Economie

Des incitations fiscales aux résultats mitigés

Les exonérations constituent l’une des mesures fiscales initiées pour drainer les investissements. Au cours de l’exercice budgétaire 2023-2024, les prévisions des exonérations passent de 80 milliards à 135 milliards de FBu. Cependant, les points de vue divergent sur l’apport des exonérations à l’économie nationale. Analyse.

Un  rapport de la commission permanente chargée des questions économiques, de l’environnement, des finances et du budget publié en juillet dernier revient sur la question relative aux mesures d’incitations fiscales. Le document inventorie plus d’une centaine d’entreprises ayant bénéficié des exonérations au cours des 5 dernières années et les secteurs dans lesquels elles opèrent. La valeur des exonérations s’élèvent à 260 213 610 425 FBu.

Durant cette période, plus de 220 entreprises et opérateurs économiques ont bénéficié des exonérations. 7 secteurs d’activité prédominent parmi les entreprises ayant bénéficié des exonérations. Ainsi, le rapport révèle que 8 entreprises cumulent 71% du montant global des exonérations.

N- Secteurs d’activité Part en % Sociétés Bénéficiaires Montants exonérés
1 Industrie de fabrication d’ouvrages en métaux 29,95% MUSUMBA 75 086 577 465
2

 

Industries de transformation des produits alimentaires 9,91% MINOLAC

 

15 897 547 880
AZAM 7 502 990 852
3 Industries de fabrication d’articles d’habillement 7,36% Afritextile

 

19 146 119 100
4 Industries de fabrication des boissons 7,32% IMENA

 

15 235 652 080
5 Industrie du ciment 6,63% BUCECO 17 239 828 922
6 Industries des produits plastiques 5,71% BRA

 

14 837 253 218
7 Télécommunications 4,91% VIETTEL 11 109 163 624

 

Quel impact des exonérations sur l’économie ?

Compte tenu de leur hausse continuelle, les membres de la commission susmentionnée s’interrogent sur la valeur ajoutée des exonérations en termes de production des biens et services et en termes de création d’emplois.

D’après le ministre en charge du budget, Audace Niyonzima, les exonérations qui sont comptabilisées sont destinées aux investisseurs qui œuvrent dans les secteurs jugés prioritaires et porteurs de croissance économique. « Normalement, l’entreprise bénéficie des exonérations après avoir démontré dans son plan d’affaires le nombre d’emplois qu’elle va créer ainsi que l’impact de ses activités dans l’économie nationale », justifie-t-il.

Quant au projet de révision des textes et de la procédure d’octroi des exonérations, il argue que les exonérations  sont du domaine de la loi ou d’autres textes ayant rang de loi. Certaines dispositions régissant les exonérations sont révisées annuellement à travers  la loi budgétaire et les autres textes fiscaux (Code des investissements, la loi relative à la TVA et à l’impôt sur les revenus) ont été récemment révisés.

Top ten des entreprises exonérées
Nom de l’entreprise Exonérations en FBu
1.      MUSUMBA STEEL 75 086 577 465
2.      Afritextile 19 146 119 100
3.      Burundi Cement Company 17 239 828 922
4.      Minoterie des Grands Lacs 15 897 547 880
5.      IMENA SOMA USUBIRE 15 235 652 080
6.      BRA MANUFACTURING 14 837 253 218
7.      VIETTEL BURUNDI SA 11 109 163 624
8.      NGAGARA GRAIN MILLING COMPANY 7 502 990 852
9.      FABRIMETAL BURUNDI 4 432 333 787
10.  PACOBU 4 235 223 070
11.  LIFEWAY COMPANY 4 157 040 625
12.  VAN SERVICES CENTER 4 016 401 230
13.  BURUNDI BREWERY 3 490 900 196
14.  Interpetrol Burundi 2 968 294 802
15.  GOOD LIFE SERVICES 2 667 593 809
16.  FINBANK 2 642 663 662
17.  ITRACOM 2 524 931 697
18.  CAATI 1 947 932 565
19.  SOTB 1 737 305 066
20.  TAWAKAL COMPANY 1 659 502 361
21.  MERU INVESTMENTS 1 655 562 546
22.  UMAMEBU 1 533 183 210
23.  Succursale AMA CONSTRUCTION 1 419 650 238
24.  MIRA STEEL AND ROOFINGS 1 124 368 306
25.  GO FRESH ENTREPRISE 1 107 491 562
26.  SOSUMO 1 041 354 527
27.  IRON & STEEL BURUNDI 949 210 094
28.  J.P INVESTMENT 882 899 256
29.  BURUNDI BACKBONE SYSTEM 882 286 168
30.  MEMENTO TRANSPORT 873 078 409
31.  ITRAPACK 862 533 925
32.  MODERN DAIRY BURUNDI 856 852 295
33.  AFRICA MINING BURUNDI 855 525 069
34.  GLOBAL SMART TECHNOLOGIES 847 219 489
35.  TEZIMBERE IVYACU I Burundi 772 959 016
36.  Environnement Protectors Group 735 616 337
37.  AGRICULTURE AND CHICKEN BREEDING COMPANY 713 025 167
38.  FOMI 693 939 773
39.  RAINBOW MINING BURUNDI 683 291 304
40.  VOLCANO EXPRESS 649 491 280
41.  TEMAC COMPANY 646 282 774
42.  Société Maison du Trésor 625 330 245
43.  ALPHA CLEAN FOOD 623 955 277
44.  EDEN GARDEN RESORT 621 418 601
45.  AKSHAR KRUPA 598 564 820
46.  Banque de Gestion et de Financement 565 241 431
47.  KIRIRI GARDEN HOTEL 561 441 189
48.  KAMENGE BUSINESS CENTER 553 768 739
49.  BETAGAS 545 882 804
50.  BUMAC 542 478 927
51.  BURUNDI REAL ESATE 504 528 478

