« Abafise inoti za kera, izariwe n’imbeba muze tubagurire (ceux qui détiennent les anciens billets ou ceux endommagés par les rats, venez, on va vous les changer, ndlr) »… Toute personne qui passe souvent autour de l’ex-marché central de Bujumbura aurait entendu au moins une fois cette phrase. Ce n’est pas sorcier, les anciens billets ou les billets endommagés par les rats font objet d’un véritable commerce
Dans le souci constant d’améliorer la qualité, la sécurité et la durabilité des signes monétaires, la BRB a lancé en mai 2019 de nouveaux billets améliorés de 500, 2.000, 5.000 et 10.000 FBu. Le papier fiduciaire et certaines sécurités des billets de 500, 2.000, 5.000 et 10.000 francs Burundi ont été améliorés.

«Les anciens billets et ceux endommagés par les rats sont échangés uniquement à la BRB et moyennant une décote de 5%»
Quand la Banque Centrale émet de nouveaux billets sur le marché, il accorde un délai aux détenteurs des anciens billets de les déposer auprès des banques, des institutions de microfinance et de la poste, qu’ils y détiennent des comptes bancaires ou pas, pour en assurer l’échange gratuitement.
Au-delà de cette période, les billets sont échangés uniquement à la BRB et moyennant une décote de 5%. Beaucoup de gens ignorent cette pratique et les plus malins profitent pour en faire du business.
Un commerce clandestin ?
Lors de notre passage à l’ex marché central, les changeurs ne se cachent pas. Certains ont même un micro haut-parleur pour attirer les clients. Un groupe de trois à cinq hommes viennent à notre rencontre croyant qu’on leur amène d’anciens billets. Mais lorsqu’on se présente comme journaliste avec nos cartes de presse et que nous leur disons que nous avons besoin que d’informations sur leur activité, ils changent de ton. On leur explique qu’on ne citera pas leurs noms et qu’on ne va les enregistre ou les photographier, mais ils refusent carrément et nous disent qu’ils ne parlent pas à des journalistes. Un jeune homme qu’a tenté de nous parler, mais ses amis lui ont fait signe de se taire. « La dernière fois qu’on a parlé à des journalistes, on nous a malmenés. Nous ne voulons pas nous causer des problèmes encore une fois », finit par nous expliquer le jeune homme sous le regard surveillant de ses amis. On a essayé de connaître qui les a malmenés, mais en vain. Pourtant, ce commerce se fait au vu et au su de tout le monde.
Que gagnent ces commerçants ?
Après quelques filtrages, certains ont pu parler mais avec des réserves. Normalement, un billet de 500 FBu est échangé à 350 FBu, celui de 2000 FBu à 1500 FBu, celui de 5000 FBu à 3500 FBu et celui de 10000 FBu à 7500 FBu. En général, ils échangent ces billets moyennant une décote de 25%. Ce taux peut être revu à la hausse ou à la baisse puisque le prix est fixé après discussion. Ces derniers les vendent à la BRB en encaissant un bénéfice de 10% sur chaque billet.
A la BRB, on dit que les portes sont ouvertes à n’importe qui qui veut rendre son billet endommagé contre un billet en bon état ou qui est en possession d’un ou plusieurs billets dont l’état physique fait obstacle à leur utilisation (tachés, abîmés, déchirés, partiellement brûlés…). La BRB rappelle au public que les anciens billets retirés de la circulation et même ceux de l’époque coloniale sont toujours échangés à la BRB avec une décote de 5%.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.