Les membres des coopératives Sangwe sont à l’œuvre dans le développement du secteur agricole et d’élevage avec un crédit d’un montant de 10 millions de FBu accordé à chaque colline dans tout le pays. Néanmoins, ils sont confrontés à beaucoup de problèmes. Ce sont entre autres les aléas climatiques, le manque de vétérinaires, de médicaments, de moniteurs agricoles, de semences sélectionnées, etc
Les radios Isanganiro, Rema FM, Izere FM, le journal Burundi Eco, le groupe de presse Iwacu et le collectif des blogueurs Yaga ont organisé jeudi le 9 juillet 2020 une synergie des medias sur le fonctionnement des coopératives Sangwe. A cette occasion, on a précisé que le 28 juin 2017, le gouvernement du Burundi a mis en place une loi régissant les coopératives. Après un certain temps, juste le 12 mars 2019, on a mis en place l’ANACCOOP chargé de faire leur suivi et évaluation. Dans le budget général de l’Etat, on a alors prévu une rubrique destinée au développement de la population sur toutes les collines du pays. C’est à ce moment qu’on a commencé à octroyer un montant de 10 millions de FBu à chaque colline. Dans la même année, deux ministres dont celui des Finances, du Budget et de la Coopération au Développement Economique et celui de l’Intérieur et de la Formation Patriotique ont décidé que le FONIC chargé du développement communal va aider dans l’octroi de ces montants.
Les défis rencontrés à Kayanza
Une année après la mise en place de ces coopératives, les bénéficiaires s’en réjouissent malgré pas mal de défis. Pascal Karenzo, président de la coopérative Sangwe composée de 323 membres dont 213 hommes, 99 femmes et 11 jeunes située sur la colline Mparambo, commune et province Kayanza fait savoir que les membres de cette coopérative pratiquent l’agriculture et l’élevage. Ils ont semé 650 kg de pomme de terre. Après quelques mois, ils ont récolté 7 tonnes. Ils ont aussi pratiqué l’élevage des porcs et des chèvres. Sur 72 porcins achetés pour mettre en œuvre le projet, 6 sont morts. On a aussi acheté 52 chèvres. Jusqu’aujourd’hui, Karenzo affirme qu’on engrange un bénéfice de 5 millions de FBu.

Certains membres des coopératives Sangwe ont choisi de pratiquer l’élevage du petit bétail.
Diane Nyandwi, un des membres de cette coopérative s’en réjouit. Trouver des fertilisants pour booster le rendement agricole n’est pas actuellement un problème pour elle. Elle demande la mise sur pied des infrastructures destinées à la conservation de la récolte. Sinon, elle fait remarquer qu’il est impossible de conserver une partie de la récolte destinée aux semences.
Quid de la situation à Gitega ?
Selon Béatrice Nyandwi, présidente de la coopérative Sangwe située sur la colline Mwaro-Mavuvu I de la province Gitega, les membres de cette coopérative pratiquent l’élevage des porcs et des chèvres. Ils disposent de 13 porcs et 60 chèvres. De plus, ils pratiquent la culture du haricot. Elle indique que quelques défis s’y observent. Ce sont entre autres le manque de semences sélectionnées, de vétérinaires, de médicaments, etc.
Selon Revérien Sakubu, président de la coopérative Sangwe située sur la colline Rwesero, on a choisi de pratiquer l’élevage de la volaille. Néanmoins, sur 256 poussins, on a constaté après quelques jours que 172 sont des coqs alors qu’on souhaitait que d’une grande majorité de ces poussins sortent des poules pondeuses. De plus, on a été confronté à une hausse du prix des aliments destinés à ces poules. Malgré ces défis, les membres de cette coopérative sont toujours à l’œuvre. Ils se sont fixés l’objectif de produire eux-mêmes ces aliments au lieu de s’approvisionner toujours ailleurs.
Dans la province de Rumonge, sur la colline Gitwe, les membres de la coopérative Sangwe affirment qu’ils font face à certains défis. Deux verrats ont dévoré leurs petits qu’ils venaient de mettre bas, car c’était pendant la nuit. Les membres de la coopérative se sont aussi lancés dans la culture du sorgho dans le cadre du projet Sorgho initié par la Brarudi. Néanmoins, la récolte n’a pas été bonne suite aux aléas climatiques. Ce sont les mêmes défis ressentis par les membres de la coopérative Sangwe située sur la colline Karagara de la commune et province Rumonge. Sur 71 porcs, trois sont déjà morts. La récolte de la culture du sorgho n’a pas été bonne suite au soleil accablant. Malgré cette situation, ces derniers savent qu’ils doivent rembourser l’argent qu’on leur a octroyé.
Les membres des coopératives Sangwe de Ruyigi s’en réjouissent malgré les défis
Dans la province de Ruyigi, les membres des coopératives Sangwe se réjouissent du fait qu’on leur a donné de l’argent pour pratiquer l’agriculture et l’élevage. Alphonse Niyonzima, habitant la colline Ruhago indique que les membres de sa coopérative ont acheté 46 chèvres. Il fait remarquer que ces dernières sont en train de se reproduire. Ils ont aussi pratiqué la culture des haricots sur 2 ha. Néanmoins, au moment où on leur exige de rembourser tout le montant qu’on leur a octroyé dans une période ne dépassant deux ans, il se demande si on va vendre même les porcelets et les chevreaux. Sinon, il demande au gouvernement de leur donner un délai de remboursement un peu long (minimum 4 ans).
