Avec la loi des financements, exercice 2021-2022 qui est en préparation, le gouvernement du Burundi table une croissance économique de 3,6%. Selon les projections de la Banque mondiale, le Burundi pourrait enregistrer un taux de croissance de 2 % en 2021. Néanmoins, le Plan National de Développement 2018-2027 prévoit un taux de croissance annuelle moyen de 8,5%. Pour l’économiste Faustin Ndikumana, le Burundi peut s’inspirer de Singapour pour embrasser le chemin du décollage économique
Vendredi le 26 mars 2021 s’est tenu à l’Université du Lac Tanganyika une conférence-débat sous le thème : « Comment les miracles de Singapour peuvent-ils inspirer le Burundi ? ». Pour l’économiste Faustin Ndikumana, classé parmi les cinq derniers pays les plus pauvres au monde par la Banque Mondiale, le Burundi peut miser sur ses potentielles richesses naturelles pour se développer. Il possède des potentialités pour devenir le Singapour d’Afrique. «S’il y a la bonne, tout est possible». Selon cet économiste, Singapour a produit des miracles dans son développement alors que c’est un petit pays très peuplé dépourvu de ressources naturelles. Il a investi dans l’éducation et a mis en avant l’ouverture au monde avec un environnement favorable aux affaires. Ce pays a gardé sa cohésion alors que sa population est composée à 67% de chinois, à 15% de malaisiens et à 17% d’indiens.
Comparaison Burundi et Singapour
Burundi |
Singapour |
|
Superficie par km2 |
27 834 |
716 |
Population |
12 millions |
5,5 millions |
Densité hab/km2 |
400 |
7400 |
Pays colonisateur |
Allemagne/Belgique |
Angleterre |
Fin de colonisation |
1962 |
1963 |
PIB par habitant (en USD) |
300 |
40 000 (7ème au monde) |

Faustin Ndikumana : « Le Burundi peut miser sur ses potentialités pour devenir le Singapour d’Afrique».
Que pouvait faire le Burundi pour relever sa croissance économique ?
Pour Faustin Ndikumana, le Burundi doit retrouver la cohésion sociale et la stabilité politique. « Il ne faut plus sombrer dans des guerres fratricides et des crises politiques répétitives ». Le gouvernement doit prendre conscience des ressources naturelles et des potentialités dont il dispose pour bien cibler les secteurs de croissance. « Il faut assumer la situation dans laquelle nous vivons aujourd’hui, car le sous-développement n’est pas une fatalité ». La mobilisation et la gestion des ressources humaines doivent être primordiales.
Il faut viser la performance dans les recrutements en favorisant les compétences des candidats. Pour lui, il faut viser à ce que des gens performants puissent avoir plus d’avantages que les autres. « Les écoles d’excellences qu’on est en train de créer, si à la fin de sa scolarité, un élève qui sort de ces écoles n’est pas bien considéré en milieu du travail, il n’y aura plus de peine à les fréquenter. Quelqu’un qui obtient un poste par tricherie et qui perçoit des millions de FBu comme salaire alors que celui qui sort des écoles d’excellence est en train de croupir quelque part, on dirait que la société est renversée dans sa logique. Faustin Ndikumana suggère de favoriser une culture de méritocratie, de compétition pour avoir les meilleurs éléments.
Une stratégie de mobilisation des ressources financières internes et externes avec une discipline et une transparence dans la gestion budgétaire est également nécessaire. « Il faut que l’économie inspire confiance aux investisseurs et aux bailleurs potentiels », recommande l’économiste. La lutte contre la corruption et les mauvaises pratiques dans les affaires est un autre élément très fondamental selon Faustin Ndikumana.
Il recommande également de reconnaître le rôle fondamental du secteur privé dans l’économie et de le soutenir avec un environnement des affaires le plus compétitif. « Dans presque tous les critères d’évaluation de la performance dans l’environnement des affaires, Singapour occupe la première place. Les investissements affluent vers ce pays », explique-t-il.
M. Ndikumana insiste également sur le changement des mentalités. Pour lui, il faut gérer l’Etat comme une administration privée. Il faut des institutions qui soutiennent la compétitivité.
De quelles potentialités le Burundi peut-il profiter ?
Selon Faustin Ndikumana, le Burundi peut profiter de sa position géographique pour développer le commerce. « Le pays a une position géographique de plaque tournante, entre l’Est de la RDC et l’Ouest de la Tanzanie », fait-il savoir. Le Burundi peut investir sur le lac Tanganyika, qui a un débouché sur la Zambie. « Avec le port de Bujumbura, on peut investir dans sa modernisation de façon que toute la population de l’Est du Congo vienne s’approvisionner au Burundi », ajoute M. Ndikumana. Le pays peut profiter de ses lieux touristiques. « Nous avons un potentiel touristique très énorme. Le Burundi peut devenir une destination touristique, de repos, ou de conférences pour les pays de la sous-région », indique M. Ndikumana. Il peut aussi exploiter son potentiel minier.
Investir dans l’éducation
« Si on investit dans l’éducation, on produit des miracles », précise Faustin Ndikumana tout en ajoutant que la jeunesse doit d’abord être consciente. « Après son indépendance, Singapour n’avait rien comme ressources minière, mais il a investi dans l’éducation. 20% de son budget est orienté dans l’éducation. Il a la deuxième université en Asie ». Il insiste sur la formation des personnes au niveau scientifique pour des compétences techniques et au niveau moral.
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