Les commerçants œuvrant au Marché Bujumbura City Market « Chez Sion » sont dans le sauve qui peut. Ils ont observé du 25 au 26 janvier 2022 un mouvement de grève pour s’insurger contre la hausse des frais de location des échoppes dès le mois de janvier de cette année. Une hausse qu’ils jugent exorbitante. Ils ne savent pas à quel saint se vouer
Nous sommes dans l’avant-midi du mercredi 26 janvier 2022. Au marché Bujumbura City Market (BCM), le mouvement n’est pas dense. La majorité des échoppes sont fermées. Bien cadenassées. Quelques échoppes sont ouvertes. Les hangars où se vendent les friperies et les viandes sont vides. Seuls vendeurs des fruits et légumes ont travaillé comme d’habitude étant donné que leurs produits sont périssables.
Les commerçants s’insurgent contre la hausse des frais de location des échoppes, la TVA inclue. Ils se lamentent du fait que la décision a été prise sans les consulter. Certains affirment même que le commissaire de ce marché ne reconnait pas le comité des commerçants ou tout autre représentation des commerçants. «Au mois de novembre 2021, nous avons vu des agents du marché afficher des communiqués nous annonçant la hausse des frais des stands dès le mois de janvier 2022», précisent certains commerçants avant d’ajouter qu’ils ont à leur tour adressé une correspondance au commissaire du marché lui demandant de surseoir à l’exécution de la décision, mais que la réponse a été non favorable.
« Des frais exorbitants qu’on ne peut pas accepter de payer »
La hausse des frais est différente selon les secteurs. Pour les vendeurs des viandes, les frais de location pour une place vont passer de 59 800 BIF à 82 500 BIF par mois, soit environ 38%, font croire les bouchers rencontrés sur place. Dans le hangar des vendeurs des fruits et légumes, la location d’une table va passer de 29 500 BIF à 41 800 BIF, soit 41%. Pour les vendeurs de Ndagala, les frais vont passer de 23 600 BIF à 35 400 BIF, soit 50%.
La location d’un magasin qui était à 413 mille BIF va passer à 710 mille BIF, soit 71 %, nous révèle un commerçant sur place. Une échoppe qui était à 94 400 BIF va être payée 175 mille BIF, soit 85%. Les commerçants des babouches hébergés dans de petits réduits qu’ils payaient 2 200 BIF chaque jour vont désormais payer 3700 BIF par jour.
Ces nouveaux prix sont jugés exorbitants par les concernés. «L’augmentation de plus de 70% est inacceptable », lâche un commerçant rencontré devant son stand. Et de demander : «Pourquoi prendre cette décision sans nous consulter, nous autres les concernés?». « Ce sont des prix qu’on ne peut pas accepter de payer », se lamente-t-il.
N. D, vendeuse de ndagala qui s’inquiète d’abord du manque des clients ne sait pas à quel saint se vouer. Un kilo de Ndagala s’achète actuellement à 40 mille BIF. Elle se demande comment nourrir ses enfants avec l’augmentation de 50% sur le loyer alors que par jour elle ne parvient même pas à vendre 4 kilos.
« Un ajustement des frais de location », se justifie BCM
Dans une correspondance adressée aux commerçants le 16 novembre 2022 leur annonçant la hausse des frais des loyers, l’administration de BCM annonçait que depuis l’ouverture de ce marché, des améliorations ont été faites notamment en ce qui est de l’assainissement et de l’hygiène, du réaménagement des stands, de la sécurité des marchandises et des voitures, etc. Cela engage des coûts additionnels du matériel et d’une main d’œuvre « de haut niveau » utilisés, lit-on dans cette correspondance.
« On a ajusté les frais les frais de location en considérant le pouvoir d’achat d’aujourd’hui », a précisé Joseph Dukundane, commissaire du marché BCM lors d’une conférence de presse organisée le 26 janvier 2022. Il a fait savoir que le réaménagement des frais de location a été fait en tenant compte des emplacements des stands, si le commerce y est florissant ou pas. Selon lui, les frais de location ont été réduits jusqu’à 50% dans les agences de voyage. « Personne ne chante cela », s’étonne-t-il
Joseph Dukundane explique que certains commerçants grognent parce qu’ils ne sont pas propriétaires directs des stands. Ce sont des sous-locataires qui paient des montants exorbitants qui n’entrent pas dans la caisse de la société BCM, plutôt profitent au premier locataire du stand. « Nous sommes en train de prendre des mesures tendant à bloquer les sous-locations ».
Cette explication ne convainc pas les commerçants. « Je ne suis pas un sous-locataire mais les frais de location de mon échoppe ont été rehaussés de plus de 85% », révèle J. P, un vendeur d’habits.
Un impact négatif sur le commerce transfrontalier
Cette grève de deux jours semble paralyser les petits commerçants Congolais qui s’y approvisionnent. Une femme qui venait de descendre d’un tuk-tuk chargé de cartons de jus produit au Burundi nous a confirmé qu’elle était obligée de se rabattre sur le marché « Cotebu ». Elle explique que les frais dépensés dans le transport jusqu’aux agences se trouvant au marché Chez Sion constituent un manque à gagner.
Les commerçants demandent aux autorités administratives de s’impliquer dans ce dossier pour lui trouver une solution adéquate.
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