Commerce

Commerce transfrontalier : L’informel atrophie le business des femmes commerçantes

La cherté de la carte Ujelani mwema (laissez-passer individuel) et de la carte jaune, les barrières non tarifaires installées dans certains coins, les taxes élevées, le manque de bureaux de change, etc sont certains des défis auxquels sont confrontées les femmes qui exercent le commerce transfrontalier avec de petits capitaux.  Cette situation fait qu’elles préfèrent œuvrer dans le commerce informel même si les conséquences sont fâcheuses une fois qu’elles sont appréhendées

Les femmes qui exercent le commerce transfrontalier à la frontière de Mugina de la province Makamba s’inquiètent du fait qu’elles sont confrontées à de nombreux défis. Elles ont des difficultés pour bénéficier de la carte jaune. Au regard de leur pouvoir d’achat et de leur capital, il n’est pas facile de trouver 35 000 FBu pour s’en procurer. De plus, la carte dénommée Ujelani Mwema (laissez-passer individuel) exigée pour exercer ce business leur pose problème. Son prix n’est pas stable. Ça varie du jour au lendemain. Tantôt on leur fait payer 5000 FBu, tantôt 20 000 FBu, etc.

L’OBR reproché de pratiquer une certaine discrimination

Selon toujours elles, les taxes imposées par l’Office Burundais des Recettes sont élevées au regard des petits capitaux qu’elles utilisent. Elles précisent que l’OBR et le gouvernement ne devraient pas ignorer l’adage qui dit que «Trop d’impôts tue l’impôt». De plus, il arrive que deux commerçantes exportent les mêmes produits avec des quantités égales. Néanmoins, ce qui les inquiète est qu’il arrive que l’OBR leur exige des taxes qui ne sont pas égales. Ces femmes ne comprennent pas ce phénomène et reprochent cet office de pratiquer le deux poids, deux mesures dans l’application de la loi. Elles lui demandent de changer cette attitude. Une autre anomalie soulevée est que les produits destinés à l’exportation ne sont pas à la portée de tout le monde. Et d’ajouter le manque d’un bureau de change formel pour trouver les shillings tanzaniens à un prix raisonnable. Suite au manque de bureau de change, on change dans l’informel à des taux fixés arbitrairement.

Les femmes qui exercent le commerce transfrontalier à la frontière de Mugina de la province Makamba s’inquiètent du fait qu’elles sont confrontées à de nombreux défis.

Autres anomalies dans le commerce transfrontalier

Un autre défi est que le gouvernement a interdit l’exportation des denrées alimentaires alors que la plupart des produits qu’elles veulent vendre de l’autre côté sont des denrées alimentaires. Selon ces femmes, tous ces défis encouragent le commerce informel même si celui-ci qui les expose aux lourdes amendes leur imposées soit par les agents de l’OBR, soit par la police.

Le commerce transfrontalier émaillé de beaucoup de défis

Polycarpe Kubwayo, secrétaire exécutif de l’Association des Commerçants Transfrontaliers du Burundi affirme que les commerçants transfrontaliers en général et les femmes en particulier sont confrontés à pas mal de défis.  Cela est un constat tiré d’une descente que cette association a effectué sur les frontières de Ruhwa, Mugina, Gatumba et Kobero. Selon lui, les taxes imposées par l’OBR sur les marchandises exportées ne sont pas égales alors que la quantité est la même. De plus, on surtaxe certains produits. On souligne à titre d’exemple les pagnes.  Cela fait que les clients ne les achètent pas, car leur coût est élevé par rapport au pouvoir d’achat des clients. Malgré ces défis, cette association est entrain de chercher les voies et moyens pour améliorer le commerce transfrontalier.  Les associations des commerçants transfrontaliers de la RDC, de la Tanzanie, de l’Ouganda, de la Zambie et du Rwanda sont entrain de promouvoir le recours aux «ventes groupées». Si on veut importer des marchandises en Tanzanie, on les groupe et on les charge dans un camion. Le paiement se fait de façon électronique. Ce système a été mis en place par ces associations pour travailler même pendant la pandémie de Covid-19. Selon toujours lui, une autre stratégie pour améliorer le commerce transfrontalier a été mise en place dans les pays de la COMESA. Elle est dénommée «Régime du Commerce Simplifié».  Elle est déjà opérationnelle en RDC. Une loi sur sa mise en œuvre a été déjà mise en place. Néanmoins, au niveau du Burundi, cette loi n’a jamais été adoptée. Cette stratégie une fois exploitée pourra améliorer les échanges commerciaux entre le Burundi et la RDC. Il demande au gouvernement à la mettre en place au Burundi.   Selon lui, il y a la libre entrée et la libre sortie des marchandises. Quant au paiement des droits de douanes, la COMESA s’en occupe.

