Spéciale femme

WISE, pilier de l’entrepreneuriat féminin

A l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, il est judicieux de porter le regard sur l’entrepreneuriat féminin. La microfinance Women’s Initiative for Self Empowerment encadre les femmes membres des Groupes de Caution Solidaire et/ou des Coopératives. De surcroît, elle a initié pas mal d’initiatives pour améliorer l’accès des femmes aux produits financiers. Burundi Eco a rencontré son directeur général qui parle des innovations apportées en matière d’autonomisation financière de la femme

La mission principale de l’institution financière WISE est la promotion de l’entrepreneuriat et surtout la promotion de l’autonomisation de la femme burundaise. En d’autres termes, sa mission première est de permettre à la femme burundaise d’avoir accès aux services financiers et non financiers afin d’améliorer ses conditions de vie, explique Mme Nadine Mutabaruka, directeur général de Women’s Initiative for Self Empowerment (WISE)-Microfinance. 

Mme Nadine Mutabaruka, directeur général de WISE-microfinance : « La politique générale de WISE, comme de toute autre institution financière est d’appuyer la population à faibles revenus avec un accent particulier sur la femme »

Cependant, WISE n’est pas une institution financière exclusive aux femmes comme certains le croient. Les hommes bénéficient également des services offerts par WISE.  D’ailleurs, celle-ci dispose de personnes de sexe masculin parmi ses clients, nuance-t-elle. 

Comment accéder au crédit chez WISE ?  

Pour avoir un crédit, l’emprunteur doit nécessairement avoir un compte courant fonctionnel domicilié chez WISE.  De plus, il faut satisfaire à certaines conditionnalités. D’abord, le partenariat entre le client et l’institution financière doit être confiant pour pouvoir accéder au crédit. En second lieu, les bénéficiaires des crédits doivent présenter des projets a priori générateurs de revenus. 

En effet, le projet permet de déceler qu’après sa réalisation, le(s) bénéficiaire(s) du financement peut garder un certain montant après avoir remboursé le crédit. L’idéal est que l’emprunteur puisse changer sa vie quotidienne, évoluer au niveau de son projet, pourquoi pas penser à de nouveaux projets s’il a dégagé assez de résultats concrets. 

Le taux d’intérêt oscille entre 5% et 15% selon le cas

Dans la plupart des cas, les taux d’intérêts sont considérés par les économistes comme une entrave à l’accès universel des services financiers. Pour Mme Mutabaruka, les taux d’intérêt et de remboursement restent modérés chez WISE. La politique générale de WISE comme toute autre institution financière est d’appuyer la population à faibles revenus avec un accent particulier sur la femme. A cet effet, les taux d’intérêt s’adaptent aux différents produits financiers. Ils ne sont pas standards et sont plutôt fonction du type d’épargne ou de crédit que le bénéficiaire sollicite. Le taux d’intérêt débiteur appliqué sur les crédits varie entre 10% et 15% par an contre 5-8% par an pour les intérêts crédits appliqués sur les dépôts. En décembre 2018, le taux de remboursement des crédits qui dépasse 90%. 

 « L’Union fait la force »

La majorité de la population vit de l’agriculture et de l’élevage. La femme rurale reste au cœur de la production agricole en exerçant les travaux champêtres. Pourtant elle n’est pas épargnée par les contraintes financières. L’institution financière WISE a développé des stratégies pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin. Ainsi donc, WISE encadre les femmes membres des groupes de caution solidaire. 

