’inauguration de l’exposition sur la contribution des organisations de société civile (OSCs) à l’amélioration des conditions de vie communautés et à la promotion de la bonne gouvernance. Après avoir passé en revue les réalisations de 26 OSCs, Claude Bochu, l’ambassadeur de l’UE au Burundi s’en réjouit. Il a fait savoir que le rôle de ces OSCs est crucial dans le développement du pays. Certaines d’entre elles génèrent même des devises dont le pays a besoin. De plus, elles jouent le rôle d’alerte en cas de besoin. Malgré leur importance, l’UE au Burundi indique qu’au cours des dernières années, la participation et les capacités techniques, financières et humaines des OSCs se sont affaiblies. Au-delà de ces faiblesses, elles affichent parfois une image négative. L’UE s’inquiète même que d’importantes réalisations au service du quotidien des Burundais ne sont pas visibles. Face à ce constat, l’UE au Burundi souhaite qu’on inverse la tendance en sensibilisant le grand public à travers cette exposition qui met en évidence les bonnes réalisations des OSCs. Claude Bochu a fait remarquer que l’UE au Burundi dispose d’une enveloppe de 2 millions d’Euros pour appuyer les activités OSCs.
Cette sensibilisation n’est pas la première du genre
L’UE a fait savoir que cette sensibilisation n’est pas la première qu’elle organise. A sa première édition, elle laisse entendre que 26 actions couvrant les thématiques du Plan National de Développement (PND) ont été sélectionnées par l’Union européenne. Les domaines qui ont été pris en compte sont entre autres la santé, l’agriculture, la sécurité alimentaire, l’environnement, l’éducation, l’employabilité, la lutte contre les violences faites aux femmes, la protection sociale, le développement rural et la gouvernance. Les premières associations mises en avant dans l’édition 2021 ont été sélectionnées selon leur domaine d’intervention et leur typologie. Ainsi, plus de 33% d’entre elles sont de petites OSCs communales. 30% sont de grandes OSCs lorsque 30% autres ont travaillé ou travaillent actuellement avec l’Union Européenne dans le cadre de ses programmes. L’UE reconnait que le Burundi compte des milliers d’OSCs. Pour cette raison, elle compte organiser chaque année un tel événement. Elle tranquillise les OSCs qui n’ont pas été choisies en 2021. Selon elle, elles pourront être appuyées lors des prochaines éditions.
Une exposition organisée dans le cadre du programme DUKURIRE HAMWE
Selon toujours l’UE, cette exposition a été organisée dans le cadre de son Programme d’Appui à la Société Civile du Burundi dénommé « DUKURIRE HAMWE ». Son objectif est d’accroître la résilience des OSCs burundaises et leur contribution en termes de réponse aux besoins de la population, notamment au niveau communautaire. Et de renchérir que cela se fait à travers le renforcement des capacités des OSCs et de leur structuration. De plus, c’est donner aux OSCs les outils de pouvoir participer activement à la planification, à la mise en œuvre et au suivi du développement local à travers le Plan Communal de Développement Communautaire (PCDC). Pour cela, L’UE espère qu’elles contribuent au Plan National de Développement (PND) en coordination avec les autorités locales.
Le manque de financement, un casse-tête
Les représentants des OSCs qui se sont présentés à cette exposition affirment qu’elles ont un rôle primordial dans le développement du pays. Selon Albert Mbonerane, représentant de l’Action Ceinture Verte pour l’Environnement(ACVE), l’exemple d’une organisation de la société civile qui reste gravée dans la mémoire de beaucoup de gens est l’association Ligue Iteka qui est née dans les années 1990. Selon Mbonerane, les droits de l’homme semblaient être bafoués à cette époque. Selon toujours lui, cette OSC a beaucoup aidé les populations qui se sont adressées à elle. Et Mbonerane de faire remarquer que cette OSC a enregistré des succès. La raison de cette réussite est qu’auparavant les OSCs avaient des financements. Ce qui leur permettait de louer des bureaux, de payer les primes du personnel, de se payer le déplacement, etc. Nonobstant, Mbonerane s’inquiète du fait qu’aujourd’hui, le financement des OSCs constitue un casse- tête. « C’est pour cette raison que la plupart des OSCs naissent et disparaissent quelques jours après», déplore-t-il.

Albert Mbonerane, représentant de l’Action Ceinture Verte pour l’Environnement(ACVE) : « Les OSCs sont actuellement confrontées au manque de financement ».
