La part sociale de l’Etat dans la Société Sucrière du Moso (SOSUMO) va chuter et passer de 99% à 46,32% contre 53,68% pour les actionnaires privés. Cela signifie que la gestion de cette société sera désormais dans les mains des privés dans l’optique de la redynamiser
Le projet de loi portant changement du mode de gestion et de la structure du capital social de la SOSUMO a été adopté à l’unanimité par l’Assemblée Nationale lundi le 19 novembre 2018. Il est constitué de 4 articles dont les deux premiers intéressent les lecteurs. L’article 1 stipule que le changement du mode et de la structure du capital de la SOSUMO est autorisé. L’article 2 stipule que ce changement consiste à moderniser ou à redynamiser cette société en vue de l’augmentation de son potentiel productif.
Selon Jean Marie Niyokindi, ministre du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, la stratégie de redynamisation de cette société consistera à trouver les moyens financiers pour rétablir la situation de l’entreprise et à remettre en bon état les installations de l’usine. Elle consistera aussi à augmenter la superficie des plantations pour permettre une augmentation de la capacité de production et à mettre en place un bon plan de gestion des ressources humaines.
Le besoin de 20 millions de dollars américains
En effet, le rapport d’audit organisationnel et économique a estimé à 20 millions USD les besoins de financement de la SOSUMO pour son programme de réhabilitation, d’extension et de modernisation. Ainsi, la nouvelle structure du capital social sera de 46,32% pour l’Etat et 53,68% pour les privés. Niyokindi fait savoir que le mode de gestion va changer.Le directeur général sera nommé par les privés car ce sont eux qui auront une grande part sociale dans cette société. A ce sujet, il tranquillise la population et le personnel de la SOSUMO qu’il n’y aura pas des mesures qui seront prises par ces privés en leur défaveur comme la hausse du prix du sucre, le licenciement abusif… Le regard de l’Etat restera projeté sur la façon dont la SOSUMO sera organisée.
L’exemple que Niyokindi donne est la BRARUDI où l’Etat détient 41% des parts sociales. Pourtant, elle ne revoit pas régulièrement à la hausse les prix des boissons comme elle veut. Il doit y avoir un consensus. Malgré cette petite part sociale que le gouvernement détient dans cette société, les relations sont bonnes et cette dernière contribue pour beaucoup à l’augmentation du PIB. « Nous voulons que la SOSUMO lui emboîte le pas et soit organisée de telle sorte que la structure du capital lui permette de fonctionner comme une industrie sucrière compétitive », précise Niyokindi. Pour arriver à ces résultats, la bonne gestion s’impose.
Le privé va réussir
Niyokindi a la ferme conviction que le privé enregistrera des succès par rapport aux gestionnaires nommés par le gouvernement qui ne visent que leurs intérêts. L’exemple qu’on a mis en exergue est le montant de 8 milliards de FBu qui a été affecté à l’achat des pièces de rechange qui n’ont jamais été utilisées. Selon lui, ils passaient les commandes alors que l’entreprise n’en avait pas réellement besoin. Avec les privés à la tête de l’organisation et le président du conseil d’administration nommé par l’Etat, il fait savoir que ce genre de magouille sera évité. De plus, les gestionnaires de la SOSUMO ont accordé des salaires colossaux au personnel de cette société, ce qui a handicapé sa contribution au PIB. Selon Niyokindi, le gestionnaire privé va résoudre ces problèmes qui handicapent le fonctionnement de la SOSUMO afin d’augmenter le rendement et satisfaire le marché local.
Malgré ces défis, la production de la SOSUMO tourne actuellement autour de 23 000 tonnes de sucre par an sur 20 000 tonnes de capacité installée de l’usine.
Evolution de la production de la SOSUMO en chiffres au cours des 9 dernières années
Année |
Superficie récoltée en ha |
Récolte canne à sucre en tonnes |
Production sucre (tonnes) |
Résultat net en millions |
2010 |
2198 |
132 764 |
14 138 |
754 |
2011 |
1859 |
164 490 |
18 967 |
2984 |
2012 |
1676 |
206 883 |
20 501 |
3845 |
2013 |
1820 |
220 326 |
23 149 |
4009 |
2014 |
2246 |
239 519 |
25 802 |
5267 |
2015 |
2549 |
206 644 |
21 521 |
1807 |
2016 |
2537 |
213 130 |
23 012 |
4048 |
2017 |
214 833 |
23 848,30 |
22 075,15 |
|
2018 |
210 604 |
7 385 |
12 969 |
Néamoins, comme l’offre du sucre est inférieure à sa demande (35 000 tonnes), le Burundi importe chaque année une quantité de sucre nécessaire pour pouvoir combler le déficit d’environ 15 000 tonnes. La redynamisation de la SOSUMO lui permettra alors de produire jusqu’à au moins 35 000 tonnes de sucre nécessaire par an pour satisfaire la demande intérieure du pays.
Niyokindi fait remarquer que la SOSUMO a débuté ses premières plantations en 1982. En 1988, au moment de sa première campagne, elle disposait de 1149 ha aménagés. Au 31 mai 2009, elle a atteint une superficie emblavée de cannes de 2 920 ha. L’objectif était d’atteindre 3200 ha récoltables chaque année. Elle dispose d’un chiffre d’affaires de 31 146 000 000 de FBu et 21 450 actions. Chaque action coûte 1 452 027 FBu.
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