Le pays mobilise des financements conséquents pour investir dans les infrastructures socio-économiques. Malheureusement, l’aboutissement de certains projets inquiète plus d’un. Les cas ne manquent pas. Nous citerons à titre illustratif, la construction du barrage hydroélectrique de Mpanda qui devrait produire 10 MW, mais dont les travaux restent au point mort.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
L’autre exemple emblématique concerne le barrage hydroagricole de Kajeke ayant une capacité d’irrigation d’une superficie de 3000 ha. De plus, le secteur privé n’est pas en reste. La sucrerie de la fameuse société Tanganyika Business Company n’a pas encore ouvert ses portes dans un contexte de pénurie récurrente du saccharose.
Ce cumul d’échecs est lié en partie à la mauvaise planification des programmes. Il ne suffit pas de planifier, mais il faut des mécanismes de coordination et de suivi des activités sur le terrain. D’ailleurs, la planification a des valeurs à respecter.
Dans un entretien accordé à notre rédaction en février 2022, Francis Rohero, chercheur et enseignant à l’Université du Burundi avait déploré le non continuité de l’Etat. « Nous avons vu plusieurs projets arrêtés juste parce que les autorités ont changé leurs postes. Dans la plupart des cas, celles-ci ne savent pas continuer les projets commencés par leurs prédécesseurs », a-t-il expliqué.
Ces infracteurs mort-nées constituent une entrave au développement du pays. Les projets se métamorphosent en « éléphants blancs ». Le barrage hydroagricole de Kajeke a déjà couté plus de 12 milliards de FBu. Les travaux de reconstruction de ce barrage tardent à se concrétiser. La démolition des constructions coûterait environ 2 milliards FBu. Ce qui alourdit le cout de construction dudit barrage.
Le Conseil des ministres du 3 juillet 2019 a statué sur cette question. Il a proposé de refaire le projet qui a coûté à peu près 13 milliards de FBu et de construire un autre barrage à 19 milliards de FBu. Il a également demandé que ceux qui sont impliqués dans l’échec du premier projet soient traduits en justice, et d’émettre des mandats d’arrêts internationaux pour ceux qui ne sont pas au pays.
Le Chef de l’Etat appelle à la discipline budgétaire. Il recommande à ce que les projets et programmes soient préalablement élaborés avant de penser à l’élaboration du budget. « De cette manière, il sera plus facile au Ministère en charge des finances de chercher les moyens et aux partenaires d’appuyer dans telle ou telle action », fait-il savoir. Désormais, l’adoption du budget par le Gouvernement sera précédée par l’adoption du programme, lit-on dans le communique de presse sanctionnant le conseil des ministres du 22 février 2023.
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