
La dot qui constituait jadis un honneur pour les parents de la fille qui la recevaient et la fierté pour les parents du garçon qui la payaient n’a plus raison d’être appelée ainsi. Actuellement, elle est un prix offert aux parents de la fiancée. La consistance de la dot dépend de plusieurs facteurs dont l’éducation, la beauté physique les exigences et la famille de la fiancée.
Audace Ntinanirwa, un sexagénaire rappelle que la dot constituait jadis un cadeau donné à la famille de la future épouse pour l’avoir bien éduquée. Il précise que celle-ci était offerte en nature. C’étaient des houes ou des vaches selon que les parents du garçon étaient pauvres ou riches tandis que« La dot est actuellement transformée en prix car, dit-il, elle est exprimée en argent », fait–t-il savoir.
Pour Caritas Niyonzima, une mère dont la fille s’est mariée il y a une année déclare que la dot n’est pas un prix comme beaucoup le disent. Elle fait savoir que si la dot était un prix, personne ne pourrait prendre une fille en mariage car, se demande-t-elle, qui serait capable de payer la facture de ce que sa famille a dépensé depuis son enfance jusqu’à l’âge de se marier? Elle indique qu’un consensus entre les futurs époux à propos de la fixation de la dot s’avère nécessaire, mais elle ne nie pas qu’il y ait des parents qui ne s’entendent pas dans la fixation de la dot pour leur fille.
Sur base de quoi est fixée la dot?
Certains fixent la dot sur base des études que la future épouse a faites. Cela se remarque par le fait que, dans certaines régions, pour une fille qui n’a pas étudié, la dot est fixée à 100 000 FBu ou une vache. Dans d’autres régions, elle est fixée à 300 000 FBu. Pour celle qui a un diplôme si petit soit-il, la dot varie entre un et trois millions de FBu ou deux vaches voire trois. « Ma fille étudie à l’université et son minerval me coûte les yeux de la tête, qui oserait donc la prendre en mariage sans avoir au moins versé 3 millions de FBu de dot ? S’interroge dit N.K. Elle précise qu’au lieu de donner sa fille à moins d’1 million de FBu de dot, elle préfèrerait l’autoriser à se marier sans être dotée.
Après l’éducation vient la beauté physique de la future épouse. Ici la majorité des gens estiment que cette condition n’a plus de raison d’être car, disent-ils, la beauté c’est l’argent qu’elle a.
A tout cela s’ajoute la fortune de famille de la fille. Pour Anastasie Nindaba, une femme rencontrée à la première avenue du quartier Mutakura, la richesse de la famille de la future épouse influence beaucoup dans la fixation de la dot. Elle rappelle que cela date de longtemps .Elle ajoute que les familles richent s’octroient des enfants en mariage à quelques exceptions près.
Supprimer la dot ou la maintenir ?
Samson Ndayegamiye, un taximan souhaite que la dot soit supprimée. Il demande que les familles respectives organisent seulement les cérémonies de mariage. Et, le cas échéant, que les pagnes et les bijoux donnés au moment de la dot soient considérés comme la dot à proprement parler. Il révèle que son ami a contracté un crédit pour payer la dot et qu’il attend la fin du remboursement du premier crédit pour contracter un autre pour le mariage. Et M. Ndayegamiye de demander ce que deviendra ce couple après le mariage. Pour François Masabo, un etudiant, « La dot ne doit pas être supprimée, mais elle doit être règlementée. Il faut qu’elle soit fixée à 100 000 FBu.»
Pour résoudre le problème des familles qui se tergiversent dans la fixation de la dot pour leur fille, certains futurs époux préfèrent résoudre ce problème en empruntant un raccourci.« Pour un couple qui s’aime vraiment et dont la famille de la fille exige une dote exorbitante, les futurs époux se conviennent que la fille soit engrossée bien avant. De là, sa famille la libérerait facilement de peur d’être couverte de honte », révèle D.N
Signalons qu’avant les cérémonies de dot, les familles respectives des époux se rencontraient informellement pour fixer le montant de la dot. C’est à ce moment que la famille du gendre apportait une enveloppe contenant une certaine somme d’argent correspondant à un dixième du montant total de la dot.
La dot ne devrait plus avoir de place dans la société burundaise. Les jeunes couples ont plutôt besoin d’être soutenus financièrement dans la mesure du possible. Je crois que tout parent est heureux de voir son enfant heureux dans son nouveau foyer beaucoup plus qu’autre chose. Il faut donc que les mentalités changent.
Je viens d’une famille résidant dans la commune de Rutegama (Muramvya). Dans notre famille nous avons décidé de ne plus demander et de ne plus accepter une dot de quelque nature qu’elle soit pour nos filles. Bien sûr, en revanche, nous aimerions que dans l’avenir nos fils n’aient plus à payer la dot.
Payer une dot allant jusqu’à 2 millions équivaut à mon avis à acheter la fille. Et il me semble qu’à ce prix celui qui a payé une telle dot puisse se permettre de refuser de donner une assistance matérielle à sa belle-famille en cas de besoin.
Pour arriver à enrayer ce « fléau », les filles seraient les mieux placées pour se battre contre cette pratique.