Genre

Y aura-t-il des femmes pêcheurs un jour au Burundi ?

Des femmes exerçant des métiers qui étaient jadis considérées comme étant réservés exclusivement aux hommes, il y en a beaucoup au Burundi. Mais on n’a jamais entendu parler ou vu une femme pêcheur. Pourquoi les femmes burundaises n’ont jamais tenté d’exercer ce métier ?

Aucune femme burundaise n’a jamais exercé le métier de pêcheur.

Sur le littoral du lac Tanganyika, au port de pêche de Rumonge, des personnes de tous âges s’entrecroisent. Des enfants se baignent dans le lac Tanganyika et d’autres s’exhibent sur la plage. On pouvait remarquer également des personnes exerçant différents métiers autour du port de pêche de Rumonge. Des bateaux de pêche sont éparpillés un peu partout le long du lac. Des pêcheurs apprêtent leurs matériels de pêche. Ils réparent leurs bateaux et les filets, car la trêve allait expirer ce jour-là. Ils devraient recommencer la pêche le lendemain.

« Visiblement tu es nouvelle ici, soyez la bienvenue », me dit un jeune pêcheur qui reparait un bateau. « Je veux apprendre à pêcher moi aussi », lui réponds-je. De ces taquineries naquit une longue discussion à laquelle tous les autres pêcheurs qui étaient autour participèrent.

« Tu serais la toute première femme à exercer ce métier au Burundi », répond un pêcheur, sourire aux lèvres. Et moi de lui prouver que les femmes burundaises ont fait preuve d’une capacité d’exercer les métiers qui étaient jadis considérés comme étant réservés aux hommes à maintes reprises. « Tu sais, notre métier demande beaucoup de forces physiques. C’est vraiment un travail purement masculin », explique-t-il. Aussitôt, une dizaine d’hommes portant un seul filet gigantesque pour le réparer passent à côté de nous. « Combien de femmes seraient-elles capables de soulever ce filet ? Et s’il était plein de poissons ? », demande un autre pêcheur plus âgé que le premier. « Tu sais, il faut l’admettre, ce n’est pas question de vous dénigrer. La pêche est un métier purement masculin. À regarder la tranquillité de ce lac à cette heure, on croirait que c’est une natte. Mais parfois il devient comme un monstre. Combien de femmes peuvent supporter les vagues de ce lac quand il est frustré ? », explique-t-il.

Il part des exemples concrets. « Nous autres on côtoie la mort chaque jour. On passe des nuits blanches dans le lac sans toutefois être sûrs d’arriver sains et saufs sur le littoral le matin. Parfois le déferlement des vagues, parfois il pleut beaucoup et on est obligé de se cacher dans les sacs. Je me demande comment on pourrait gérer cette situation étant avec les femmes. Sûrement, aucun mari ne souhaiterait avoir une femme pêcheur tout comme aucun parent ne pourrait le souhaiter pour sa fille. En tout cas, moi non. D’ailleurs, certains rites de la pêche interdisent aux femmes de s’approcher des bateaux dans certaines circonstances. Pire encore, d’exercer le métier de pêcheur », fait-il savoir.

Qu’en disent les concernées ?

Une femme vendeuse à laquelle il est demandé s’elle souhaiterait devenir pêcheur le nié avec toutes ses forces. « Je pourrais exercer toutes sortes de métiers, mais cela vraiment ça ne m’a jamais tenté », répond-t-elle. Selon elle, la seule cause de cette situation est qu’elle n’a jamais vu une autre femme au Burundi en train de pêcher. « J’ai entendu parler que les femmes de certaines tribus au Congo l’ont essayé, mais qu’elles rentraient toujours bredouilles. Elles n’attrapaient aucun poisson », fait-elle savoir, sourire aux lèvres.

Pourtant, si peu soient-elles, dans certains pays, surtout ceux de l’Afrique de l’Ouest, certaines femmes ont osé briser les barrières socio-culturelles. Malgré les préjugés et les stigmatisations de leurs pairs masculins, elles se sont lancées dans ce métier considéré par plus d’un comme un métier purement masculin. Les femmes burundaises y parviendront-elles un jour ?

                                                                                                        

 

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A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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