Les femmes commerçantes des pagnes au marché dit Chez Sion disent faire face à des prix élevés pour le dédouanement de leurs marchandises. Elles affirment que le prix de dédouanement des pagnes pour entrer au Burundi avoisine au prix d’approvisionnement. Une situation qui ne les arrangent pas dans leur business. Elles disent travailler à perte
Le marché Bujumbura City Maket (BCM) dit chez Sion est réputé pour la vente des pagnes surtout en provenance de la République Démocratique du Congo (RDC). La majeure partie des commerçants de ces pagnes sont des femmes. « A la frontière burundaise, les coûts de dédouanement des pagnes sont énormes. Ces coûts sont semblables aux coûts d’approvisionnement en ces pagnes », fait savoir Jeanne Ndayikengurukiye, une vendeuse de pagnes au BCM depuis bientôt 5 ans.
Selon différentes commerçantes avec lesquelles nous nous sommes entretenus, un pagne dit Gashwashwa qui se vend entre 21 mille FBu et 22 mille FBu est dédouané entre 8500 FBu et 8700 FBu. Cela au moment où ce pagne est acheté à 10 mille FBu en RDC (3, 5 USD). Faisant face au manque de devises sur le marché officiel de la BRB, ces femmes font savoir qu’elles se tournent vers le marché parallèle. « En ajoutant les coûts de transport de la frontière de Gatumba jusqu’au marché Chez Sion, on a un bénéfice de plus ou moins 1000 FBu », explique une vendeuse de pagnes avant d’ajouter que c’est encore pire lorsque le taux de change est plus élevé. On gagne moins 1000 FBu. « Là, vous constatez qu’on travaille à perte ». Selon une autre commerçante, la hausse des frais de douane a été fait progressivement. « Avant, on dédouanait les pagnes Gashwashwa à 8000 FBu », précise-t-elle.
Pour la protection de l’industrie textile locale ?
Selon la plupart des vendeuses de pagnes, les coûts élevés de dédouanement sont dûs au protectionnisme. Les autorités veulent protéger l’industrie textile locale, révèle N. J « Le gouvernement veut nous imposer de vendre seulement les pagnes de l’Afritextile mais les clients ne les achètent pas. Ils jugent de bonne qualité les pagnes en provenance de la RDC. Ce sont les clients qui imposent notre offre », explique-t-elle. Et d’ajouter: « Et si les clients préfèrent telle marque par rapport à telle autre marque? Nous commerçantes, nous nous alignons sur ce que les clients veulent ».
Ces dédouanements élevés sont à la base des fraudes qui se font dans le commerce des pagnes en provenance de la RDC. « Les commerçants ayant de petits capitaux préfèrent ne pas passer sur les frontières connues pour éviter de dédouaner leurs marchandises. Souvent, ils sont arrêtés et vous comprenez que leur business en pâtit parce que les marchandises sont saisies ».
Des risques de perte de marchandises
Ces femmes indiquent qu’elles font face des fois à la perte de leurs marchandises parce qu’elles ne se rendent plus en RDC pour s’en approvisionner. « Avec les frais exigés pour le dépistage du Covid-19, on ne se rend plus en RDC parce que ce seront des coûts additionnels qu’on ne peut pas supporter à chaque voyage », indique R. D. Des réseaux d’intermédiaires ont été développés depuis Uvira jusqu’à Bukavu. « Nous transférons notre argent aux fournisseurs se trouvant à Bukavu via les téléphones mobiles. Puis ils transfèrent les pagnes à un intermédiaire se trouvant à Uvira. C’est ce dernier qui achemine par la suite ces pagnes vers la frontière de Gatumba où nous allons les récupérer. Selon elle, il arrive que les marchandises disparaissent dans la nature. Les risques sont énormes. Les commerçantes des pagnes appellent le gouvernement à revoir à la baisse les coûts de dédouanement.
Le manque de clients s’invite
Après la mesure de délimitation des espaces d’accès pour les tricycles et les deux roues en mairie de Bujumbura, ces commerçantes se plaignent de ne pas avoir des clients. « Ceux qui venaient s’approvisionner en différents articles ne viennent plus actuellement », informe Evelyne Niyonkuru, vendeuse de pagnes tout en ajoutant que tout un avant-midi peut se passer sans qu’elle vende aucun pagne.
Même son de cloche chez Nkurunziza, vendeuse de fruits et légumes. Cette dame précise qu’un sac d’oignons qu’elle écoulait dans deux jours est actuellement écoulé en une semaine. « Nos clients prenaient des vélos et des tuk tuks après l’achat de différentes marchandises mais, actuellement, ils seront obligés de prendre des taxis-voitures ». Il est difficile pour les gens ne possédant pas leurs propres véhicules de venir s’approvisionner à ce marché. Mme Nkurunziza ajoute également qu’elle enregistre un manque à gagner dans le transport de ses marchandises. « Du marché de Ngagara où on s’approvisionne en fruits et légumes, on est obligé de prendre des taxis-voitures voitures alors qu’auparavant, on se rabattait sur les vélos qui étaient moins chères.
Elle demande aux autorités habilitées de surseoir à cette mesure.
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