Economie

Assurances : Des agents généraux pour réduire et faciliter le processus d’indemnisation ?

La campagne de vulgarisation du Code des assurances révisé bat son plein. Environ cinq ateliers ont été organisés auprès des magistrats des cours et des tribunaux, des parquets et des Officiers de Police Judiciaire (OPJ) en province. Jean Paul Roux, consultant international en assurance apporte son analyse sur le secteur des assurances au Burundi. Il parle des avancées enregistrées, des défis ainsi que des perspectives d’avenir

Les articles 310 à 314 du Code des assurances tiennent compte de la sécurité et de la protection des plus démunis. Ce qui est une bonne chose, car la microassurance est un principe collectif, fait savoir Jean Paul Roux, consultant international en assurance.

L’assurance collective au profit des employés d’une institution, d’une microfinance ou des organisations professionnelles aura comme conséquence la réduction du coût de la prime, affirme M. Roux. D’habitude, les commerçants ne souscrivent pas à l’assurance des stocks de marchandises. Pourtant, la plupart des bâtiments sont normalement assurés par les propriétaires ou la Mairie.

Pour lui, la microassurance pourra changer radicalement cette situation par une assurance collective pour mutualiser les risques pour les petits commerçants. Elle concerne également le domaine agricole. Les paysans possèdent de petites exploitations agricoles (moins d’un hectare). Il est difficile voire impossible de faire assurer les cultures contre les pertes éventuelles de rendement suite aux aléas climatiques. Ainsi, la microassurance est une alternative à cette problématique par l’assurance indicielle.

Jean Paul Roux, consultant international en assurance : «La microassurance pourra changer radicalement cette situation par une assurance collective pour mutualiser les risques pour les petits commerçants».

Que faire pour simplifier les procédures d’indemnisations ?

Les sinistrés à juste titre se plaignent des retards de remboursement de la part des assureurs. Le Code se veut protecteur des biens et des personnes. Dr Joseph Butore, secrétaire général de l’Agence de Régulation et de Contrôle des Assurances (ARCA) n’y va pas par quatre chemins. «Le premier ennemi qui hante le secteur des assurances, c’est la malhonnêteté». L’ARCA recommande plus de transparence. C’est lors de la clôture de l’atelier de sensibilisation aux assurances qui a eu lieu mardi le 25 mai 2021 à Ngozi.

Le Code révisé vise à faciliter le règlement des sinistres, interprète Jean Paul Roux. Néanmoins, nuance-t-il, les conditions ne sont pas établies pour indemniser rapidement les victimes au Burundi. Il s’explique ! Il n’existe pas encore de constat à l’amiable au Burundi. En principe, cela implique la signature d’un contrat entre les parties (il faut avoir la latitude et la rapidité de déclarer la situation de sinistres matériels au lieu d’attendre l’intervention des forces de l’ordre). La police n’interviendra que pour les dommages corporels. Le fait de faire recours à la police à chaque petit litige retarde en soi les procédures d’indemnisation. De même, les compagnies d’assurance peuvent se chamailler car l’outil du constat amiable n’est pas là. On ne parle pas encore de l’Indemnisation Directe des Assurés (I.D.A.) qui permet à chaque compagnie de disposer d’un barème commun pour déterminer la responsabilité. Ceci existe depuis près de 60 ans ailleurs, regrette-t-il.

Introduction de la clause bonus-malus

D’une façon ou d’une autre, l’Etat fait son travail. Malheureusement, les compagnies ne suivent pas toujours le même rythme. Il y a de grands débats sur le constat amiable pour la raison simple : en l’absence de la police, les conducteurs peuvent frauder et faire de fausses déclarations. C’est aussi une question de prudence ! Pour surveiller ce genre de fraudes, Monsieur Roux propose aux compagnies d’assurances la clause bonus-malus qui récompense le bon conducteur et qui pénalise le conducteur responsable de l’accident. Dans ce cas, il faudra sensibiliser les conducteurs de bus, de taxi et de Tuk-Tuk. Bref, l’assurance a un rôle éducatif, moralisateur et surtout un rôle important de prévention. La décentralisation est également une approche pour régler les indemnisations le plus rapidement possible. Pour gagner ce pari, les assureurs doivent avoir un réseau d’agents bien formés installés au niveau des zones d’affluence pour recevoir leurs clients. En ce sens, le profil des agents généraux et les conditions d’accès à leurs fonctions sont cruciales.

Pourquoi des agents généraux ?

Lors des ateliers de vulgarisation du Code des assurances, le secrétaire général de l’ARCA a proposé la mise en place des animateurs communautaires dans le secteur des assurances à l’image des autres secteurs d’activité. Le Consultant Jean Paul Roux est du même avis. Notre interlocuteur rappelle qu’un agent général est un agent exclusif à une compagnie d’assurance au moment où les courtiers représentent plusieurs compagnies. Il a des compétences pour représenter une compagnie et souscrire aux deux types d’assurance, à savoir l’assurance vie et   l’assurance non vie. C’est un généraliste au vrai sens du terme, car il souscrit en même temps qu’il délivre des contrats d’assurance à restituer à la maison-mère. Ainsi l’agent général est en mesure de prendre la déclaration du sinistre, de la traiter, de missionner un expert et d’en assurer le suivi.

L’agent général doit également s’enquérir de la situation de réparation des dommages jusqu’ à la signature des dépenses d’indemnités. Il tient les états comptables qui répertorient les primes encaissées, les commissions et les sinistres payés. C’est une forme de décentralisation qui entraine à la fois la responsabilisation, la professionnalisation et l’efficacité. Dans ces conditions, l’ARCA reste le gendarme. Il a la lourde responsabilité de régulation et de contrôle. Aux yeux de Jean Paul Roux, les acteurs du secteur des assurances doivent mener un sondage d’opinion auprès des consommateurs des produits d’assurances. Cela permettra d’identifier les besoins et les attentes des populations et de les hiérarchiser par typologie de marché (Particulier – Professionnel et Entreprise)

Une approche purement participative

Dans le prolongement des Etats Généraux de l’Assurance tenus à Ngozi en Novembre 2018, des formations sont en cours à l’université du Lac Tanganyika. Le nouveau secteur de la microfinance amène de nouveaux acteurs qui ont besoin de renforcements des capacités. « Nous sommes partis des réalités du terrain pour élaborer des modules de formation répondant aux besoins recensés », indique Jean Paul Roux. Les acteurs économiques, à savoir : les banquiers, les assureurs et les institutions ont été impliqués dans ce programme ambitieux. Il s’agit d’un programme complet de 415 heures. Les cours se rapportent aux fondamentaux de l’assurance en passant par les techniques de souscription en vie et en non vie, la gestion des sinistres, la réassurance, l’évaluation des provisions techniques jusqu’au marketing client et la vente sans oublier la comptabilité, la gestion financière et l’audit. Les cours ont démarré le 15 mai 2021 pour prendre fin en mai 2022.

La rénovation du secteur de l’Assurance est en marche conclut M. ROUX. Il est aussi facteur d’emploi pour la jeunesse.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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