La femme de l’ethnie Twa a longtemps été victime de discrimination, que ce soit de la part de ses pairs des autres ethnies ou par un manque de considération pour elle-même. Denise Mukeshimana, elle, a refusé de rester éternellement sous le joug de cette discrimination et d’en être une victime. Elle nous raconte comment cette mentalité a sauvé sa vie ainsi que celle de ses consœurs.

Denise Mukeshimana : « Je ne me cache jamais et je participe activement aux réunions avec les autres membres de la communauté ».
Elle s’appelle Denise Mukeshimana. C’est une femme de l’ethnie Twa originaire de Kavumu, commune et province de Kayanza. En plus d’être agricultrice, elle est également animatrice communautaire sur cette même colline, ce qui n’est pas courant chez les Batwa. Son principe est simple : « Je ne me cache jamais et je participe activement aux réunions avec les autres membres de la communauté », affirme-t-elle.
Son courage a fini par payer. Elle a réussi à intégrer le groupe des animateurs communautaires dans sa localité. « Ils m’ont fait confiance, car ils savent que je suis une personne avisée. Je suis passée par l’école, même si je n’ai pas poursuivi mes études après la sixième année primaire », témoigne-t-elle.
Un gain pour sa communauté
Comme elle le raconte, son chemin a été long et semé d’embûches. « Beaucoup disaient que je ne serais pas capable, mais aujourd’hui, ils reconnaissent mes efforts à travers mes collaborations avec mes concitoyens », dit-elle.
Elle témoigne avoir gagné la confiance des médecins au centre de santé, notamment en ce qui concerne les vaccins et le suivi des enfants dans le village. « Ils me donnent des médicaments et je les utilise correctement, sans aucun problème. Même le centre de santé reconnaît mon engagement », ajoute-t-elle.
Au sein de sa communauté, Mme Mukeshimana a également marqué un grand impact. Elle a sensibilisé les populations sur la planification familiale et les consultations prénatales précoces et constate une réelle évolution. Sa communauté a aussi adopté l’enregistrement des enfants à l’état civil, une pratique qui n’existait pas auparavant. Elle se réjouit que désormais, les enfants soient enregistrés en masse et que les membres décédés soient déclarés. « Avant que je ne sois responsable de ce domaine, ces pratiques étaient quasi inexistantes. Tout cela est grâce aux formations que je reçois et transmets à ma communauté », se réjouit-elle.
Déterminée à continuer la lutte
Dans sa lutte, Mme Mukeshimana insiste pour que les enfants Batwa aillent et restent à l’école. Elle a permis à 13 enfants Batwa de reprendre le chemin de l’école et ils sont maintenant en sixième année. Elle explique qu’avant, les enfants abandonnaient les études dès la troisième année primaire. Pour elle, la pauvreté ne doit pas être une excuse pour l’abandon scolaire. « La pauvreté persiste, mais je leur donne des conseils, je rends visite aux familles et j’accompagne les enfants pour qu’ils restent à l’école. Je les encourage à lever la tête et à ne pas sombrer dans la mendicité. Même dans les conditions les plus modestes, il est possible de trouver une solution pour que les enfants puissent étudier », dit-elle, convaincue.
Quid de son développement économique ?
Pour son propre développement économique, Mukeshimana mise sur l’agriculture. Actuellement, elle est en train de récolter du maïs qu’elle a cultivé, tout en semant des haricots. Les produits de sa récolte lui suffisent, car elle n’a pas eu besoin d’acheter des semences ; elle utilise celles qu’elle produit elle-même. En tant qu’animatrice communautaire, lorsque des soutiens financiers lui sont octroyés par le centre de santé, elle les utilise pour compléter les besoins de sa ferme, comme acheter du fumier pour améliorer l’entretien des champs. Depuis 19 ans, elle est membre d’une association d’épargne et de crédit.
« Je crois que les femmes Batwa doivent se rapprocher des autres, partager leurs expériences et cesser de s’isoler. Elles doivent comprendre que la solidarité est la clé de la réussite collective », affirme-t-elle.
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