La Confédération Nationale des Associations des Caféiculteurs (CNAC) est à l’œuvre pour défendre les intérêts des caféiculteurs. L’augmentation de la production du café est une de ses ambitions. Elle essaie tant bien que mal de se donner les moyens pour atteindre ses objectifs. Burundi Eco revient sur le rôle et les responsabilités de cette organisation devenue incontournable dans la filière café

Zone d’intervention de la CNAC-Murima w’isangi
La CNAC est composée d’associations collinaires des caféiculteurs. Celles-ci forment des unions au niveau des communes. Ces unions s’organisent en fédération au niveau de la province. Ce sont ces fédérations qui forment la CNAC au niveau national. Actuellement, la CNAC est composée de 7 fédérations qui représentent 156 unions regroupées dans 167 coopératives à travers tout le pays. On peut considérer que la CNAC est présente dans toutes provinces du pays, à l’exception des provinces de Cankuzo, de Ruyigi et de Rutana. indique Joseph Ntirabampa, président de la confédération.
Un volet « encadrement » pour bien coordonner les activités de la CNAC
Sur chaque colline caféicole, il y a un comité constitué par le chef collinaire, 2 caféiculteurs, 1 monagri (moniteur agricole) de la DPAE et 1 monicafé (moniteur caféicole) de la CNAC. En ce qui nous concerne, nous avons 719 monicafés répartis sur l’ensemble du territoire, fait savoir M. Ntirabampa
Améliorer les conditions de vie des caféiculteurs, une des missions de la CNAC

Joseph Ntirabampa, président du CNAC : « Actuellement, la CNAC est composée de 7 fédérations qui représentent 156 unions regroupées dans 167 coopératives »
Parmi les principaux objectifs de la CNAC, l’amélioration des conditions de vie des caféiculteurs occupe une place de choix. A ce propos, la CNAC a déjà mis en place 28 mutuelles de santé pour les caféiculteurs à travers tout le pays depuis 2008. Celles-ci se sont coalisées dans une fédération des mutuelles au niveau national, déclare le président de la CNAC. La confédération vise aussi à rehausser la qualité du café du Burundi et à augmenter sa production. Elle a aussi initié l’union des coopératives qu’on appelle Consortium des Coopératives des Caféiculteurs (COCOCA). Ces coopératives ont été mises ensemble pour vendre leur café au niveau international sans passer par des intermédiaires. En fait la CNAC s’est heurtée à un problème à ce niveau. Elle est une ASBL, et à ce titre, elle ne peut pas procéder aux opérations commerciales. La coopérative, elle, qui est une association à but lucratif pouvait le faire. C’est pour cette raison qu’on a eu recours à cette solution pour contourner cet obstacle, précise M. Ntirabampa.
D’autres activités sont entreprises chaque année
La CNAC entretient des pépinières des plants qui sont distribués gratuitement aux caféiculteurs, indique M. Ntirabampa. En collaboration avec les DPAE, elle disponibilise des moniteurs caféicoles qui suivent de près les caféiculteurs. Ce sont eux qui se chargent de leur encadrement au quotidien. Ils leur montrent notamment comment produire des engrais organiques à partir des pulpes de café. Bien plus, la CNAC favorise le regroupement des femmes et de jeunes caféiculteurs dans de petits projets. Concrètement, elle essaie de leur trouver les financements que nécessitent leurs projets.
Bientôt 455000 USD pour appuyer les femmes caféicultrices
Nous avons mis en place une institution de microfinance pour les caféiculteurs. Cette microfinance octroie des crédits à un taux d’intérêt de 12%. Les autres microfinances vont jusqu’à 36 %. Nous comptons encore baisser le taux d’intérêt à 9% pour que les petits caféiculteurs puissent avoir accès au crédit à moindre coût, indique le président de la CNAC. Nous avons une promesse de la Banque Mondiale via le projet PACSC d’un montant de 455000 USD pour appuyer les femmes et les jeunes caféiculteurs à travers la microfinance. Les femmes et les jeunes n’auront qu’à trouver 30% du budget de leurs projets, le reste sera comblé par la microfinance. Le remboursement de ces prêts servira au financement des projets d’autres femmes.
Sur 600 mille ménages caféiculteurs du pays, la CNAC a déjà atteint plus de 130 mille
La CNAC est né en 2004. Il est encore difficile d’évaluer l’impact de ses activités, car les différentes crises que le pays a connues ont impacté son action. En plus, cette organisation a une vision programmatrice qui est difficilement évaluable sur une courte période. Mais son président estime quand même que 80% de ses objectifs ont été atteints. Il y a plusieurs choses à faire pour consolider les réalisations de la CNAC. Sur 600 mille ménages caféiculteurs que compte le pays, l’organisation a déjà atteint plus de 130 mille. L’ambition de l’organisation reste d’atteindre tous les caféiculteurs du pays. A ce niveau, un long chemin reste à faire, concède le président de la CNAC.
Le prix du café, l’éternelle pomme de discorde
Le président de la CNAC est conscient que le prix de vente versé au caféiculteur reste faible si on se réfère au coût de production et aux autres paramètres qui entrent en compte dans la fixation du prix du café. A ce sujet, il trouve que ce serait bénéfique pour le caféiculteur si le prix était fixé après la récolte car, actuellement, ce prix est fixé au mois de mars-avril alors que les caféiers sont encore en fleurs. Il est donc calculé à partir des projections. Il serait intéressant de fixer ce prix à partir des données concrètes, plaide le président de la CNAC.
Ce prix est calculé à partir de la moyenne du prix de New York. Ensuite, on estime la production qu’on va avoir pour l’exercice concerné. On y intègre aussi les prévisions du taux de change. On tient également compte de la qualité du café qui sera produit. Et puis on considère le coût de production du caféiculteur et des sociétés de dépulpage. C’est comme ça qu’on arrive à calculer le prix du café. Mais tout cela est trop estimatif. Il faudrait peut-être se baser sur des données palpables, selon le président de la CNAC. Cela favorise la transparence dans la fixation de ce prix. Par exemple, le calcul du coût de production des dépulpeurs n’est pas basé sur une étude. On estime que le coût de production pour le caféiculteur est de 400 FBu alors que celui du dépulpeur dépasserait les 1400 FBu. Ce n’est pas cohérent, selon le président de la CNAC.
Comme la CNAC a une structure de commercialisation « COCOCA », ceci est un atout pour savoir les enjeux du commerce international du CAFÉ. Au paravant, elle disait que les sociétés en aval de la production gagnent plus au détriment du producteur. Aujourd’hui ces mêmes producteurs ont constitué des coopératives qui ont des stations de lavage lesquelles ont par après formé le COCOCA en charge de la commercialisation du café sans passer par les intermédiaires. Une question : ce COCOCA et ces coopératives rémunèrent -ils les caféiculteurs sur base des revenus tirés de la vente?Nous entendons les mêmes inquietudes auprès des cafeiculteurs membres de ces cooperatives.