Les effets du changement climatique ont occasionné de nombreux dégâts, notamment la destruction des infrastructures publiques et privées, les pertes en vies humaines et des champs endommagés. Le gouvernement prévoit la mise en place d’un centre d’alerte précoce d’un coût équivalent à 22 millions de dollars US. Les sénateurs et les députés du monde entier demandent qu’il y ait moins de paroles et plus d’actions pour la protection de l’environnement.
Le Burundi compte parmi les vingt pays les plus menacés par les effets du changement climatiques. Depuis le début de la saison des pluies en septembre 2023 jusqu’à la mi-avril 2024, des pluies torrentielles, inondations et glissements de terrain sous l’influence du phénomène El Niño ont affecté plus de 237 000 personnes (dont 55% de femmes) occasionnant 29 décès et 175 blessés. Plus de 42 000 personnes (dont 57% de femmes), ont été contraintes au déplacement, 19 250 maisons ont été détruites ou endommagées, plus de 200 salles de classes ont été détruites ou inondée. Des routes, des réseaux hydrauliques et des formations sanitaires ont été également affectés.
Pour l’année 2024 (janvier-mi-avril), plus de 179 200 personnes ont été touchées et plus de 31 200 personnes ont été contraintes au déplacement suite aux inondations. Les provinces les plus affectées étaient Cibitoke, Bubanza, Bujumbura et Rumonge.
Parmi ceux qui ont été touchés, 23 109 ménages rapportent avoir perdus leurs champs et les estimations du secteur de la sécurité alimentaire indiquent que près de 40 000 hectares de champs ont été endommagés sur un peu plus de 400 000 hectares de champs cultivables, soit 10% des superficies sous cultures vivrières du pays pour la saison culturale 2024A. Ces pertes ont un fort impact sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des ménages.
Cependant, le président de la plateforme nationale de prévention des risques et de gestion des catastrophes Anicet Nibaruta a indiqué que le Burundi a saisi la Banque Mondiale, l’Union Européenne et le Système des Nations Unies au Burundi pour leur demander un appui dans la mise en place de l’évaluation post catastrophe. Ce qui permettra au pays de bénéficier d’un appui matériel et financier dans ce domaine. D’après la direction de la plateforme nationale de prévention des risques et de gestion des catastrophes naturelles, cette évaluation post catastrophe a montré que le Burundi perd 98 millions de dollars américains par an suite aux aléas climatiques.
Le Burundi, un pays en danger face aux changements climatiques
Plus de 2 000 ménages (approximativement 10 000 personnes) de la zone Gatumba vivaient dans les zones inondées ; 2 500 personnes de la colline Gabaniro-Kirasa ont été touchées par les glissements de terrain. Le gouvernement a pris la mesure de délocaliser les victimes du changement climatique. Ceux de Gatumba ont été délocalisés vers le site de Gisagara en commune Mubimbi et ceux de la colline Gabaniro ont été délocalisés au Centre des Métiers de Gitaza dans la province Bujumbura. L’opération de délocalisation a commencé vendredi le 10 mai 2024.Actuellement, ils indiquent qu’ils vivent dans des conditions déplorables suite au manque d’abris convenables et d’autres besoins primaires pour leur survie.
Assistance des partenaires au développement
Pour assister et accompagner les personnes touchées par cette crise climatique, la Banque Mondiale a promis décaisser une somme de 80 millions de dollars américains. L’Union Européenne a déjà débloqué 31 millions de dollars américains pour l’exécution des travaux de protection des eaux du lac Tanganyika et du lac Kivu. L’ambassade des États-Unis d’Amérique au Burundi a également annoncé qu’elle débloquera 1 million de dollars américains pour atténuer les effets de cette crise. La Chine a aussi promis de fournir une assistance de 1 million de dollars américains. Toutes ces promesses ont été faites pendant la période des inondations.
Mise en place d’un centre d’alerte précoce, un atout
Le Burundi est toujours dépourvu d’un système d’alerte précoce pour permettre à la population d’échapper à certaines calamités. Lors d’un atelier de capitalisation des acquis du projet intitulé : « Réponse d’urgence pour faire face aux besoins de la population touchée par les inondations au Burundi » qui s’est tenu dans la province de Rumonge le 7 octobre 2024, Anicet Nibaruta, président de la plateforme nationale de prévention des risques et de gestion des catastrophes a indiqué que le projet de création d’un centre national de réduction des risques et de gestion des catastrophes naturelles à travers le système d’alerte précoce a été lancé en février 2024 à Gitega.
Nibaruta a aussi fait savoir que la création de ce centre est très coûteuse. « L’État burundais ne peut pas le réaliser à lui seul, car il sera à hauteur de 22.000.000 $ US. Dans ce cas, le pays requiert une aide. Dans le sommet mondial sur l’environnement qui aura lieu en novembre à Bakou en Azerbaïdjan, nous y apporterons notre feuille de route pour la mise en place du centre national de réduction des risques et catastrophes naturelles à travers le système d’alerte précoce », a-t-il ajouté.
En outre, à travers ce centre, la presse (surtout les médias communautaires) sera appuyée pour fournir les informations météorologiques en temps réel, afin de permettre à la population de se préparer en conséquence.
Pour ce faire, Nibaruta informe que l’Institut National des Statistiques du Burundi (INSBU), avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), est en train de faire les études d’impact socio-économique des dernières catastrophes naturelles. Ce qui justifiera la demande de l’aide.
Un appel urgent à l’action
Le président du Sénat a récemment participé à la 141ème réunion des sénateurs et députés à l’échelle mondiale en Suisse. A son retour dimanche le 20 octobre 2024, Emmanuel Sinzohagera a annoncé qu’il avait présenté les actions déjà entreprises par le Burundi pour protéger l’environnement telles que la plantation d’arbres et les lois votées, notamment la révision du code de l’environnement. « Nous qui avons participé à cette réunion, nous avons dit qu’il est temps que les responsables mondiaux commencent à agir plutôt que de continuer à parler. Nous avons demandé qu’il y ait moins de paroles et plus d’actions, car ce sont les États puissants qui polluent l’air. Chez nous, l’air est ouvert, mais nous ne polluons pas au même seuil qu’eux et les conséquences de leurs actions retombent sur nous. Ainsi, nous faisons face aux inondations, à la sécheresse et à des vents violents en raison de leurs activités génératrices de revenus.
Sinzohagera a ajouté qu’ils ont demandé qu’il y ait très peu de discours afin que les gens puissent commencer à travailler sur des activités pouvant contribuer à la protection de l’environnement. « Nous espérons que ceux qui participeront à la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) porteront également cette préoccupation des représentants des sénateurs et des députés à l’échelle mondiale afin que les responsables passent des déclarations à l’action et travaillent réellement pour protéger l’environnement en pensant à la justice pour les générations futures ».
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