La Banque de Crédit de Bujumbura (BCB) vient de mettre en place un nouveau modèle relationnel pour les PME et les commerçants par une prise en charge totale du client dans un espace dédié et avec des produits adaptés. A cet effet, mercredi le 9 mai 2024 a été une journée spéciale dédiée aux PME afin d’identifier les défis, partager l’expérience et proposer des améliorations. Les cérémonies se sont déroulées à Donatus Conference Center à Bujumbura, sous le thème : « Accompagnement des PME : Défis et Perspectives, Solutions et Innovations »

Photos de groupe
Selon M. Roger Guy Ghislain Ntwenguye, Administrateur Directeur Général de la BCB, la BCB a compris que le segment des Petites et Moyennes Entreprises (PME) est un tremplin de croissance. « C’est la raison pour laquelle la banque est prête à accompagner les PME, clients et non clients qui vont la solliciter », déclare-t-il avant d’annoncer que des démarches ont été simplifiées pour répondre le plus rapidement possible aux demandes.
L’ADG de la BCB déplore que les PME n’ont pas facilement accès aux financements. Pourtant, explique-t-il, le développement des PME est l’un des leviers pour stimuler la croissance.
« Pour relever ce grand défi qui ralentit la croissance économique, la BCB a mis en place un dispositif d’accompagnement des PME. Ce dispositif va nous aider à réaliser notre grande ambition de devenir la première banque au service des PME au Burundi », fait remarquer M. Roger Guy Ghislain Ntwenguye.
Et de renchérir : « Toutes les conditions sont réunies et la distribution des crédits en faveur des PME a déjà commencé dans nos Espaces Business, soit à l’Agence Centrale (Siège), soit à l’Agence Umugenzi (aux environs du stade Intwari) à Bujumbura, à l’Agence de Gitega et à l’Agence de Ngozi ».
Des produits adaptés au moment
L’Administrateur Directeur Général de la BCB rappelle que la banque qu’il gouverne est au service de l’économie Burundaise depuis 1922, soit plus de 100 ans.
« La BCB accompagne le segment des Particuliers, des Personnes morales, des Commerçants, des PME et des Grandes Entreprises, en leur proposant des produits adaptés et au bon moment », signale M. Guy Roger Ghislain Ntwenguye. Il souligne que dans cette optique d’améliorer en permanence la satisfaction des clients, plus de 32 points de vente (agences et guichets) sont installés dans tout le pays dont une Agence dédiée aux institutionnels, un Centre d’Affaires pour les grandes entreprises et les 4 Espaces Business.
Le patron de la BCB ne doute pas que la nouvelle stratégie en faveur des PME va contribuer également à la vision du Burundi d’être un pays émergent en 2040 et un pays développé en 2060.
« Le financement que nous accordons aux PME va créer des emplois et augmenter les recettes publiques. Celles-ci vont aider par la suite dans le développement des infrastructures… », martèle-t-il.
Types de crédits
Mme Aline Hategekimana, Responsable du segment des PME à la BCB a, quant à elle, montré les produits offerts aux PME tout en se focalisant sur les nouveaux produits répondant aux besoins des PME :
- le crédit BCB KIRUMARA individuel : une solution de financement destinée à un commerçant travaillant à titre individuel ou à une société unipersonnelle exerçant une activité commerciale.
- le crédit BCB KIRUMARA collectif : une solution de financement destinée exclusivement à un groupe de 5 commerçants exerçant leur activité commerciale dans une même localité et qui vendent les mêmes produits.
- L’avance sur stock : une solution permettant aux entreprises et aux commerçants de disposer de capitaux nécessaires au financement des besoins de stockage des matières premières ou des produits finis dans l’attente de leur écoulement. Les marchandises concernées par ce financement ne doivent pas être périssables à l’instar du riz, du café…
Mme Aline Hategekimana a signalé que la grande nouveauté des ces crédits est qu’ils n’‘exigent pas les garanties classiques (maison, etc).
Et de faire remarquer : « Aujourd’hui, tout est possible à la BCB. On peut contracter un crédit, il suffit d’avoir la facture, le bon de commande… ».

