La campagne café 2020-2021 a été lancée officiellement le 20 février 2020. Une campagne qui était tant attendue. La déprivatisation de la filière café entreprise depuis la fin de l’année 2019 a provoqué des perturbations au sein du secteur. Plusieurs interrogations subsistent quant aux innovations apportées par la nouvelle politique de gestion de la filière. Les caféiculteurs attendaient beaucoup de la stratégie de redressement de la filière café.

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Le gouvernement avait promis une rémunération conséquente du caféiculteur. Ce qui n’a pas été le cas. L’augmentation de 10% du prix du café cerise n’a pas satisfait les attentes des caféiculteurs. Ces derniers demandaient que le prix soit doublé. Ils arguent que les coûts élevés des intrants et d’autres facteurs de production font que le caféiculteur ne gagne presque rien de ce produit d’exportation. Avec 50 FBu de plus, le caféiculteur qui récoltera une tonne de café cerise aura un supplément de 50 000 FBu seulement. Une somme insignifiante au vu des efforts qu’il a consentis pour produire cette quantité.
L’une des reproches formulés à l’endroit des opérateurs privés du secteur café était de ne pas rapatrier les devises et de ne pas payer les caféiculteurs à temps. Pourtant, les investisseurs privés ont le mérite d’avoir améliorer la qualité du café Burundais. La compétition « Cup of excellence » a permis aux caféiculteurs de respecter les normes exigées pour augmenter la qualité. Paradoxalement, le meilleur café du monde profite moins aux caféiculteurs. D’après une étude diagnostique de la filière café réalisée en 2018, le bas prix du café cerise est perçu comme l’une des principales causes de la baisse de la production. Ceci a érodé les incitations des agriculteurs Burundais à investir dans leurs plantations de café. Pour inverser la tendance, les auteurs de l’étude encouragent le gouvernement du Burundi et les acteurs du secteur café à élaborer une stratégie cohérente qui produira une augmentation durable et une stabilité des prix des cerises au niveau agricole.
La faible rémunération des caféiculteurs risque d’aggraver la situation. Les caféiculteurs pourraient se tourner vers d’autres cultures jugées plus rentables, notamment les cultures vivrières. Ces dernières exigent moins de dépenses en intrants et autres facteurs de production et fournissent des ressources financières après une courte durée et plusieurs fois l’année. Il y a grand risque de voir disparaître progressivement la superficie occupée par les caféiers et par conséquent une chute de la production caféière. Cela affectera sérieusement l’économie du pays d’autant plus que le café apporte près de 60 % des devises issus de l’exportation. Il reste une source de revenus pour bon nombre d’exploitants agricoles. Le pays étant en proie au manque de devises, le pire est à craindre. D’où la nécessité de centrer les interventions dans le secteur café sur les intérêts du caféiculteur.
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