Six usines locales productrices d’une dolomie de qualité sont en activité pour fournir cet amendement agricole aux bénéficiaires ciblés par le projet PAGRIS relevant de IFDC. Ces partenaires de IFDC enregistrent des résultats positifs et parviennent à produire toute la quantité de dolomie commandée malgré l’omniprésence de quelques défis. L’utilisation intégrée de cet amendement agricole permet de restaurer la fertilité du sol.

Oscar Nduwimana, responsable du projet pilote Dolomie :« les recherches effectuées ont montré que plus de 73 % des sols du Burundi sont fortement acides avec un pH inférieur à 5,5».
Une équipe de l’International Fertilizer Development Center (IFDC) dirigée par Oscar Nduwimana, responsable du projet pilote Dolomie, a effectué une visite le mardi 3 décembre 2024 auprès des usines de production de dolomie ayant un contrat de partenariat avec IFDC. Cette équipe était accompagnée de quelques professionnels des médias.
Engagé à promouvoir une gestion écologiquement durable des sols au Burundi, IFDC collabore étroitement avec six usines locales productrices de dolomie afin de fournir cet intrant agricole aux bénéficiaires ciblés par le projet PAGRIS. Il s’agit des usines : AB Géoscience, Stone Society, EFCCO, Itracom Fertilizer, Établissement Jérémie Ngendakumana et Dolo Production Company Limited. Trois de ces entreprises ont été visitées.
De l’extraction des calcaires dolomitiques à la production de la dolomie
La première usine productrice de dolomie visitée est l’Atelier et Bureau Géoscience situé dans la zone Buyenzi, non loin du marché de Ruvumera. Protais Sindimwo, directeur général de cette entreprise, explique que le processus de production de cet intrant agricole essentiel pour la croissance des plantes est le travail en chaîne « Ces calcaires dolomitiques nous parviennent de la province de Cibitoke bien qu’il en existe une grande réserve dans la province de Rutana », indique M. Sindimwo, avant de préciser que les réservés de dolomie de la province de Cibitoke sont estimés à plus de 4 millions de tonnes tandis que celle de Rutana est estimée à plus de 800 millions de tonnes. « L’exploitation du calcaire dolomitique va durer longtemps, voire des centaines d’années », confirme le patron de l’Atelier et Bureau de Géoscience.
Il ajoute que le transport de ces pierres riches en Calcium (Ca) et Magnésium (Mg) est suivi d’un travail de concassage. Deux concasseurs effectuent cette opération de manière successive. Ensuite vient l’étape de broyage qui précède le tamisage pour obtenir une dolomie plus fine, qui répond aux normes exigées par IFDC.
La dolomie, une solution pour les sols acides
Selon Oscar Nduwimana, responsable du projet pilote Dolomie, les recherches effectuées ont montré que plus de 73 % des sols du Burundi sont fortement acides avec un pH inférieur à 5,5. Ces sols souffrent d’une carence en éléments nutritifs dont les plantes ont besoin pour leur croissance, notamment le phosphore, le potassium, le calcium et le magnésium.

Six usines locales productrices d’une dolomie de qualité sont en activité pour fournir cet amendement agricole aux bénéficiaires ciblés par le projet PAGRIS relevant de IFDC.
M. Nduwimana indique également que les sols acides contiennent des éléments toxiques tels que l’aluminium (Al), le fer (Fe) et le manganèse (Mn). Selon lui, ces sols connaissent une activité biologique très ralentie et la population microbienne, notamment les vers de terre, disparait en raison de cette acidité. Par conséquent, le développement des racines des plantes est entravé. Ce qui explique la faible croissance des plantes. D’où l’importance de restaurer la fertilité de ces sols par l’application de la dolomie qui élève le pH au-delà du seuil critique de 5,5, tout en apportant le Calcium (Ca) et le Magnésium (Mg) manquant dans les sols burundais.
« Le souci du projet pilote Dolomie est de trouver une solution aux problèmes d’acidité des sols et de faciliter l’accès à la dolomie pour les agriculteurs qui ont besoin de restaurer durablement la fertilité de leurs sols », précise le responsable du projet.
Ce n’est que la qualité de la dolomie qui compte
Les usines productrices de dolomie ayant signé un contrat de partenariat avec IFDC doivent produire une dolomie qui respecte les normes standards, mais qui doit également être de qualité pure. Spécifiquement, il faut que la teneur en Calcium (Ca) soit comprise entre 19 et 22 %, et la teneur en Magnésium (Mg) soit comprise entre 28 et 32 %.
Pour Nduwimana, IFDC exige également de ses partenaires producteurs de dolomie que le pH minimal de cet intrant soit de 9 % pour qu’il ait une valeur neutralisante suffisante. Quant à la pureté, ces producteurs doivent livrer un produit pur à 95 %, c’est-à-dire une dolomie ne contenant ni poussière ni autres métaux lourds non conformes aux normes de la dolomie.

Ainsi, l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) participe activement au contrôle de la qualité de la dolomie produite par les partenaires de IFDC. « Cette institution étatique effectue des visites sur terrain, prélève des échantillons et fournit les résultats », précise M. Nduwimana avant de souligner que l’efficacité de la dolomie dépend de sa bonne qualité et de son dosage correct. Un autre élément important concernant la qualité de la dolomie acceptée par les normes de IFDC est le taux de finesse granulométrique. Il est exigé que 70 à 80 % de la dolomie aient un taux de finesse granulométrique inférieure à 1 mm de diamètre, tandis que le reste ne peut pas dépasser 2 mm de diamètre. Cela afin de promouvoir l’efficacité et la durabilité de cet intrant.
IFDC conseille aux agriculteurs d’utiliser la dolomie dans un cadre intégré, c’est-à-dire mélangé avec d’autres intrants agricoles, notamment la fumure organique, la fumure organo-minérale et les bonnes semences, pour un meilleur rendement de production. Ainsi, cette organisation a déjà fourni plus de 30 milles de tonnes de dolomie à plus de 78 000 agriculteurs pour lutter contre l’acidité du sol.
Une production efficace malgré les mauvaises conditions de travail
La quasi-totalité des entreprises productrices de dolomie visitées ont évoqué la coupure intempestive du courant électrique et la pénurie de carburant comme des défis majeurs auxquels elles font face. Certaines préfèrent ajuster leur programme de travail et opérer la nuit.
Toutefois, le responsable du projet pilote Dolomie est satisfait de la qualité des produits livrés par ces entreprises, ainsi que du respect des délais de livraison, car elles parviennent à fournir la quantité nécessaire malgré les défis.
Une production qui épargne les devises
La production locale de dolomie permet d’épargner les devises qui auraient été utilisées pour importer cet intrant indispensable à l’agriculture au Burundi. Pour le chef du projet pilote Dolomie, elle constitue également un grand avantage pour les agriculteurs burundais, car ils bénéficient d’un accès illimité à ce produit, et le coût du transport reste abordable en raison de la grande quantité de dolomie disponible dans le sous-sol burundais.
Le projet pilote Dolomie fait partie d’un grand projet PAGRIS (Projet d’Appui pour une Gestion Responsable et Intégrée des Sols) mis en œuvre par IFDC et financé par l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas au Burundi.
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