L’OSC n’est pas un ennemi de l’Etat
Selon toujours cet environnementaliste, un autre défi est que certaines OSCs confondent leur rôle jusqu’à se mêler de la politique. «Une OSC n’est pas là pour être un ennemi de l’Etat. On fait plutôt le partenariat public-privé. Si on dit que dans cette loi tel article n’est pas respecté, les OSCs sont là pour dénoncer cela», éclaire Mbonerane. ll évoque cela en s’appuyant sur la théorie d’Albert Einstein qui dit que « le monde que nous vivons aujourd’hui est dangereux à vivre, non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui voient le mal qui se fait et se taisent».
Les OSCs servent de tremplin au développement
Me Prime Mbarubukeye, représentant de l’Observatoire National pour la Lutte contre la Criminalité Transfrontalière (ONCT) remercie d’abord l’UE au Burundi qui a organisé cette exposition. Selon lui, cette dernière sert de tremplin au changement des mentalités et de vision par rapport à la façon dont depuis 2015 les OSCs ont été indexées d’obédience politicienne alors qu’elles sont censées être des associations sans but lucratif, neutres et impartiales pour le développement intégral du pays. Selon lui, que cette exposition soit une occasion de redorer l’image des OSCs.
Les OSCs des personnes vivant avec un handicap ravies de cette exposition
Sophie Ntirandekura, membre de l’Union des Personnes Handicapées du Burundi (UPHB) se réjouit aussi de l’exposition organisée par l’UE au Burundi. C’est une occasion de faire connaître à la communauté tant nationale qu’internationale les actions des OSCs. A

Sophie Ntirandekura, membre de l’UPHB : « Les personnes vivant avec handicap ont besoin d’OSCs fortes qui se donnent corps et âme pour plaider en faveur de leur développement ».
cette occasion, elle lance un vibrant appel aux bailleurs de fonds pour qu’ils puissent appuyer les OSCs qui militent pour la promotion du développement des personnes vivant avec un handicap, car elles sont confrontées à beaucoup de défis.
L’Union des Personnes Handicapées du Burundi (UPHB) abonde dans le même sens. L’accès aux soins de santé adaptés et aux structures de santé reste très limité. Il est aussi déplorable que la naissance d’un enfant handicapé soit considérée comme une fatalité et constitue parfois une malédiction dans la plupart des ménages. Les personnes vivant avec un handicap ne sont pas bien considérées dans les communautés. «Quelquefois, on les taxe de maudits. Elles ne se sentent pas libres et fières de ce qu’elles sont et de ce dont elles sont capables. D’où un sentiment d’auto-discrimination», déplore cette organisation de la société civile. Elles sont généralement pauvres, manquent de tout et leur voix ne porte pas loin. Elles ne maîtrisent pas les dossiers, car elles ont un très faible niveau d’instruction. La plupart des personnes vivant avec un handicap sensoriel fréquentent encore timidement l’école suite au manque d’outils pédagogiques adaptés à leur handicap. Pour toutes ces raisons, l’UPHB fait savoir que les personnes vivant avec handicap ont besoin d’OSCs fortes qui se donnent corps et âme pour plaider en faveur de leur développement.
Parfait Mugisha, représentant de l’association Tuvurwe Neza remercie lui aussi l’UE au Burundi pour avoir organisé l’exposition des réalisations de certaines OSCs. A cette occasion, il a fait savoir que leur association implantée à Nyabiraba a été créée pour promouvoir la santé de la population. «Les habitants de Nyabiraba faisaient plus de 60 km à la recherche d’une structure de soins», indique Mugisha. Pour le moment, la situation a changé. La population de Nyabiraba trouve facilement là où elle peut se faire soigner. Il a précisé qu’on accueille plus de 12 000 patients par an. Mugisha demande alors aux bailleurs en général et a l’UE au Burundi en particulier d’appuyer les initiateurs de cette structure de soins pour agrandir sa capacité d’accueil.
Le chef de cabinet du maire de la ville de Bujumbura se réjouit des réalisations des OSCs au Burundi. Selon lui, c’est une réalité qu’elles sont à l’œuvre pour développer le pays. Il est fier du fait que les OSCs commencent à comprendre qu’elles ne sont pas là pour combattre le gouvernement. C’est plutôt pour contribuer au développement du pays. Il demande alors à l’UE au Burundi et aux autres bailleurs de continuer à les appuyer.
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