Buja sans Tabou, édition 2020 : Quand le théâtre raconte les débuts de la ville de Bujumbura

Pour sa quatrième édition, l’univers théâtral « Buja Sans Tabou » s’est fixé un audacieux pari : raconter les débuts de la capitale burundaise en revisitant l’histoire des 7 premiers quartiers de Bujumbura. L’aventure a commencé par le quartier Bwiza, connu pour son ambiance et ses nuits animées. Ce lundi 17 février 2020, les hommes du théâtre s’étaient donnés rendez-vous au bar 5/5, une des premières buvettes de Bujumbura

Il est 18h 45min à la 4ème avenue de Bwiza. Devant le bar 5/5, les gens se pressent pour entrer.  Beaucoup parmi eux sont des expats. Inhabituel pour ce bar connu par ses lundis méchants. A l’entrée, la sécurité est stricte, certes il y a des diplomates à l’intérieur venus assister à la présentation de la première des pièces théâtrales préparées par Buja Sans Tabou. « Théâtre et Histoire », tout le monde veut savoir comment sont nés les premiers quartiers de Bujumbura. Bwiza est à l’honneur ce soir du 17 février et le bar 5/5 plein comme un œuf.

Après les bars dans la précédente édition, place à l’Histoire

Vouloir intéresser le grand public au théâtre en se produisant dans des endroits autres que les salles de spectacle était un pari audacieux pour le festival Buja Sans Tabou. Une aventure que Freddy Sabimbona, directeur artistique de Buja Sans Tabou et ses compagnons ont voulu entamer et ont réussi. Dans cette nouvelle édition, l’équipe veut parler de l’Histoire. Revenir aux origines, à la genèse de ces quartiers que cette grande plaine de Bujumbura a vu sortir de terre au fil du temps.

La troupe théâtrale « Ouf » a permis aux spectateurs de découvrir, à travers les anecdotes, l’histoire de la création et l’évolution du quartier Bwiza

« Vu le succès de la troisième édition avec cette formule de théâtre qui va vers les gens, nous nous sommes dit « Allons plus loin, tiens ! Allons jouer dans les quartiers », relate Freddy. Mais en pensant aux quartiers, des questions se posaient : quels quartiers ? Pourquoi choisirait-on tel quartier et pas tel autre ? Et plus on se posait des questions, plus on cheminait vers la question même de l’existence des quartiers à Bujumbura. Quels ont été les premiers quartiers à être construits à Bujumbura ?

L’histoire de Bujumbura, poursuit M. Sabimbona, est quand même assez sensible selon qu’on est dans un quartier ou un autre au regard  de ce qui s’est passé au Burundi. C’est dans ce sens-là que Buja Sans Tabou a travaillé avec les historiens, les géographes, les écrivains, les auteurs, des metteurs en scène et toutes les personnes qui connaissent  l’Histoire de Bujumbura, ses anecdotes, pour avoir et à la fois une dimension historique, humaine et artistique de la ville.

Bwiza, comme on ne l’a jamais connu

Jean de Dieu Kaluya est né à Bwiza en 1950. Orateur de ce « lundi méchant », il a vu le quartier naître. Avant l’indépendance, Bwiza s’appelait « Camp Belge » et les gens aimaient l’appeler Beleshi. Il était habité en grande partie par les Congolais. L’ambiance était toujours électrique, les bars ouverts du matin au soir surtout les weekends.  Son plus grand souvenir, la paix qui régnait à Bwiza. Des anecdotes de cette période, il y en a à gogo. « Les Burundais avaient peur de Bujumbura parce qu’ils avaient des croyances négatives sur le lac Tanganyika. D’où ils avaient élu domicile sur les contreforts de la ville », narre-t-il.

« Kambe », la pièce théâtrale a été composée en s’inspirant de ces histoires. Jouée par la troupe « Ouf », le public aura connu les petites histoires qui ont marqué ce quartier. De l’arrivée des Pères Blancs en passant par l’arrivée des premiers Congolais et les premiers métissages à la suite des mariages, les Burundais se sont au fil du temps familiarisés avec les Congolais. Mettant à part leurs différences, les premiers habitants de Bwiza ont su cohabiter pacifiquement et développer un quartier cosmopolite qui garde toujours son côté mixte de population.