A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, un concours-exposition a été organisé à l’Institut Français du Burundi (IFB). Il avait été demandé aux artistes des pays de 3 continents (Afrique, Europe, Amérique) de faire un reportage graphique de 6 différentes émotions d’une femme. Hilde Baele, un des organisateurs de cet événement nous en parle
L’aventure avait commencé il y a deux ans avec le projet Croque Ton Histoire sur le thème « Fier de toi » pour les artistes des 6 pays dont le Mali, le Cameroun, le Benin, la RDC, le Rwanda et le Burundi. Le Burundi avait eu l’honneur de remporter le premier prix avec l’artiste Ajax Nzeymana. Cette année-ci, on a pensé à organiser cet événement pour apporter notre contribution dans la promotion des artistes et des droits des femmes. On a eu 18 œuvres des artistes internationaux dont les belges, les hollandaises, les cubaines, les camerounaises, la liste n’est pas exhaustive, indique Mme Hilde
On a fait une version concours pour les artistes Burundais. On a donc obtenu 17 œuvres des artistes locaux. Le jury était constitué de deux équipes de 2 personnes en Belgique et en Hollande et d’une autre équipe de 4 personnes au Burundi dont les membres provenaient de Yaga et de l’IFB. Le jury a travaillé et nominé 10 œuvres mais en réalité toutes les œuvres étaient bonnes. Evidemment, on a procédé par élimination et on a eu 5 œuvres de 5 artistes finalistes considérés comme premières. Chacun des 5 artistes aura un bon d’achat de matériel de dessin d’une valeur de 100 mille FBu. Malheureusement, il n’y a eu aucune femme parmi les nominés alors que cet événement a été organisé dans le cadre de la journée internationale de la femme.
Pourquoi peindre 6 émotions d’une femme ?
On a l’habitude de voir sur facebook les portraits de la femme souriante, jolie belle et insouciante. Mais ce n’est pas que ça dans la vie courante. Le but était de peindre la femme telle que l’artiste la voit dans les différents moments de sa vie, c’est-à-dire dans la joie, dans la tristesse, dans l’angoisse, dans le dégout, dans la surprise et dans la colère.
Est-il si important de peindre la femme sous ces différentes émotions ?
Chaque participant devait interroger une femme et peindre par la suite ses différentes émotions. Cette interactivité entre l’artiste et son modèle demande beaucoup de patience et de respect de la part du portraitiste. Ecouter c’est respecter. Cela donne un caractère dynamique aux œuvres. C’est important à la fois pour l’artiste et la femme peinte. Les artistes locaux font de beaux portraits. Les Camerounais sont bons dans la caricature tandis que les Burundais sont très bons dans le domaine du réalisme. On s’est demandé s’ils pourraient faire des portraits d’émotion. Le but était de confronter le public aux six différentes émotions de la femme qui n’apparaissent pas souvent sur les réseaux sociaux. Il s’agissait de peindre l’histoire d’une femme et de dire son nom pour la personnaliser autant que possible. On crée un dialogue entre le portraitiste (qui malheureusement était souvent un homme) et la femme qui fait une sorte de confession. Mais aussi le public se met à dialoguer avec le portrait. Il donne son commentaire à haute voix en regardant les œuvres, en lisant les textes. Le public se met aussi parfois, sans même le savoir, à imiter les grimaces en regardant les tableaux.
Pour la femme c’est aussi important, car c’est une occasion de s’exprimer, de se donner, de s’écouter et de se taire en même temps. Beaucoup de portraitistes ont été étonnés d’entendre combien l’homme comptait pour la femme. La femme doit pouvoir s’exprimer quand il y a quelque chose qui ne va pas, insiste Mme Hilde. Elle doit se montrer, faire valoir son point de vue. Cet événement accompagne donc la journée internationale dédiée aux droits des femmes.
Où vont finir les œuvres collectées
Bientôt les œuvres vont être enroulées. Elles vont ensuite voyager à Gitega et à Ngozi. Puis viendra le tour des pays de la sous-région comme la RDC, le Rwanda pourquoi pas les pays européens. Elles serviront d’inspiration aux autres jeunes qui produiront eux aussi leurs propres œuvres. Dans un an, on espère avoir une gigantesque collection et organiser une grande exposition, c’est en tout cas mon rêve, annonce Mme Hilde.
L’IFB a gentiment accepté de participer à cet événement quand on leur a expliqué de quoi il s’agissait. D’autres organisations ont contribué à sa réussite. C’est notamment la plateforme Drawing The Times spécialisé dans le reportage graphique qui a accepté de publier ces œuvres. C’est aussi Free Press Unlimited qui a financé l’exposition. C’est une bonne opportunité pour promouvoir ces jeunes artistes, pense Mme Hilde, un brin optimiste. Le but ultime de ce genre d’activité reste justement de découvrir les talents cachés dans les quartiers qui ont du mal pour trouver un cadre d’expression, a-t-elle précisé.
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