L’OBR balaie toutes ces accusations du revers de la main

Pour les commerçants qui reprochent à l’OBR de pratiquer une certaine discrimination dans l’imposition des marchandises, cet office balaie toutes ces accusations du revers de la main. Selon lui, les taux appliqués pour faire payer les taxes et les impôts ne tombent pas du ciel et sont appliquées à tout le monde sans discrimination aucune. On se réfère sur la loi pour calculer le montant à faire payer et cela par produit. Concernant les pagnes, l’OBR fait savoir qu’on les taxe beaucoup sur base des taux qui sont connues de tous les commerçants. Cela rentre dans la politique du gouvernement de protéger les sociétés locales et de promouvoir la consommation des marchandises produites localement. Sinon, il fait savoir qu’il applique la loi à la lettre. Selon cet office, personne ne devrait ignorer la loi. Tout le monde devrait comprendre qu’on doit payer les taxes et les impôts pour trouver les moyens financiers leur perrmettant de payer les salaires des fonctionnaires, de construire les routes, etc.   

«La carte Ujelani Mwema est gratuit»

Le commandant de la PAFE, CPP Générose Ngendanganya, s’inquiète du fait qu’on fait payer la carte Ujelani Mwema. A sa connaissance, cette carte est gratuite. Seulement, il y a des zones interdites d’accès. Passer outre cette injonction est suivie de sanctions.

Pour permettre à ces femmes commerçantes à petits capitaux de travailler dans la tranquillité, elle leur conseille de se munir d’un laissez-passer qui s’achète à 30 000 FBu et qui dure une année. Il y a d’autres documents qu’on utilise pour exercer le commerce dans la légalité. Quant aux barrières non-tarifaires qui s’observent dans certains coins de la province Makamba, le gouverneur Françoise Ngozirazana a fait savoir qu’elle se charge de cette question pour inverser la tendance.

La présidente de l’AFRABU accepte qu’il est judicieux d’utiliser les documents comme le laissez-passer, la carte CEPGL, etc. Néanmoins, elle fait remarquer que ces cartes se remplissent de signatures rapidement, car les femmes commerçantes effectuent beaucoup de mouvements dans les pays limitrophes comme la Tanzanie et la RDC.

Le ministère ayant le commerce dans ses attributions promet de travailler en synergie avec ses partenaires pour promouvoir le commerce transfrontalier. Immaculée Ndabaneze, patronne de ce ministère demande aux commerçants transfrontaliers, hommes et femmes confondus, de se conformer à la loi qui régit ce commerce.  Sinon, passer outre la loi est suivi de lourdes sanctions. Soit on vous confisque tous les produits, soit on vous emprisonne.

Cela a été dit jeudi le 29 octobre 2020 dans une descente effectuée par le ministère du Commerce, de l’Industrie, des Transports et du Tourisme en collaboration avec TradeMark East Africa à la frontière de Mugina. C’était pour évaluer les activités du projet «Menyesha Nterimbere» qui s’exécutent sur cette frontière.  Ce projet d’une durée de 2 ans (2019-2021) est financé par TradeMark East Africa. Il vise à faciliter l’accès à l’information pour 2000 femmes commerçantes opérant aux frontières de Gatumba, Ruhwa, Rumonge et Mugina.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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