Albert G. Zeufack, Directeur des Opérations à la Banque Mondiale (BM) en charge du Burundi, de la République Démocratique du Congo, de l’Angola et de Sao Tomé et Principe vient d’effectuer une visite officielle au Burundi. Lors d’une conférence de presse, il a livré ses impressions sur le travail de la BM au Burundi, l’impact de ses interventions, mais aussi la position de l’économie burundaise

Albert G. Zeufack, Directeur des Opérations à la Banque Mondiale (BM) en charge du Burundi : « Si nous ne travaillons pas rapidement au niveau de la mise en œuvre de ces projets, cet argent risque de retourner à la source ».
Nouvellement nommé à ce poste, il explique que l’objet de sa visite était de s’introduire et de discuter avec les autorités du Burundi du programme de la BM et surtout de les rassurer de l’engagement ferme de continuer à travailler avec le Burundi pour atteindre les objectifs de son développement. Les échanges ont également porté sur comment accélérer les projets soutenus et financés par la B.M, des projets qui sont susceptibles d’aider le pays à atteindre une croissance inclusive et une croissance soutenable pour qu’il puisse atteindre ses objectifs de développement.
Il annonce qu’il a discuté avec les autorités burundaises et les partenaires internationaux sur une meilleure coordination des activités et une meilleure cohérence de l’appui de la Banque Mondiale aux besoins de développement du pays. « Ce que le Burundi peut attendre de ma nomination est la volonté et la sincérité d’un fils de l’Afrique qui vient pour qu’ensemble, on change nos pays », déclare-t-il.
Le taux de décaissement des fonds de la Banque Mondiale reste faible
Le portefeuille de la BM pour le Burundi a augmenté de façon significative ces trois dernières années. L’enveloppe est de 1, 1 milliard USD pour le Burundi, mais cela ne signifie pas que c’est de l’argent qu’on a déjà donné au Burundi, explique Mr Zeucaf. Il s’agit des engagements que la Banque Mondiale prend pour financer des projets à cette hauteur-là. Le taux de décaissement pour les projets supportés par la Banque Mondiale est faible et le directeur des opérations de la BM au Burundi avoue que cela reste une préoccupation pour son institution. « Nous devons travailler avec les administrations au Burundi pour que les unités de gestion de ces projets soient très efficaces afin que la Banque Mondiale soit à mesure de décaisser cet argent. Si nous ne travaillons pas rapidement au niveau de la mise en œuvre de ces projets, cet argent risque de retourner à la source », indique-t-il.
L’économie burundaise est résiliente
L’économie burundaise est résiliente. Elle fait face à des chocs extérieurs de façon admirable et peut naturellement croître beaucoup. Mr Zeucaf explique qu’au niveau de la croissance, le Burundi peut croître à un taux beaucoup plus fort qui peut dépasser les 3% auquel le pays croit aujourd’hui.
Mais, il n’exclut pas qu’il y a des barrières qui font que l’économie du Burundi ne croisse pas suffisamment. Ce sont notamment le manque d’infrastructures adéquates, la faible productivité du secteur agricole qui emploie la majorité de la population, le manque de transformation structurelle de l’économie, c’est-à-dire le manque d’ajout aux valeurs des produits burundais avant leurs exportations, mais aussi le problème de gouvernance. « Si nous travaillons tous ensemble pour relever ces questions, nous pouvons amener le Burundi sur une trajectoire différente de croissance et s’assurer que le Burundi puisse croître à un taux plus fort et pourquoi pas à un taux à deux chiffres ». Mais surtout, cela demandera des réformes importantes surtout dans ces domaines.
Les projets de la Banque Mondiale vont réduire le poids de ces contraintes pour que la croissance soit plus forte, assure-t-il.
Une croissance économique obnubilée par la croissance démographique
Un autre défi souligné par l’économiste est la démographie. Le taux de croissance économique du pays s’évalue entre 2 et 3%. A l’opposé, la population burundaise croit à un taux supérieur à 3%. « Il n’y a pas de dividende à partager », fait-il savoir. Et pour que le citoyen lamda ressente les effets des interventions des partenaires techniques et financier du pays, il faut que la croissance économique soit de loin supérieure à la croissance démographique.
Pour cet économiste, accélérer la mise en œuvre des projets, accroître le taux d’exécution des projets est un agenda important pour que le Burundais lambda puisse ressentir les effets des financements de la Banque Mondiale dans son vécu quotidien.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.