Roger Guy Ghislain Ntwenguye, Administrateur Directeur Général de la BCB : « La BCB a compris que le segment des PME est un tremplin de croissance. C’est la raison pour laquelle la banque est prête à accompagner les PME, clients et non clients qui vont la solliciter »
Une stratégie qui tombe au moment opportun
A l’occasion de la journée dédiée aux PME, un débat des intervenants dans le secteur privé et public a été organisé pour parler des défis, des limites et des améliorations.
Pour Mme Marie Muque Kigoma, Administrateur Directeur Général de Fruito qui opère dans le domaine agro-alimentaire depuis une trentaine d’années, les débuts pour créer une entreprise sont souvent difficiles.
« J’ai débuté mon entreprise en 1987. Les défis rencontrés étaient le manque d’informations, le manque d’équipements adéquats. La contraction d’un crédit nécessitait une garantie et beaucoup de procédures. Une fois le crédit obtenu, on était obligé de contribuer avec une participation de 20% ou 30%. Le taux d’intérêt bancaire était également trop élevé », témoigne-t-elle.
Mme Sabine Nakintije Bazirutwabo, Coordinatrice des programmes à la Maison de l’Entrepreneur (MDE) revient sur le cadre réglementaire restrictif et complexe (certification…), l’accès insuffisant aux ressources financières, un faible niveau de formation technique des entrepreneurs, la qualité des infrastructures…qui bloquent l’épanouissement des PME.
M. Désiré Rudaragi, chargé de l’inspection au Bureau Burundais de Normalisation et de Contrôle de la Qualité (BBN) indique les étapes pour certifier un produit. « Après l’introduction d’une demande de certification, les agents du BBN effectuent une descente sur le site pour constater la matière première utilisée (ingrédients), la main d’œuvre, la méthode de travail (plan de nettoyage et de maintenance), le matériel (emballages), le milieu de travail (environnement du travail, milieu d’implantation de l’usine). Puis, le comité de certification compare les résultats sur terrain et ceux du laboratoire », fait-il remarquer.
Toutefois, avoue M.Rudaragi, le BBN ne collabore pas avec les entrepreneurs qui travaillent dans l’informel.
Mme Béatrice Nzeyimana, coordinatrice du Projet pour l’Emploi et la Transformation Economique au Burundi (PRETE) dit que les entrepreneurs n’osent pas dire la vérité en ce qui est du chiffre d’affaire de leurs entreprises, du nombre des employés…Ce qui fausse les statistiques pour les appuyer.
M. Désiré Manirakiza, coordinateur du Projet d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes (PAEEJ) constate des limites pour promouvoir les PME. Il confirme que le Burundi n’est pas un pays traditionnellement business et qu’il n’a pas un coach en matière de business.
Et de regretter : « Une grande majorité d’entrepreneurs apportent les mêmes idées et tournent souvent les idées dans le domaine de l’agri-élevage. Cela au moment où la banque burundaise est élitiste ».
M. Manirakiza certifie qu’il n’y a pas de disponibilité des semences agricoles et d’élevage. « Il n’existe pas de centre-naisseur pour les poulets. Si quelqu’un veut l’initier, je doute que peu de banques peuvent s’engager pour le financer », s’interroge-t-il avant d’insister que les banques ne prennent pas le risque pour financer les recherches en matière d’entrepreneuriat.
Des innovations acclamées
« C’est la première fois que je vois une banque préoccupée par les intérêts des entrepreneurs », se réjouit Ange Muyubira, opérateur économique depuis bientôt 13 ans.
Je n’ai jamais, affirme-t-elle, participé dans des débats organisés par une banque comme vient de le faire la BCB. Cela afin d’améliorer l’accompagmenet des PME.
Abondant dans le même sens, Réverien Manirambona qui œuvre dans le domaine de l’imprimerie ne mâche pas les mots. « La BCB vient de franchir une étape que les autres banques n’ont pas encore franchi en nous livrant un espace d’expression de nos besoins », applaudit-il.
Kévin Rukundo, jeune entrepreneur de Kirundo au Nord-Est du pays atteste qu’il est l’enfant gâté de la BCB. Ayant bénéficié de pas mal de crédits à la BCB, ce jeune entrepreneur qui travaille dans le domaine de la construction se prépare à se confier aux nouveaux produits de la BCB pour importer un camion de marque « Ben ».
La stratégie de la BCB pour les PME est l’une des axes stratégiques du Plan Triennal de Développement 2022-2024.
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