Deux mois après que l’Etat ait annoncé son réengagement dans la filière café, les intervenants dans ce secteur ont des soucis sur leur sort. Dans un débat organisé par la CNAC-MURIMA W’Isangi lundi le 18 novembre 2019, le gouvernement les tranquillise. Il affirme qu’il ne chassera personne de cette filière qui fait entrer plus de 60% des devises dans le trésor de l’Etat
La Confédération Nationale des Associations des Caféiculteurs (CNAC MURIMA W’Isangi) a organisé lundi le 18 novembre 2019 un débat à l’endroit de tous intervenants dans la filière café. Ce sont entre autres les producteurs, les d’épulpeurs, les déparcheurs, les acheteurs, les partenaires et les représentants du Gouvernement. Cette activité avait pour but de recueillir leurs préoccupations deux mois après que l’Etat ait décidé de se réengager dans la gestion de cette filière.

Joseph Ntirabampa, président de la CNAC- MURIMA W’Isangi : « Cette activité avait pour but de recueillir les préoccupations des caféiculteurs deux mois après que l’Etat ita décidé de se réengager dans la gestion de cette filière »
Joseph Ntirabampa, président de la CNAC MURIMA W’Isangi s’en inquiète du fait que la nouvelle stratégie de redressement, de redynamisation et de pérennisation de la filière café que l’Etat évoque n’est pas encore à la portée de tout le monde. Il précise que pendant ces trois dernières années, tous les intervenants dans la filière café ont enregistré des pertes suite à la chute des cours sur les marchés internationaux. Ils se demandent alors où ils vont écouler la prochaine production du café qui pourrait être grande. Les préparatifs au niveau des stations de lavage ne vont pas bon train suite au manque de moyens. Il lance un appel vibrant à l’Etat afin qu’il puisse se préparer en conséquence et prendre la situation en mains.
Halte à la spéculation !
Selon lui, l’Etat devrait collaborer avec les autres intervenants pour gagner le pari. De plus, il demande à l’Etat de combattre la spéculation faite par certains intervenants. Selon lui, c’est cela qui fait que le caféiculteur burundais perçoive encore une maigre rémunération par rapport à celle des pays limitrophes (plus de 1000 FBu par kg cerise). De plus, au moment où on reçoit un douzième des fertilisants dont les caféiculteurs ont besoin, il n’est pas facile d’avoir la production escomptée.
Malgré ces défis, Ntirabampa remercie l’Etat sur certains points. Par exemple lorsque celui-ci a constaté que les intervenants ont enregistré une perte liée à la chute du prix du café sur le marché international, il leur a accordé un montant de 7 milliards de FBu pour leur permettre de pouvoir payer les caféiculteurs. Ils étaient dans l’incapacité de s’acquitter de leur dette. Cependant, malgré cette contribution, il fait savoir qu’il y a encore des employés de différentes sociétés et SOGESTALs qui œuvrent dans la filière café qui n’ont pas perçu leurs salaires. A titre d’exemple, au niveau de la CNAC, 820 employés croupissent dans ce calvaire, se lamente Ntirabampa. Il espère que cette question pourra être résolue car le gouvernement a demandé à ces sociétés et SOGESTALs de déposer les listes de ces employés au ministère ayant les finances dans ses attributions.
Néanmoins, il ne sait pas quand on va les payer. De plus, avec l’appui du Projet d’Appui à la Compétitivité du Secteur Café (PACSC), les caféiculteurs ont appris comment associer le café avec d’autres cultures. En attendant la récolte du café, ils font la récolte des autres cultures ayant un délai de maturité qui n’est pas long. Avec toujours ces appuis, la qualité du café s’est amélioré. Le goût de pomme de terre constaté dans le café est passé de 80% à 2%.
Les intervenants affectés par la chute du prix
Laurent Nkwirikiye, représentant les sociétés de dépulpage affirme que les intervenants dans la filière café ont été touchés par la chute du prix du café sur le marché international. Nonobstant, la situation est la même dans les autres pays producteurs du café. Il remercie l’Etat du fait qu’il les a soutenus pour pouvoir payer les caféiculteurs. Selon lui, même les autres pays ont procédé de cette manière. Ils ont débloqué des fonds pour que les filières café ne tombent pas en déperdition. Nkwirikiye espère que le réengagement de l’Etat sera bénéfique dans la gestion de la filière café. Il croit qu’il sera toujours aux côtés des intervenants dans cette filière. Cependant, il a des soucis concernant la prochaine campagne café. Au moment où les banques manifestent une certaine réticence dans le financement de la filière café, les stations de lavage sont en piteux état. «Leurs propriétaires ont du mal à pouvoir les réhabiliter suite au manque de moyens financiers», révèle-t-il.
Que l’Etat s’occupe de la filière café !
Prosper Bigirindavyi de BUCAFE demande à l’Etat de s’occuper davantage de la filière café. Elle fait entrer plus de 60% de devises dans le trésor public. Plus de 600 000 ménages travaillent dans ce secteur. Il souhaite la bienvenue à l’Etat dans la filière café et l’invite à travailler en synergie avec tous les partenaires pour trouver une solution durable aux différents défis auxquels le secteur caféicole est confronté. Bigirindavyi signale que le rôle des partenaires privés est incontournable.
Le gouvernement tranquillise tous les partenaires. «Même s’il y a deux mois que l’Etat s’est réengagé dans la filière café, ce n’est pas pour évincer les autres partenaires qui opèrent dans ce secteur. C’est dans l’objectif de le redynamiser, de le restructurer et de le revaloriser», a révélé un cadre du bureau économique de la Présidence. Selon lui, l’Etat ne pouvait pas rester les bras croisés au regard des lamentations des caféiculteurs qui font partie de la population qu’il représente. Tout en sachant que l’apport du café dans la croissance économique est important, cette décision a été prise pour éviter que les caféiculteurs déracinent les caféiers et planter d’autres cultures.
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