L’éducation financière est l’un des services non financiers que WISE accorde à sa clientèle. Elle essaie de sensibiliser la population du monde rural, surtout la femme rurale à se regrouper en associations ou en coopératives pour pallier à la problématique de garantie. Comme la plupart d’entre elles ne sont pas alphabétisées, elles peuvent s’entraider et pouvoir mener à bien leurs projets étant ensemble. A titre illustratif, dans la province de Bubanza, les femmes bénéficient des financements consistants pour acheter des intrants agricoles. De plus, elles sont à mesure de rémunérer les ouvriers agricoles. De même, WISE encadre les groupements des femmes qui exercent le petit commerce dans six communes de la province Kayanza. Les petits groupes de caution solidaire (GSC) permettent à la femme burundaise d’avoir accès au crédit indépendamment des barrières qui peuvent surgir pour l’empêcher d’accéder au financement. 

L’approche affiche des résultats probants  

Les crédits s’octroient par cycle. Les montants augmentent d’année en année en fonction du degré de remboursement (du 1er cycle jusqu’au 6ème cycle). A la fin du 6ème cycle, les emprunteurs sont déjà habitués à gérer les crédits et maîtrisent d’ores et déjà les techniques d’épargne. Les membres peuvent prétendre à un crédit individuel pour réaliser des projets de grande envergure par rapport aux projets qu’elles réalisaient en groupe. Il importe de souligner que les bénéfices dégagés au niveau des coopératives sont ensuite déboursés pour acheter de nouveaux lopins de terre, du bétail, qui constituent à leur tour des garanties pour demander de nouveaux crédits au niveau du 6ème cycle de financement, insiste Mme Mutabaruka.

Les membres des coopératives agricoles de Bubanza ont bénéficié de décortiqueuses de riz sur financement de WISE. La réduction des intermédiaires au niveau de la chaine de production du riz présente un double avantage. Les riziculteurs bénéficient des sous-produits issus du décorticage mais économisent les frais engagés initialement dans cette activité. La marge bénéficiaire 

Le directeur général de WISE reste optimiste que l’autonomie financière de la femme burundaise s’installera un jour au niveau les familles. Toutefois, il faut un peu de temps pour une forte sensibilisation pour que les institutions financières offrent plus de produits financiers spécifiques au profit de la femme burundaise. Les produits classiques offerts par les établissements financiers ne suffisent pas pour asseoir l’autonomisation financière de femme, laisse attendre Mme Mutabaruka. C’est pourquoi trois nouveaux types de produits innovants spécifiques aux femmes sont sous étude et seront vulgarisés d’ici peu, révèle le patron de WISE. 

Elle invite les élites féminines à prendre les devants de la scène. Elles doivent avoir toujours à l’esprit que l’assistance apportée à autrui profite à la fois aux familles et au pays. Comme le monde évolue vite, les femmes instruites sont appelées à soutenir celles qui n’ont pas eu la chance de fréquenter l’école pour qu’elles puissent se rattraper. 

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Faire respecter les prix : Une mission impossible

Faire respecter les prix : Une mission impossible

Au mois de décembre dernier, un ultimatum de 15 jours a été donné au ministère en charge du commerce par le Président de la République du Burundi pour faire face aux défis liés à la spéculation sur les prix. Cependant, les prix n’ont pas été fixés dans le délai imparti. Ce n’est que le 27 mars 2025, trois mois après, que la ministre en charge du commerce a signé une ordonnance fixant les prix minimums et maximums d’une trentaine de produits de première nécessité tels que le riz, les haricots, la viande, la farine de maïs, les pommes de terre, etc.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 655

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

  • éditorial

    Faire respecter les prix : Une mission impossible

    Faire respecter les prix : Une mission impossible

    Au mois de décembre dernier, un ultimatum de 15 jours a été donné au ministère en charge du commerce par le Président de la République du Burundi pour faire face aux défis liés à la spéculation sur les prix. Cependant, les prix n’ont pas été fixés dans le délai imparti. Ce n’est que le 27 mars 2025, trois mois après, que la ministre en charge du commerce a signé une ordonnance fixant les prix minimums et maximums d’une trentaine de produits de première nécessité tels que le riz, les haricots, la viande, la farine de maïs, les pommes de terre, etc.
  • Journal n° 655

  • Dossiers Pédagogiques