Un mois vient de passer après la réouverture des frontières entre le Burundi et la RDC. L’affluence au marché dit «Chez Sion» (fréquenté par les commerçants congolais qui venaient s’y approvisionner jusqu’à un passé récent) n’est pas encore au top. Le mouvement de retour s’enclenche timidement. Les agences de voyages restent fermées. Les vendeurs de légumes et de fruits, les restaurants-bars, les services de collecte des frais de location des échoppes enregistrent des pertes suite à cette situation
Nous sommes lundi le 28 juin 2021. Il est 10h au marché Bujumbura City Market, communément appelé « Chez Sion ». A l’entrée numéro 1 de ce marché, toute personne désirant entrer se lave les mains. Personne ne trompe la vigilance d’un jeune homme qui est là pour surveiller quiconque veut passer sans se laver les mains. On est dans la période du Covid-19 et le marché est le principal lieu de contamination.
Les agences de voyage restent fermées
Après la fermeture des frontières entre le Burundi et la RDC (mars 2020), toutes les agences de voyage reliant ces deux pays ont fermé leurs portes. Un mois après la réouverture des frontières, force est de constater que la majorité d’entre elles restent fermées. Les bureaux sont cadenassés d’ailleurs. Deux agences sont seulement fonctionnelles sur plus de 50 qui opéraient avant la fermeture. Le parking réservé au transport vers la RDC n’enregistre pas de mouvement. Une petite partie du parking est occupée par quelques taxis burundais (moins de dix) qui font le transport jusqu’à la frontière. Une autre grande partie est occupée par les véhicules des privés qui viennent s’y approvisionner.

Les commerçants congolais qui s’approvisionnaient au marché Bujumbura City Market ne viennent plus suite au coût de dépistage de Covid-19 jugé très élevé.
Les transporteurs dans le désarroi
Selon un responsable de l’une des agences qui sont fonctionnelles, il n’y a pas de clients. Les commerçants congolais qui venaient s’approvisionner chaque jour n’ont pas encore repris le chemin vers le Burundi. Il avance que les frais exigés pour le dépistage de Covid-19 pour entrer sur le sol burundais sont très élevés (30 USD, environ 100 mille FBu pour le certificat valide pendant 24h).
« Une telle somme n’est pas à la portée de tout le monde. Imaginez une commerçante qui a un capital de 100 USD qui vient s’approvisionner en légumes au Burundi et qui est exigé de payer 30 USD pour le dépistage du Covid-19 chaque fois qu’elle traverse la frontière, où va-t-elle trouver cet argent ? », se demande-t-il. Les commerçantes préfèrent arrêter leurs business ou se rabattre au Rwanda. Même les chauffeurs n’auront pas les moyens de payer chaque jour, précise-t-il.
Ce responsable d’une agence de voyage déplore que le certificat de dépistage de Covid-19 pour entrer au Burundi est conditionné par le paiement d’une telle somme alors qu’en RDC on exige 5 USD pour une validité de deux semaines.
Par mois, on pouvait enregistrer 3 millions de FBu mais, actuellement, on n’a même pas 200 mille FBu. Selon lui, les Congolais entrant actuellement au Burundi viennent pour les soins de santé et ils sont peu nombreux.
Des manques à gagner pour les commerçants burundais
Mme Niyonzima est une vendeuse de légumes et de fruits dans ce marché depuis 2013. Cette dame indique qu’elle n’a pas vu de changement même si les frontières entre le Burundi et la RDC sont rouvertes. « Lors de la réouverture des frontières, on était très content de retrouver nos clients congolais. Notre espoir est tombé dans l’eau. Ils nous ont téléphoné expliquant qu’on leur exige 30 USD pour passer la frontière », a-t-elle expliqué.
Cette mère de 4 enfants révèle qu’elle enregistre un manque à gagner non négligeable. Lorsque les commerçantes congolaises s’approvisionnaient dans ce marché, je pouvais engranger un bénéfice de 70 mille FBu par jour. Elles prenaient d’un coup les légumes (tomates, citrons, poivrons, oignons, carottes) pour 300 mille FBu. Je pouvais engranger un bénéfice de 20 mille FBu facilement dans un laps de temps mais, actuellement, ce bénéfice je l’engrange pendant toute une journée. Les légumes que j’écoulais pendant une journée, aujourd’hui je les écoule pendant deux jours.
Il en est de même pour la boucherie-cafeteria se trouvant au milieu du marché. Cette société qui a actuellement en son sein 3 employés comptait plus de 10 avant la fermeture des frontières. Selon la caissière, cette société enregistre actuellement un bénéfice de moins de 300 mille FBu par jour alors qu’elle enregistrait plus de 2 millions FBu lors que les congolais entraient facilement au Burundi. « On ne sait pas si les frontières ont été rouvertes », affirme la caissière.
Selon une source sur place, les services de collecte des frais de location des échoppes du marché Bujumbura City Market enregistrent aussi un manque à gagner suite au non approvisionnement des commerçants congolais à ce marché. « Par exemple, on ne fait pas payer les loyers des bureaux des agences de voyage parce qu’elles ne sont pas actuellement fonctionnelles.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.