Société

Comment sortir du guêpier du « eux » contre « nous » ?

Dans une communauté, le concept du « eux » contre « nous » présente des dangers. Ce couple antithétique est significatif d’une situation de conflit. Une certaine méfiance persiste entre deux groupes. L’historien et Professeur d’Universités Evariste Ngayimpenda propose le dépassement d’un conflit par l’engagement des deux groupes en conflit à aller chacun vers l’autre. La meilleure façon de faire est de refuser les identités de groupe 

Que peut-on comprendre par « eux » et « nous » dans un contexte post-conflit ?

Dans un contexte post conflit, on est sensé sortir progressivement de la dualité du « eux » et « nous ». Dans un tel contexte où il y a persistance du eux contre le nous, cela veut dire qu’on n’a pas encore dépassé le conflit. On n’est pas encore sorti de l’état d’esprit conflictuel, fait savoir Pr Ngayimpenda. 

Selon lui, une certaine méfiance persiste entre deux groupes. « On continue encore à cultiver une image généralement mauvaise de l’autre. Vous percevez une personne comme mauvaise, injuste, méchante, envahisseur, … « Une image négativement connotée vis-à-vis de l’autre continue à vous habiter. Cela veut dire que vous continuez à percevoir l’autre comme non seulement différent mais aussi opposé à vous en ce sens que vous le percevez comme chargé de valeur négative lorsque vous vous cultivez une image angélique de vous-même ».

Evariste Ngayimpenda, historien et Professeur d’Universités : « Il faut définir l’autre par rapport à ce qu’il est, à ce qu’il dit, à ce qu’il fait et non pas par rapport à son groupe d’appartenance ».

Pour Evariste Ngayimpenda, construire une image négative de l’autre va de pair avec la construction de l’image positive de soi. «Vous vous créditez de beaucoup de qualités lorsque vous bourrez l’autre de beaucoup de défauts. L’autre est laid alors que vous vous considérez physiquement beau. Si vous vous définissez comme intelligent, vous définissez l’autre comme nul ou bête. Vous vous donnez les bonnes qualités morales, à l’autre vous collez des défauts détestables». 

L’opérationnalisation de ce concept au niveau communautaire présente quel danger ?

L’opérationnalisation de ce couple de mots présente le danger de la persistance du refus d’acceptation, de compréhension de l’autre, explique l’historien Ngayimpeda. « Le danger est que quand vous voulez continuer à cultiver cette image, vous refusez de faire ce pas vers l’autre. Ce pas de compréhension, de transformation de la mauvaise image que vous avez fait vers eux. Vous refusez d’aller vers eux, vous refusez de les comprendre. Vous leur refusez les valeurs positives que vous pensez incarner ». A ce moment, vous continuez à vous considérer comme les seuls dépositaires des valeurs positives. Si vous refusez d’avancer, cela veut dire que vous refusez de sortir définitivement du contexte du conflit, démontre-t-il.

Quelle solution ?

Pr Ngayimpenda propose le dépassement d’un conflit et l’engagement des deux groupes en conflit à aller chacun vers l’autre. « Vous apprenez à rehumaniser l’autre et non à le déshumaniser. Vous engagez un effort conscient de destruction de la mauvaise image que vous aviez développé vis-à-vis de l’autre ». 

La meilleure façon de faire est de refuser les identités de groupe. «Il faut faire attention à cela. Il faut définir l’autre par rapport à ce qu’il est, à ce qu’il dit, à ce qu’il fait et non pas par rapport à son groupe d’appartenance, par rapport à l’image que vous projetez de lui ». Cela n’est possible que si vous faites l’effort d’aller vers lui, de le considérer comme un homme comme vous. Et si vous faites cet effort, vous allez découvrir que toute la construction que vous aviez faite de lui était du fantasme et à ce moment vous décidez de dépasser les préjugés. « Et quand vous vous placez dans une logique de valorisation de l’individu, vous développez un effort de compréhension et cela va vous faire découvrir l’autre comme votre semblable. Pour cela, il faut définir des cadres de promotion des valeurs positives. L’historien note que cela exige l’effort de tout le monde. Un effort de « eux » vers « nous » n’est possible que s’il y a le même effort de « nous » vers « eux ». Sans cela, vous n’avancez pas. Pr Ngayimpenda ajoute que cela demande une volonté concertée, partagée. Cela n’est possible que lorsqu’il y a au sein des groupes en conflit l’émergence des leaders capables de conduire un groupe vers l’autre et vice-versa.

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A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

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