En marge de la célébration de la semaine de la diaspora, la rédaction du journal Burundi Eco s’est entretenue avec le président de la diaspora Burundaise. C’était dans le but d’évaluer la contribution de la diaspora au développement du pays. M. Japhet-Legentil Ndayishimiye dresse un bilan positif de cette activité et affirme que la diaspora contribue effectivement au développement socio-économique du pays. Cela passe par le transfert de fonds, l’investissement dans divers secteurs dont la santé, l’éducation ou encore des projets communautaires
La semaine dédiée à la diaspora Burundaise a été organisée du 24 au 27 juillet 2018 à Bujumbura. C’était une occasion d’or pour les Burundais de l’étranger de renouer les contacts avec les opérateurs économiques restés au pays. Ainsi, les cadres du gouvernement, les hommes d’affaires, les opérateurs économiques et les membres de la diaspora ont eu des échanges fructueux autour du thème : « Contribution de la diaspora au développement du pays ». Le président de la diaspora Burundaise M. Japhet Legentil Ndayishimiye affirme que l’activité a été couronnée de succès. Le bilan de la semaine dédiée à la diaspora est largement positif, soupire-t-il. L’évènement a connu une participation plus grande que prévue. « Sur 200 représentants pays prévus, environ 300 représentants venus de 26 pays ont répondu à l’appel. C’est une preuve que la diaspora Burundaise s’organise. Et le Burundi pourrait être un modèle en matière de coordination des activités de la diaspora », espère-t-il.
Comment la diaspora contribue-t-elle au développement ?
Les membres de la diaspora sont organisés au sein d’une plateforme internationale qui regroupe les Organisations Pays (OP). A cet effet, les membres des OP répartis à travers le monde contribuent au développement du pays. Ils initient et réalisent des projets orientés vers le développement communautaire, des projets individualisés (aide familiale, scolarisation des enfants, soins de santé) ou encore la réalisation des microprojets personnels notamment des firmes ou de petites sociétés personnelles.
Les Burundais de l’étranger ont réalisé pas mal de projets dans des secteurs diversifiés. Dans le domaine de la santé, ils ont érigé ou équipé des centres de santé. Un Burundais du nom d’Ernest Ndayishimiye établi en Europe a installé un centre médical dénommé « Lumière pour tous » à Kinama dans la commune urbaine de Ntahangwa. Le centre offre des services de médecine générale, la gynécologie, la pédiatrie etc. Il dispose d’un échographe et d’autres appareils utilisés au laboratoire.
Dans le secteur financier, le cas emblématique est la mise en place d’un établissement financier en l’occurrence la microfinance MUTEC. C’est un projet initié par l’homme d’affaire Jean Marie Rurimirije de la diaspora de Belgique. La microfinance revendique d’ailleurs le statut des banques commerciales. En plus de la création de l’emploi, l’institution participe à la croissance économique du pays à travers l’inclusion financière. Elle commence à conquérir l’intérieur du pays pour plus de performances.
Pourtant les projets de grande envergure nécessitent un investissement important. Les membres de la diaspora nouent des partenariats avec des investisseurs intéressés par les projets initiés dans les pays d’accueil. En 2009, les membres de la diaspora de Norvège ont réalisé un projet d’adduction d’eau potable pour 1 000 ménages vulnérables de la commune Butaganzwa en province de Ruyigi. C’était dans le cadre d’un accord de coopération signé 2 ans plus tôt entre la municipalité de Hå, la société IVAR IKS et l’université de Stavanger de Norvège et le gouvernement du Burundi sous l’égide de la diaspora. Le coût estimatif du projet était de 3 millions de couronnes norvégiennes soit près de 600 millions de FBu.
De plus, les membres de la diaspora investissent dans des activités génératrices de revenus dans le secteur agricole et le commerce. Ils construisent également des maisons modernes à Bujumbura ou à l’intérieur du pays sur leurs collines d’origine.
Un chiffre qui ne fait pas l’unanimité
Selon la Banque Mondiale l’apport de l’ensemble de la diaspora africaine est trois fois supérieur à l’aide au développement. Les données de cette institution de « Bretton Woods » démontrent que le Burundi reste un cas isolé. En 2016, la diaspora Burundaise a envoyé plus de 50 millions de dollars contre des centaines de millions USD d’aides fournis par l’Union Européenne. D’après la même source, le montant envoyé par un Burundais est en dessous de la moyenne des autres pays de l’EAC. En 2016, un Burundais a envoyé en moyenne 140 USD contre 1 448 USD pour un Tanzanien et 1 593 USD pour un Kenyan.
Ces données ne font pas l’unanimité. Le président de la diaspora Burundaise a une autre version. En 2012, on évaluait à 243 millions USD la contribution de la diaspora qui a été recensé au niveau de la Banque centrale. Avec l’augmentation des membres de la diaspora et des projets canalisés dans le pays, ce chiffre a été fortement augmenté. Il déplore le manque d’équipements pour recenser tout flux de transfert de fonds vers le pays par les travailleurs migrants. Le chiffre avancé par la BM reste trop estimatif et ne tient pas compte du circuit informel d’envoi de fonds, conclut-il.
Vers la coordination des appuis au développement
Néanmoins tout n’est pas rose au niveau de la diaspora. M. Ndayishimiye déplore le manque de coordination des interventions de la diaspora. Il n’est pas facile de discerner qui fait quoi. Ce qui rend difficile voire impossible d’évaluer avec exactitude l’apport réel de la diaspora au développement. Pourtant, il rassure que des tractations sont en cours pour essayer de donner une orientation à tout le programme de développement. L’autre problème évoqué est le manque de textes d’application de la politique nationale de la diaspora. Le président de la diaspora Burundaise laisse entendre que le document propose des pistes de solutions, mais des mesures d’accompagnent tardent à venir pour sa mise en œuvre effective.
Une étude réalisée par l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) propose des stratégies pour motiver les diasporas à contribuer au développement de leur pays d’origine. L’une des stratégies est l’instauration de la confiance entre les membres de la diaspora et le gouvernement. Dans leur analyse, les experts de l’OIM affirment que les gouvernements considèrent la diaspora comme une « vache laitière». Ils devraient par ailleurs privilégier un partenariat qui fonctionne dans les deux sens. Et ce partenariat doit être bâti sur une bonne communication et une confiance mutuelle. Peut-être que le Burundi pourrait tenter cette approche pour plus d’efficacité de sa diaspora.
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