Oscar Barankiriza, Directeur Général de l’ANACCOOP se réjouit de l’engagement du Burundi à appuyer les coopératives Sangwe. Selon lui, les bénéficiaires s’en réjouissent malgré les défis. Il fait savoir que le commencement n’est pas toujours facile. Il les tranquillise et croit qu’ils vont bientôt inverser la tendance. Selon toujours lui, tous les membres des coopératives Sangwe devraient fournir beaucoup d’efforts pour gagner le pari. Les moniteurs agricoles sont là pour les aider. Tantôt ils sont membres de ces coopératives, tantôt ils sont membres des comités de suivi. Néanmoins, il affirme que les médicaments destinés aux animaux domestiques ne sont pas suffisants, car les pharmacies ne sont pas éparpillées sur toutes collines du pays.
De plus, il demande au gouvernement de former des techniciens vétérinaires suffisants pour soigner les animaux domestiques, car il s’observe que l’effectif des animaux domestiques ne cesse d’augmenter dans tout le pays. De plus, la mise en place de beaucoup de coopératives de transformation au même titre que l’augmentation des coopératives de production est recommandée.
D’où est venue l’idée de financer les coopératives Sangwe ?
L’idée d’accorder des crédits aux coopératives Sangwe est venue du gouvernement lui-même. L’objectif était de promouvoir l’agriculture et l’élevage, car plus de 90% de la population vivent de ces derniers. Au Burundi, l’agriculture constitue le principal moteur de croissance de l’économie nationale. Il est le garant de la sécurité alimentaire des populations. D’après le ministère en charge de l’agriculture, celle-ci est pratiquée d’une façon traditionnelle par environ 90% de la population sur de très petites exploitations (0,5 ha en moyenne par ménage). La croissance de la population présente un autre grand risque. La même source indique que la vulnérabilité des populations en insécurité alimentaire pourrait s’aggraver. Par conséquent, l’économie nationale va régresser si des investissements adéquats ne sont pas mis en place, prévient le ministère de tutelle.

La culture de la pomme de terre intéresse les membres des coopératives Sangwe.
Le Plan National de Développement PND 2018-2027 révèle que l’agriculture contribue à hauteur de 60 % au Produit Intérieur Brut (PIB) et procure 84% d’emplois. Elle fournit 95% de l’offre alimentaire et est le principal pourvoyeur de matières premières à l’agro-industrie. L’agriculture compte pour 95 % des exportations et représente donc la source principale de devises étrangères pour notre pays. Malgré cette contribution incommensurable, les banques et les institutions de microfinance hésitent à financer ce secteur. Pour cette raison, l’Etat s’est décidé à le financer pour booster l’économie.
ADISCO : C’est normal de rencontrer les défis
Libère Bukobero de l’ADISCO affirme que quelques avancées dans les activités des coopératives Sangwe sont remarquables. Quant aux défis auxquels ces coopératives sont confrontées, c’est normal d’après lui. Il indique que le gouvernement ne devrait pas financer beaucoup de coopératives en même temps. On pouvait cibler une petite partie de ces dernières pour voir si ça marche ou pas. Il se réjouit de la diversification des produits. Nonobstant, il se demande si ces coopératives sont bien gérées.
Mise en place des coopératives Sangwe, une initiative importante
Dr Benjamin Ndagijimana, président de Valorisation du Sol (VASO) indique que l’idée de mettre en place des coopératives et de les financer est très importante. C’est une idée qui est prônée depuis longtemps. Le défi majeur qui s’observe est le changement des mentalités pour assurer leur bon fonctionnement. Au début de toute activité, la gestion pose problème. Ndagijimana indique VASO est constituée par 13 coopératives situées à Bujumbura. 3 ou 4 parmi ces dernières ont bénéficié des crédits. Et de préciser que ces coopératives ont contribué à l’augmentation de la production. Par contre, les prix de certains produits ne cessent d’augmenter suite à non maîtrise du marché. Il précise que cette hausse des prix n’est pas liée à l’offre qui est inférieure à la demande. A l’intérieur du pays, dans certains coins, le prix des produits comme la patate douce, etc baisse alors qu’à Bujumbura il augmente. Il fait remarquer que ces derniers jours une coopérative membre de VASO a produit une quantité non négligeable d’oignons. On a attendu le client le plus offrant, mais en vain. Par conséquent, on a été obligé de les vendre à un prix dérisoire. Néanmoins, lorsqu’on envoie un domestique au marché pour acheter le même produit, on te dit qu’il est cher. Pour inverser la tendance, connaître les quantités des produits récoltés et là où ils se trouvent pourra aider dans la maîtrise de la hausse des prix.
Faustin Ndikumana, économiste et consultant indépendant se réjouit de la mise en place des coopératives Sangwe pour développer le pays. Néanmoins, il demande à ce que la gestion appartienne aux membres de ces coopératives. De plus, il propose qu’on n’accorde pas de crédits pêle-mêle. Il faut les octroyer aux coopératives qui sont rentables et capables de produire des rapports. Selon lui, leur accorder des crédits du fait qu’ils sont regroupés dans des coopératives n’est pas suffisant. Par contre, que l’Etat mette en place un fonds destiné à relancer le secteur primaire et que chaque coopérative qui le désire et qui a un projet bancable demande un crédit qu’elle va rembourser, car il s’agit des montants issus des impôts et taxes versés par la population.
Notons que le gouvernement accorde un montant de 10 millions de FBu à chaque colline depuis 2019. Pour les 3200 collines, on a déjà débloqué un montant de 32 milliards de FBu.
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