Alors que la pandémie a déjà fait des ravages en Europe et en Amérique, le continent africain, lui, reste moins touché qu’annoncé. Pourquoi le continent africain semble-t-il relativement épargné ? Les premières pistes de recherche ont été proposées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cependant, selon différents experts, plusieurs causes tenteraient d’expliquer la situation, en attendant les résultats des analyses de l’OMS
Au départ, les perspectives étaient mauvaises. Les analystes envisageaient des millions de morts sur le continent, qui comprend une majorité de pays pauvres. Pour eux, le Covid-19 serait inévitablement dévastateur pour ce continent sans infrastructures suffisantes et avec des systèmes de santé fragilisés par un manque criant de personnel médical. Dans son rôle, l’OMS n’a cessé, depuis le début de la pandémie, de lancer des cris d’alerte et d’exhorter les pays à prendre des précautions, redoutant une propagation apocalyptique. Mais plus de six mois de l’apparition du premier cas en Afrique, les ravages attendus ne se sont pas produits et le nombre de cas diminue dans la plupart des pays. Pourtant, il parait que le virus qui circule en Afrique est semblable à celui qui circule en Europe. Les scientifiques écartent donc la possibilité d’une souche africaine moins dangereuse.
La jeunesse de sa population
La jeunesse du continent, avec un âge médian (19,7 ans) deux fois inférieur à celui de l’Europe (42,5 ans), c’est un élément même si être jeune ne protège pas de la contamination. Néamoins, il est vrai que la forme grave et mortelle de la maladie frappe en grande majorité les personnes âgées. Par ailleurs, la forme asymptomatique, qui est la plus répandue chez les jeunes, est moins contagieuse. Tout simplement parce que les malades asymptomatiques ne toussent pas, et que la toux est le vecteur de transmission le plus important.

« Dans la plupart des pays africains, environ 3% de la population a plus de 65 ans. Donc, on pense que l’âge fait la différence », explique Dr Matshidiso Moeti, directrice de l’OMS pour l’Afrique.
« Dans la plupart des pays africains, environ 3% de la population a plus de 65 ans. Donc, on pense que l’âge fait la différence », explique Dr Matshidiso Moeti, directrice de l’OMS pour l’Afrique.
La présence d’anticorps liés à d’autres formes de coronavirus
Une autre hypothèse avançée par les experts est que les Africains auraient un système immunitaire plus efficace face au virus. Les populations africaines sont exposées à de multiples pathogènes, que ce soient des parasites, des virus ou des bactéries. Cela se traduit par une importante stimulation des systèmes de défense immunitaire. Est-ce que cela peut provoquer une meilleure réponse face au coronavirus ?
«On sait que des agents pathogènes différents partagent parfois un même « motif moléculaire », par exemple une même protéine à leur surface. Or ces motifs moléculaires servent de récepteurs au système immunitaire pour identifier un agresseur, et ensuite le combattre», explique Dr Elisabeth Carniel, directrice de l’Institut Pasteur du Cameroun. Est-ce qu’un agent pathogène répandu en Afrique et le coronavirus partagent un même motif moléculaire ? C’est encore une hypothèse.
Le mode de vie expliquerait aussi cela…
Le mode de vie de la majorité des populations de ces pays où la majorité se rend au travail à pied. 90% des Burundais par exemple, vivent de l’agriculture et ne prennent donc pas de voiture ou de transports en commun et cette activité physique modérée quotidienne donnerait une résistance accrue par rapport aux Asiatiques et autres Occidentaux qui ont un mode de vie sédentaire. Selon les experts, le virus se transmet peu à l’extérieur. Le fait que l’Afrique a une part importante de population rurale qui passe beaucoup de temps en extérieur aurait joué en faveur…
Jusqu’à présent, plus de 1,4 million de cas de Covid-19 ont été répertoriés sur le continent africain et près de 35 000 personnes sont mortes à cause du coronavirus, selon l’Africa CDC (Centre de prévention et de contrôle des maladies de l’Union africaine). Bien sûr, il n’est pas encore temps de crier victoire. Le virus, depuis le début, a joué des sacrés tours aux chercheurs et aux médecins. Il n’y a pas encore de preuves solides qui corrobent cela, mais c’est quelque chose que les chercheurs étudient activement et les résultats sont attendus d’ici quelques mois.
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