La culture du thé en Afrique de l’Est en général et au Burundi en particulier date de l’époque coloniale. Des initiatives pour développer cette culture ont été mises en place et ses effets économiques positifs se sont fait remarquer. Cependant, le monopole des grands acteurs ou le pouvoir politique a fait que le petit théiculteur n’en tire pas profit. Et dès que le secteur privé a reçu une place dans l’exploitation de l’or vert, le petit théiculteur se frotte les mains
« Au début des années 1960, on a introduit une sorte de reprise de la politique théicole dans le contexte de la diversification de l’économie tant nationale que familiale », expose Eric Ndayisaba, enseignant chercheur à l’ENS, Doctorant à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour/ Laboratoire LAM)
Deuxième source de devises du pays (18 % des exportations), le thé a connu en 2011 la plus belle saison de son histoire avec, d’une part, le meilleur niveau de production jamais atteint (près de 9 000 tonnes de thé sec) et, d’autre part, un prix intéressant aux enchères de Nairobi (2,16 euros par kg en moyenne sur l’année). Une combinaison qui a rapporté 19 millions d’euros de recettes d’exportation au pays en 2011, contre 13,7 millions d’euros en 2010. En outre, le thé burundais occupe, depuis 2011, la deuxième place en termes de qualité après le thé kenyan, parmi les onze pays d’Afrique de l’Est qui vendent ce produit aux enchères de Mombasa.
Difficile de l’appropriation communautaire de l’entreprise théicole
Ndayisaba a montré que le rôle socio-économique des petits producteurs est primordial. Cependant, depuis les années 1980, lit-on dans ses recherches, on a centralisé la filière thé et la bureaucratie publique a occupé tout le monopole. Le paysan ne comprenait pas pourquoi il devait cultiver le thé. L’arrivée d’un opérateur privé a stimulé l’Office du Thé du Burundi (OTB), l’entreprise publique jusque-là chargée d’assurer la production et la commercialisation du thé. La culture du thé attire les paysans aujourd’hui plus qu’hier, car avec la libéralisation de la filière en 2011, le prix au kilo de la feuille verte est passé de 0,14 à 0,25 $ aujourd’hui. L’entreprise publique de transformation et de commercialisation du thé a été obligée de revoir à la hausse le prix de la feuille verte, de peur que les paysans ne vendent toute leur production à la société privée.
L’expérience d’ailleurs
L’Afrique de l’Est est la deuxième région productrice mondiale du thé (12% de la production mondiale). Le Kenya vient en premier lieu. Il assure à lui seul 1/5 ème de la production mondiale, avec plus de 300 000 tonnes par an. Le thé nourrit plus de quatre millions de Kenyans. De sources officielles, le Kenya est qualifié, grâce au thé de pays de l’or vert. Selon l’agence Reuters, les prévisions de la valeur des expéditions de thé fixées par le directoire kenyan du thé pour 2018 sont estimées à 135 milliards de shillings (1,3 milliard de dollars US), soit 6 milliards de shillings de plus qu’en 2017. Cette progression en valeur, justifie le directoire national du thé, devrait être stimulée par une hausse des exportations due aux meilleures conditions météorologiques. « Toutefois de 1978 à 2008, les terres cultivables étaient exploitées par les politiciens et les grands hommes d’affaires », indique Chloé José Durant, vice-directeur de l’Institut Français de recherche en Afrique (IFRA), basé à Nairobi. Mais après la libéralisation de la filière thé et les grandes réformes qui se sont opérées dans ce secteur, le petit paysan en profite
Les chercheurs montrent qu’il y a encore des enjeux politiques autour de la culture du thé. Cependant, ils insistent sur l’importance indéniable de l’or noir. « Les petits producteurs doivent être mobilisés à la création des richesses et pouvoir ensuite en profiter », disent-ils
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