Gouvernance

2 millions USD gelés par la Haute Cour du Kenya

La Cour Suprême du Kenya a ordonné le gel de 238 millions de shillings (2 millions USD) saisis par les douaniers de la Kenya Revenue Authority (KRA) à l’aéroport international Jomo Kenyatta (JKIA) le 17 février 2022 en provenance du Burundi. L’agence de recouvrement des Actifs Kenyan accuse le voyageur qu’il a tenté de ne pas déclarer les fonds  et dépeint un stratagème monétaire mené pour dissimuler les bénéficiaires, l’origine et la source de ces fonds    

238 millions de shillings (environ 2 millions USD) ont été saisis à un Kenyan en provenance du Burundi. La juge de la Cour Suprême, Esther Maina, a ordonné que l’argent soit gelé pendant 90 jours, à la suite d’une demande de l’Agence de recouvrement des actifs (ARA). Les documents déposés au tribunal montrent qu’une déclaration d’exportation  du Kenya vers le Royaume-Uni  avait été déposée auprès de l’expéditeur pour les 2 millions USD indiqués sous le nom de Brinks Kenya ltd tandis que le destinataire était indiqué sous le nom de Brinks Global Services UK. ARA a déclaré que l’argent provenait du Burundi et était destiné au Kenya, mais qu’il avait été intercepté alors que le voyageur tentait de l’expédier à Londres, sans être déclaré.

La Cour Suprême kenyane a ordonné que l’argent soit gelé pendant 90 jours, à la suite d’une demande de l’Agence de recouvrement des actifs (ARA).

Le colis nous appartient, dit la BCB

Après l’annonce de la saisie de cette somme par KRA, la Banque de Crédit de Bujumbura (BCB) a réagi. Il a informé que le colis lui appartient et qu’il s’agit d’une opération de routine. «Il s’agit d’une activité bancaire de routine : l’exportation des billets en devises  en vue d’alimenter  les comptes chez les correspondants pour, en fin de compte, pouvoir effectuer les différents ordres de paiement des importateurs et divers clients», lit-on dans un communiqué de la BCB».

Selon cette banque, cette opération régulière et autorisée par la Banque Centrale est assurée par une société de renom international.

La BCB et le transporteur du colis ne parlent pas d’une même voix

A son arrestation, le transporteur d’argent a expliqué qu’il a eu les 2 millions USD grâce à son commerce de vaches au Burundi. En s’amusant avec les calculs, pour avoir cette somme d’argent, il aurait vendu 1584 vaches (en considérant qu’une seule vache coûte 1262 USD soit environ 2,5 millions de FBu). Ce qui a laissé les autorités des douanes kenyanes en doute. Ses explications n’étaient pas convaincantes.

Ce qui a semé le doute dans l’opinion publique est de savoir pourquoi, le transfert du colis allait se faire clandestinement alors que l’opération était légale. Ou si, l’opération était assurée par une société de renom international comme dit la BCB, le transporteur serait un agent de cette société. Difficile de savoir plus. A la BCB, on fait silence radio.

Que dit la loi ?

La loi sur la réglementation de change signé le 17 septembre 2019, indique que l’importation et l’exportation des billets de banque en devises sont réservées aux banques sous réserve du respect de la loi portant lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Comme on lit dans l’article 10 de cette réglementation, les banques qui importent ou exportent des billets de banques en devises doivent déclarer à la BRB les sommes importées au plus tard le jour suivant l’encaissement ou le décaissement. En se référant à cet article, on ose croire que la BCB avait déclaré cette exportation  à la BRB.

Pourtant, les voyageurs se rendant ou venant de l’étranger doivent déclarer aux services des douanes les sommes en leur possession  en cash, si celles-ci dépassent 10 000 USD ou l’équivalent.

Plusieurs points de cette affaire restent toujours en suspens. Et, jusqu’à présent aucune déclaration de la part de la BRB ou d’une autre autorité habilitée n’a été faite sur le sujet.  Pour  Gabriel  Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME), les autorités burundaises devraient tracer les voies qu’a empruntées  cet argent. Pour lui, c’est  pratiquement incompréhensible que ce colis  passe à l’aéroport Melchior Ndadaye qui,  normalement, applique la réglementation internationale de contrôle des entrées et des sorties.

Pour rappel, lors du forum national sur le développement, les experts avaient recommandé la régulation forte des institutions financières et limiter le maximum possible le Forex dans les mains des particuliers.

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A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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