Les femmes de la commune Gisagara de la province Cankuzo exerçant le petit commerce transfrontalier sont sévèrement touchées par la Covid-19. Leurs activités principales sont à l’arrêt suite à la fermeture des frontières. Jadis s’approvisionnant, en Tanzanie, elles sont actuellement obligées de se rabattre sur les marchés locaux afin de continuer leur business
Nous sommes mardi, le 13 avril 2021. A 13h, nous débarquons au marché se trouvant sur la colline Mburi, dans la zone Camazi en commune Gisagara de la province de Cankuzo. Ce marché qui se trouve non loin de la frontière Tanzanienne est quasiment vide. De nombreuses échoppes sont fermées. Il en est de même pour le hangar des fruits et légumes. Seules quelques tables de tomates et d’avocats sont visibles. Les avocats sont d’ailleurs vendus à bas prix par rapport aux prix pratiqués dans la capitale économique Bujumbura. Aucun produit halieutique n’y est également visible. Les viandes sont aussi introuvables dans ce marché. C’est dans quelques bars d’à côté qu’on peut apercevoir des squelettes de chèvres pendues. Des individus sirotent de la sainte mousse pour étancher leur soif. Le soleil frappe sur le front.

Les commerçantes qui exerçent le commerce transfrontalier font face à un défi de taille. Leurs activités sont à l’arrêt suite à la fermeture des frontières.
Certaines personnes rencontrées sur place révèlent que le marché va être dense dans les heures de l’après-midi. D’autres révèlent que c’est suite à la fermeture des frontières, côté burundais suite à la pandémie de la covid-19.
Les commerçantes qui s’adonnaient au petit commerce transfrontalier font face à un défi de taille. Elles ne sont pas autorisées à se rendre en Tanzanie pour s’approvisionner. Séverine Ndayishimiye est une mère de 5 enfants. Elle indique qu’actuellement les prix sont en hausse parce que les commerçants n’ont pas le droit de franchir les barrières burundaises pour aller en Tanzanie. « Actuellement, les prix de vente sont très élevés. Les pertes sont énormes. Avant la pandémie de Covid-19, on s’approvisionnait en Tanzanie. J’achetais du riz, des tomates et des colocases à bas prix. Aujourd’hui on s’y rende plus, on est obligé de s’approvisionner dans les marchés locaux et les prix sont élevés. Elle fait savoir que les pertes sont énormes. Avant la covid-19, je pouvais enregistrer un bénéfice de 20 mille FBu par sac de riz mais, actuellement, on ne peut pas encaisser plus de 10 mille FBu de bénéfice. Séverine Ndayishimiye indique qu’elle est obligée de consommer le capital pour nourrir ses enfants.
Pelina Ndayishimiye est mère de trois enfants. Elle vend du sel, de l’huile et des tomates. Elle précise qu’elle s’approvisionnait en tomates en Tanzanie. « Avant la fermeture des frontières, les prix des tomates étaient abordables parce qu’on s’approvisionnait à bas prix. Un tas de 6 tomates était vendu à 500 FBu mais, actuellement, pour sur 500 FBu on donne 3 ou 4 tomates. On n’a plus de clients. Sur un seau de tomates, on enregistrait un bénéfice de 5000 FBu mais, actuellement, on peut avoir un bénéfice qui oscille entre 1000 FBu et 1500 FBu. C’est difficile de nourrir les enfants », explique-t-elle. En outre, ces femmes révèlent qu’elles font face à de nombreux défis entre autres l’impossibilité de payer la scolarité de leurs enfants, le manque parfois de nourriture, etc.
40% de pertes de taxes enregistrées par la commune Gisagara
Pour Gratien Nitunga, administrateur de la commune Gisagara, la fermeture des frontières a occasionné de nombreux défis au développement de la commune. Il précise que la commune Gisagara enregistre actuellement 40% de pertes de taxes. « L’économie de la commune Gisagara a été touchée parce qu’il n’y a pas d’échange des marchandises qui faisait entrer les taxes dans les caisses de la commune », fait-il savoir. Selon l’administrateur Nitunga, bientôt les arachides vont être récoltées en Tanzanie. Les commerçants burundais devraient aller s’en approvisionner, mais ils ne vont pas le faire à cause de la fermeture des frontières. « La plupart des vaches qui étaient vendues sur le marché du bétail se trouvant dans la commune Gisagara provenaient de la Tanzanie. Nous enregistrons des pertes en ce qui est des taxes communales parce que ces vaches n’entrent plus. Avant la fermeture des frontières, plus de 150 vaches étaient vendues dans ce marché mais, actuellement, c’est à peine qu’on y écoule 105 vaches », explique Gratien Nitunga. La fermeture des frontières a également occasionné un manque à gagner dans les relations entre le Burundi et la Tanzanie. Souvent, on faisait des rencontres chaque mois mais, aujourd’hui ce n’est plus le cas. On échange seulement via les téléphones. Des Burundais qui entrent clandestinement en Tanzanie sont souvent malmenés et extorqués de tous leurs biens, informe l’administrateur.
L’administrateur de la commune Gisagara recommande aux femmes exerçant le commerce transfrontalier de trouver d’autres moyens pour faire face au défi engendré par la pandémie de Covid-19. Comme la fermeture des frontières est une décision du gouvernement pour faire face au Covid-19, il leur demande de former des groupements d’épargne et de crédit afin de se lancer dans d’autres affaires.
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