Société

Bujumbura et d’autres centres urbains sous la pression des loyers en hausse

La flambée des loyers dans les grandes agglomérations burundaises, notamment à Bujumbura, met de nombreux locataires en difficulté, les poussant parfois à quitter leur logement faute de moyens. Face à cette crise, le gouvernement envisage des mesures de régulation des loyers pour protéger les locataires et encadrer le marché locatif.

Les prix des loyers s’envolent à Bujumbura ainsi que dans d’autres centres urbains du Burundi.

 

Dans plusieurs grandes villes du Burundi, notamment à Bujumbura, de nombreux locataires se trouvent confrontés à une flambée des loyers qui dépasse largement leur capacité financière. Cette situation alarmante pousse certains à quitter leurs logements faute de moyens suffisants pour continuer à payer le loyer, tandis que d’autres s’endettent ou acceptent des conditions de vie précaires pour éviter l’expulsion.

Les travailleurs à faibles revenus sont les plus touchés par ces augmentations abusives, qui ne sont souvent justifiées ni par des améliorations du logement ni par des facteurs économiques réels. De nombreuses familles peinent ainsi à trouver un logement abordable. Ce qui accentue la crise du logement et met en péril la stabilité sociale.

Un marché locatif en crise

Face à cette réalité, les locataires dénoncent les abus de certains propriétaires qui augmentent les loyers sans raison valable en profitant du manque de régulation. Ils interpellent le gouvernement burundais afin qu’il prenne des mesures concrètes pour réguler ce marché devenu inabordable pour une grande partie de la population.

La nécessité d’une intervention rapide se fait de plus en plus pressante. En l’absence de réglementation stricte, les pratiques abusives se multiplient comme l’éviction forcée sous prétexte de rénovations, uniquement pour relouer ensuite le logement à un tarif beaucoup plus élevé. Ce phénomène est particulièrement observé dans les quartiers en plein essor où la demande locative est forte.

Le gouvernement veut encadrer le marché locatif

Conscient de la gravité de la situation, le gouvernement burundais a annoncé son intention d’instaurer une régulation du marché locatif. Jérôme Niyonzima, secrétaire général et porte-parole du gouvernement, a récemment proposé des solutions visant à encadrer le secteur de la location immobilière. Parmi ces solutions, la formalisation des contrats de location chez un notaire est une piste à ne pas négliger. Cette initiative vise à garantir la transparence des accords entre propriétaires et locataires, à limiter les litiges liés aux augmentations abusives des loyers et à prévenir les expulsions arbitraires.

M. Niyonzima a insisté sur l’importance de mettre fin aux accords informels qui rendent la résolution des conflits particulièrement difficile. Ces propositions ont été annoncées lors d’une émission publique des porte-paroles de différentes institutions de l’Etat, qui s’est tenue à Rumonge le 28 mars 2025.

Cependant, le gouvernement reconnait que la mise en place de telles mesures nécessitera une réglementation claire et contraignante. Certains propriétaires continuent à user de stratégies discutables pour maximiser leurs profits, rendant ainsi la situation encore plus critique pour les locataires les plus vulnérables. Il arrive fréquemment que des occupants soient priés de vider les lieux sous prétexte de travaux de rénovation alors que l’objectif réel est d’attirer de nouveaux locataires prêts à payer un loyer plus élevé.

Vers la création d’une agence de régulation

Pour mieux encadrer le marché locatif, le gouvernement prévoit la création d’une agence de régulation et de contrôle des transactions immobilières (ARCTI). Cette nouvelle institution aura pour mission de surveiller le marché, de prévenir les hausses excessives des loyers et de garantir le respect des normes en matière de location. Grâce à l’ARCTI, un cadre réglementaire solide sera mis en place afin d’assurer une meilleure protection des locataires.

Pour de nombreux locataires, ces initiatives sont attendues depuis longtemps. L’inaction face à la flambée des loyers aggrave la précarité de nombreuses familles et alimente une instabilité sociale croissante. Conscient de l’urgence de la situation, l’Etat burundais semble désormais déterminé à instaurer un cadre juridique permettant d’assurer un équilibre entre les droits des propriétaires et ceux des locataires.

Si la mise en place de ces mesures se concrétise, elle marquera un tournant décisif dans la gestion du secteur immobilier burundais. Toutefois, leur efficacité dépendra de leur mise en application rigoureuse et du suivi par les autorités compétentes. Seule une régulation stricte et bien encadrée pourra garantir des conditions de logement dignes pour tous.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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Selon les récentes statistiques du Recensement Général de la Population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage de 2024, Bujumbura est la ville la plus peuplée avec 3 353 555 habitants, suivie de Gitega avec 2 118 551 habitants, respectivement capitales économique et politique du pays. Cette croissance démographique, observée d’année en année, est inégalement répartie : une grande partie de la population vit désormais dans les quartiers périphériques. Certains y voient une aubaine, notamment en ce qui concerne la disponibilité de la main-d’œuvre. D’autres, en revanche, perçoivent cette situation comme une menace évidente. Une ville surpeuplée, si elle n’est pas bien urbanisée, peut en effet devenir victime de graves problèmes environnementaux.

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