La Carte d’Assurance Maladie (CAM) n’est plus à 3000 FBu comme cela se passait dans le temps. Sa valeur a été ramenée à 25 000 FBu pour les ménages à revenu moyen et 100 000 FBu pour les ménages les plus nantis, soit une augmentation de plus de 800%. C’était dans le projet de loi budgétaire 2021-2022 adopté par l’Assemblée Nationale, le 14 mai 2021 et qui attend d’être promulgué. Pourtant, celle-ci a été initiée dans le but d’améliorer l’accessibilité financière des populations aux soins de santé. Les indigents bénéficieront des soins gratuitement
Domitien Ndihokubwayo, ministre des Finances, du Budget et de la Planification Economique a expliqué aux députés que la montée du prix de la CAM passant de 3000 FBu à 25 000 FBu voire 100 000 FBu est motivée par la pérennisation du programme et l’offre d’un bon service à la population.
Cependant, dans le contexte et la justification des modalités de mise en œuvre de la réorganisation de la CAM, l’accessibilité financière des populations aux soins de santé est un grand défi pour le système de santé.
« Une enquête menée par Médecins Sans Frontières (MSF) en 2003 a montré que 17,4% de la population burundaise n’avait pas accès aux soins de santé principalement pour des raisons financières (MSF 2004). Ce faible accès financier aux soins de santé est beaucoup plus marqué au niveau des secteurs informel et rural. Le secteur formel public et assimilés étant couvert par la Mutuelle de la Fonction Publique et le privé par des systèmes d’assurance maladie. Le corollaire de cette situation qui est le niveau de la plupart des indicateurs de santé est resté préoccupant malgré quelques avancées récemment enregistrées », lit-on dans le contexte et justification.

Pour améliorer l’accès aux soins de santé des populations du secteur informel, le gouvernement avait institué par l’ordonnance ministérielle n° 620/57 du 20 mars 1984 une carte d’assistance médicale (CAM).
Pour améliorer l’accès aux soins de santé des populations du secteur informel, le gouvernement avait institué par l’ordonnance ministérielle n° 620/57 du 20 mars 1984 une carte d’assistance médicale (CAM). L’acquisition de celle-ci était volontaire et ouverte à tout burundais âgé de 21 ans dont les activités relevaient du secteur informel.
La CAM donnait à son acquéreur et aux membres de la famille dont il a la charge, moyennant un ticket modérateur de 20%, le droit aux prestations de consultations médicales, soins médicaux et chirurgicaux, soins dentaires, soins de protection maternelle et infantile, soins prénataux, soins pendant et après l’accouchement.
En 2012, la CAM a été réorganisée. Elle donne à son acquéreur, à son conjoint et aux membres de sa famille encore mineurs, moyennant un ticket modérateur de 20%, le droit aux prestations de soins correspondant au paquet de soins disponibles au niveau des centres de santé publics ou agrées et au niveau des Hôpitaux de District. Elle était valable sur tout le territoire national et son coût annuel était de 3 000 FBu.
Désolation !
Selon Sylvain Habanabakize, porte-parole du Cadre d’Expression des Malades au Burundi (CEMABU), l’augmentation du prix de la CAM est une désolation, un sentiment d’angoisse et d’amertume.
Pour lui, l’expérience montre qu’il existe des personnes qui ne peuvent pas payer 3 000 FBu. Cela par manque de moyens financiers.
« Sera-t-il facile pour quelqu’un qui a manqué 3 000 FBu de disponibiliser 25 000 FBu ou 100 000 FBu pour se procurer de CAM ?», S’interroge-t-il avant de s’inquiéter de la façon dont on distinguera les ménages à revenus moyens et les nantis.
Le porte-parole de la CEMABU estime qu’il y aura un impact négatif en matière de réduction des assurés et des usagers de la CAM. Ce qui pourra occasionner la détérioration de l’état de santé de certains citoyens.
Et d’insister : « Que ce projet de loi ne soit pas promulgué et que l’Etat cherche à se financer dans d’autres secteurs que dans le secteur de la santé ».
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