 

Le deux poids de mesures !

Lors de l’analyse de la loi budgétaire, exercice 2022-2023, certains députés ont proposé la suppression des exonérations arguant que ces dernières exercent un poids sur le petit contribuable toujours pauvre. « …, les exonérations sont accordées aux grands opérateurs économiques ». Le ministre du Bugdet d’alors Dr Domitien Ndihokubwayo a rétorqué que les exonérations sont assimilables aux subventions de l’Etat pour faciliter les investissements. Leur suppression risque de repousser les investisseurs étrangers. Logiquement, on accorde des exonérations en fonction des retombées positives à moyen terme sur l’assiette fiscale et, partant, sur l’économie nationale, a-t-il justifié.

Lors de la 1ere édition du forum national sur le développement, Dr Ephrem Niyongabo dans son exposé sur la dette publique a souligné l’impact des exonérations sur l’économie. « Les incitations fiscales sont justifiées par l’hypothèse selon laquelle elles stimuleraient le développement du secteur privé. Cependant, le coût des exonérations n’est pas bien suivi et leurs avantages économiques ne sont pas systématiquement évalués », déplore-t-il. Cependant, dans le contexte économique actuel caractérisé par une dette publique élevée et un déficit budgétaire qui reste important, on doit maîtriser les exonérations fiscales, a-t-il suggéré.

Revoir le processus d’octroi des exonérations

Dans sa présentation, Libérat Mfumukeko, économiste et ex-secrétaire général de l’East African Community (EAC) n’y est pas allé par quatre chemins. «Les incitations fiscales ne sont pas la raison principale pour laquelle les entreprises viennent s’établir dans un pays. Cela étant, elles sont quand même indispensables». Il a déploré le fait que les exonérations soient accordées aux importateurs des produits finis ou semi-finis destinés à la revente. Les droits de douane et la taxe à l’importation cumulée atteignent plus de 224 milliards de FBu pour l’exercice 2020-2021. Par contre, la part des investisseurs, c’est-à-dire les exonérations octroyées aux opérateurs économiques dans le cadre du code des investissements s’élèvent à 52,8 milliards de FBu.

Ce cadre de la Banque Mondiale rapporte qu’il y a plusieurs mécanismes d’exonérations pour les investisseurs dans notre pays. Généralement, les exonérations accordées à travers la commission de remise des droits concernent les produits finis ou semi-finis destinés à la revente, mais qui entrent au pays comme des matières premières. Ce qui fausse complètement le jeu de la concurrence. Il a recommandé de faire un audit sur les exonérations afin de distinguer les vrais investisseurs des faux investisseurs. « Cette étude va distinguer ceux qui obtiennent les exonérations parce qu’ils occupent les fonctions politiques de ceux qui bénéficient des exonérations pour investir dans une activité commerciale », a-t-il conclu.

En marge de la célébration de la journée nationale du contribuable, édition 2021, le Chef de l’Etat a instruit la mise en place d’une commission chargée d’inspecter les procédures d’exonérations, leur utilité, leur rentabilité et leur équité. Jusqu’à présent, le rapport sur l’impact des exonérations n’a pas été rendu public.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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