La collecte des déchets pose problème dans la capitale économique. Sous l’effet de l’urbanisation, de la croissance démographique et des activités socio-économiques qui s’y déroulent, la ville de Bujumbura fait face à une forte augmentation de la production des déchets. Selon une étude effectuée sur le consentement à payer les services de collecte des déchets ménagers, 95% de la population y sont favorables. Mais à quel prix ?
Les déchets constituent une menace non seulement pour la santé publique, mais aussi pour l’environnement. Dans la ville de Bujumbura, les déchets ménagers sont éparpillés partout. Dans les caniveaux, sur les bordures des routes, etc.
Selon les données de 2011, un habitant de la ville de Bujumbura produit en moyenne 0,6 kg de déchets par jour, soit 217 kg par an.
En plus des Services Techniques Municipaux (SETEMU), la mairie de Bujumbura avait autorisé 18 coopératives et associations pour la collecte des déchets ménagers en 2016. Une somme de 10 mille BIF devait être payée par mois et par ménage pour bénéficier de leurs services. Cela n’a pas donné des résultats palpables. Certains ménages de Bujumbura n’ont pas adhéré au projet. Cela suite aux irrégularités constatées dans la collecte des déchets et aux coûts jugés élevés. Ces sociétés ont été suspendues depuis par la mairie de Bujumbura pour donner des autorisations à de nouvelles sociétés. Mais jusqu’à présent la question de collecte des déchets ménagers persiste.

95% de la population de Bujumbura sont favorables pour payer le service de collecte des déchets ménagers. 5% n’y sont pas favorables selon une étude du Curdes.
Quid du consentement à payer les services ?
Selon une étude réalisée par le Centre Universitaire de Recherche pour le Développement Economique et Social (Curdes) sur le consentement à payer les services de collecte des déchets ménagers dans la ville de Bujumbura, 95 % de la population de Bujumbura sont favorables pour payer le service de collecte des déchets ménagers. 5 % n’y sont pas favorables, selon Pr Diomède Manirakiza, chef de Département d’Economie Rurale et des Entreprises Agro-alimentaires et un des auteurs de cette étude.
Selon lui, le revenu et la connaissance de l’impact des déchets sur la santé humaine sont les grandes raisons qui influencent la probabilité d’accepter ou non de payer le service de collecte des déchets ménagers. Le standing du quartier influence également le montant à payer.
Les ménages ayant un revenu mensuel inférieur à 100 mille FBu diminue la probabilité de consentir à payer à 35% par rapport aux ménages qui ont un revenu supérieur à 100 mille FBu. « Plus le revenu diminue, plus la probabilité d’accepter de payer le service de collecte des déchets ménagers diminue et inversement ».
Selon toujours l’étude, un ménage qui a un revenu mensuel inférieur ou égal à 300 mille FBu réduit le montant à payer de 7035 FBu par rapport au ménage dont le revenu mensuel est de 1 000 000 de FBu et plus. Cela au moment où un ménage qui a un revenu compris entre 300 mille FBu et 1 000 000 FBu diminue le montant à payer de 6 249 FBu par rapport au ménage dont le revenu mensuel est de 1 000 000 FBu et plus.
Le fait d’avoir des connaissances sur les déchets augmente la probabilité de consentir à payer à 46% par rapport aux répondants qui ne sont pas au courant des méfaits des déchets, précise l’étude du Curdes. 94% des répondants savaient l’impact des déchets ménagers sur la santé humaine.
S’agissant du standing des quartiers, la moyenne à payer pour le haut standing est de 8 969 FBu, celle pour le moyen standing est de 4609 FBu au moment où celle pour le bas standing est de 2 016 FBu. Le fait qu’un ménage se trouve dans un quartier de bas standing diminue le montant à payer de 3 310 FBu par rapport au ménage qui se trouve dans le haut standing.
Un secteur porteur d’emplois
Pour Diomède Manirakiza, la collecte des déchets ménagers regorge de nombreuses opportunités et peut générer des emplois. Le collecteur des déchets ménagers enregistre beaucoup d’argent après la revente. Selon cet expert, ces déchets peuvent être transformés ou valorisés autrement. Ils peuvent être transformés en fumier ou encore en énergie pour faire du biogaz. Il précise encore que les déchets métalliques peuvent constituer la matière première des artisans. « Il n’y a pas longtemps, le Burundi n’importait pas les couteaux, les houes, les machettes, etc. Ces outils se fabriquaient localement mais, actuellement, on les importe », explique Dr Manirakiza. Et de préciser que les déchets métalliques peuvent permettre de valoriser l’artisanat.
Il insiste sur la sensibilisation de la population-pollueur sur les conséquences de l’amoncellement des déchets sur l’environnement et sur la santé humaine. Le monde produit environ 2 milliards de tonnes de déchets solides urbains par an. Ces déchets vont s’accroitre à hauteur de 3,40 milliards de tonnes au cours de trois prochaines décennies selon la Banque Mondiale.
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