Agriculture

L’effondrement du barrage hydroagricole de Gikoma s’annonce problématique

Le barrage hydroagricole de Gikoma n’est plus fonctionnel. En attendant, la Société Régionale de Développement de l’Imbo (SRDI) indique que les riziculteurs de la coopérative Mubone (bénéficiaire de l’eau du barrage hydroagricole de Gikoma) peuvent partager l’eau avec la coopérative Rubirizi. Cela en attendant la réhabilitation dudit barrage. Les riziculteurs estiment insuffisante la quantité d’eau fournie par un seul barrage pour plus d’une coopérative. Ils reviennent également sur les conséquences de cette diminution de la quantité d’eau et les exigences de la SRDI. Retribution

La route qui reliait Mugoboka I et Mugoboka II est complètement coupée.

A environ 10 km de la capitale économique Bujumbura est construit un pont sur la rivière Gikoma (plus précisément sur la RN9), séparant Bujumbura mairie et Bujumbura rural. Au-dessus du pont, véhicules types « Bene », « Hiace », « Probox », véhicules promenades y passent sans se soucier de rien. Les piétons, les taxis-vélos, les motards, chacun se taille une bonne partie au niveau du pont lors de leur passage. Curieux, les uns jettent un coup d’œil au-dessous du pont pour s’enquérir de l’état des lieux. D’autres ne s’intéressent à rien et ne se préoccupent que de continuer leur voyage.

Pourtant, en dessous de ce pont est érigé un barrage hydroagricole. Les murs de celui-ci se sont déjà effondrés. Le canal qui, autrefois, abritaient des enfants qui s’amusaient à nager dans l’eau destinée à irriguer le riz est fermé et plein de boue.

Plus loin, le long de la rivière sur à peu-près trois kilomètres, les riziculteurs déboussolés passent dans les champs pour ramasser les tiges de riz.

Difficile réhabilitation par la SRDI

S’exprimant sur les ondes de la Radio Nationale au cours de ce mois de juin, Félix Habonimana, directeur général de la SRDI précise que l’état des lieux du barrage ci-haut cité montre que sa réhabilitation nécessite un soutien.

« Les moyens de la SRDI ne peuvent pas suffire pour réhabiliter le barrage hydroagricole de Gikoma. Mais, nous continuons à toquer ici et là pour inciter les partenaires et la hiérarchie à le réhabiliter », fait-t-il remarquer. En attendant la résolution du problème, continue le directeur général, les riziculteurs de la coopérative Mubone, bénéficiaires des eaux du barrage hydroagricole de Gikoma vont utiliser les eaux du barrage de Murago. Ces eaux alimentent les champs de riz de la coopérative Rubirizi.

M.Habonimana dit qu’une des deux coopératives va bénéficier cette eau pendant trois ou quatre jours et vice-versa.

« Pourtant, c’était le moment de la deuxième saison culturale ! »

Selon Angéline Manirampa, rizicultrice dans le marais de Bukirasazi déplore l’effondrement du barrage hydroagricole de Gikoma. Bénéficiaire de l’eau du barrage pour arroser le riz, la quinquagénaire rappelle que c’était le moment de la deuxième saison culturale.

«Mais comme on n’a pas d’eau, nous n’avons pas encore commencé le semis. Pourtant, c’était le début de la deuxième saison culturale», regrette-t-elle. Cela peut nous coûter cher, poursuit Mme Manirampa. Elle explique qu’avec ce qu’elle gagne dans le riz, elle parvient à s’acheter des habits, à payer le nécessaire pour envoyer les enfants à l’école…

Juvénal Sindayihebura, riziculteur dans le marais de Bukirasazi informe que l’effondrement du barrage hydroagricole de Gikoma a occasionné des pertes énormes. Il affirme que suite au manque d’eau, dans un champ où on récolte six sacs de riz paddy, on a récolté entre trois et quatre sacs de riz paddy. Cela ajoute le drame au drame.

Angéline Manirampa, rizicultrice dans le marais de Bukirasazi : « Comme nous n’avons pas d’eau, nous n’avons pas encore commencé le semis. Pourtant, c’était le début de la deuxième saison culturale ».

« En plus de cette perte, nous sommes obligés de rembourser 100kg de riz paddy à la SRDI à chaque saison, de payer 72.000 FBu pour les engrais agricoles et 17.000 FBu pour les pesticides à la même société », déplore-t-il avant de marteler : « Imaginez-vous ! Si vous louer un champ pour cultiver le riz, un champ moyen est loué à 400.000 FBu. Si vous satisfaisez les exigences de la SRDI, vous ne resterez avec rien comme bénéfice ».

Les travailleurs saisonniers et les consommateurs dans l’impasse

Jean claude Bangurambona est travailleur saisonnier dans les champs de riz. Il est venu de Karusi pour offrir ses services dans la plaine de l’Imbo. M.Bangurambona témoigne que l’effondrement du barrage hydroagricole de Gikoma a fait qu’il ne gagne plus 800 FBu pour labourer, 700 FBu pour retourner la terre, 600 FBu pour niveler le champ et 1 000 FBu pour ensemencer une portion de champ de riz de 5 mètres sur 10 mètres.

Rosette Nkorerimana est fonctionnaire habitant à Carama. Elle estime que l’effondrement du barrage hydroagricole de Gikoma est un mauvais augure. «Aujourd’hui, j’achète un kg de riz à 1 600 FBu. Si on ne cultive pas le riz cette saison, le prix peut monter jusqu’à 1 800 FBu. Comme j’utilise 30 kg de riz par mois, j’aurais à enregistrer une perte de 6.000 FBu», s’inquiète-t-elle.

Le riz, une denrée cultivée sur place et importée de l’étranger

En plus du riz cultivé localement, les Burundais importent le riz surtout de la Tanzanie et de la Zambie.

Selon les statiques provisoires du commerce extérieur du 2ème trimestre 2019 de l’Institut des Statistiques et Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU), la quantité de riz importé en 2019 est de 5 000,1 tonnes et en 2018, elle est de 4 133,9 tonnes, soit une variation de 21,0 %.

Le Bulletin du Commerce Extérieur (3ème trimestre 2018) de l’ISTEEBU informe que 3 219, 1 tonnes de riz ont été importées au troisième trimestre de 2018. Ces tonnes ont une valeur de 3 768, 7 millions de BIF.

La quantité de riz importée augmente d’année en année avec la probabilité qu’elle peut diminuer suite aux méfaits du Covid-19.

Des barrages hydroagricoles pour booster la production

Dans le but d’augmenter la productivité des périmètres rizicoles, des barrages hydroagricoles ont été initiés. L’exemple typique est le barrage hydro-agricole construit sur la rivière Kajeke dans la commune Bubanza.

Les travaux de construction du barrage hydro-agricole de Kajeke ont démarré en 2009 pour irriguer 3000 hectares du périmètre rizicole de la plaine de l’Imbo dans les communes de Mpanda et Gihanga de la province Bubanza. Ce projet était prévu pour irriguer 1013 hectares dans sa première phase et atteindre par la suite 2813 hectares. Son coût était estimé à plus de 11 milliards de FBu.

Le projet a connu des difficultés dès son démarrage. Le marché de la construction du chantier avait été attribué aux entreprises ETAMCO, BTCE, BETUCO-PACIFIC

Après avoir englouti plus de 13 milliards de FBu, les travaux de construction du barrage hydroagricole de Kajeke se sont révélés un échec.

Le 4 mai 2017, le ministre de l’Agriculture en compagnie des experts internationaux a effectué une visite à ce barrage pour se rendre compte de l’état des lieux de cette infrastructure. A cette occasion, il a évoqué les malformations et les malversations qui ont caractérisé cette infrastructure.

Cependant, la construction du micro barrage de Makebuko a réussi. Le devis initial estimait le coût des travaux à 250 millions de FBu. Les travaux devraient durer trois ans. Durant 3 mois, les techniciens du ministère étaient en phase de clôture des travaux de la construction de ce micro barrage. Cela pour un coût total de 75 millions de FBu.

Le micro barrage a une capacité de 50 m3 et facilite l’irrigation d’une superficie de 16 hectares.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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