A quelques semaines des scrutins législatifs et communaux prévus en juin 2025, les femmes de la commune Mugina, dans la province Cibitoke font entendre leurs priorités. Rencontrées à Nyeshenza, centre stratégique de la localité, elles interpellent les candidats sur des thématiques liés au développement communautaire, à la santé, à l’agriculture et à l’éducation.
Les attentes des femmes de Nyeshenza traduisent une volonté d’être actrices du changement et de faire entendre leurs préoccupations dans l’espace politique.
Le message des femmes la commune aux candidats est clair : elles attendent des réponses concrètes à leurs besoins quotidiens. Joyce Niragira, commerçante au marché de Nyeshenza, insiste sur l’importance pour les élus de s’engager en faveur des femmes. « En tant que femme, je demande à ceux qui se portent candidats que, s’ils sont élus, ils nous représentent en nous aidant à créer des associations et en nous facilitant l’accès au capital », déclare-t-elle.
Selon elle, la structuration en groupements associatifs constitue un levier de développement économique et social. Elle évoque la possibilité pour les femmes de se regrouper, d’accéder au crédit mutuel et de mieux s’organiser pour améliorer leurs conditions de vie. L’accès au financement reste cependant difficile, freinant l’initiative économique féminine.
Des besoins urgents en matière de santé et d’éducation
Au-delà des aspects économiques, Mme Niragira souligne la nécessité de renforcer les services sociaux de base, à commencer par la santé. Elle appelle les futurs élus à plaider pour la construction des centres de santé de proximité équipés en personnel qualifié. « Nous demandons également des médecins bien formés, pour garantir une meilleure santé à la population, notamment pour réduire la mortalité maternelle lors de l’accouchement », précise-t-elle.
Elle évoque également les défis liés à l’éducation, appelant à la construction de nouvelles écoles pour améliorer l’accès à l’enseignement, particulièrement dans les zones rurales. L’état des infrastructures est un autre sujet d’inquiétude. Elle cite la dégradation avancée de la Route Nationale n°10, qui traverse la commune de Mugina, et appelle à sa réhabilitation urgente.
Un autre besoin exprimé est celui des cantines scolaires perçues comme un soutien indispensable pour les enfants issus des familles en situation de précarité. « Si ceux-ci pouvaient manger à l’école, cela ferait une réelle différence », souligne-t-elle.
L’agriculture au cœur des préoccupations rurales
Aline Ndayizeye, agricultrice et mère de famille, met l’accent sur les enjeux agricoles, secteur central de l’économie locale. Elle insiste sur l’importance de l’accès facilité aux engrais chimiques et à leur disponibilité en temps voulu. Le retard dans leur distribution compromet les rendements agricoles, accentuant ainsi la vulnérabilité alimentaire des familles.
« La famine est perceptible dans la population. Ceux qui ont accès à des terres cultivables suffisantes sont de plus en plus rares et ceux qui en disposent ne récoltent pas assez à cause du manque d’intrants », déplore-t-elle. Selon elle, les candidats devraient inclure dans leurs programmes des mesures concrètes de soutien aux petits agriculteurs.
Energie, infrastructures routières et inflation : d’autres défis à relever
Claudine Niyokwizera, également résidente des environs de Nyeshenza met en lumière d’autres priorités. « Je souhaiterais que les futurs élus plaident pour l’extension de l’électricité dans notre commune », avance-t-elle en soulignant le faible taux d’électrification rurale. Elle évoque également la dégradation du réseau routier qui complique les déplacements, notamment en cas d’urgence sanitaire.
Le problème du coût de la vie revient aussi dans son témoignage. « Les denrées alimentaires sont devenues très chères. L’inflation représente un véritable fardeau pour les ménages », constate-t-elle. Dans ce contexte, elle rejoint les autres voix appelant à la création des associations de solidarité, outils jugés efficaces pour renforcer la résilience économique des femmes.
Un message collectif aux futurs représentants
Toutes les femmes rencontrées s’accordent sur une attente centrale : voir les futurs élus s’impliquer activement dans l’amélioration de leurs conditions de vie. Au-delà des discours, elles réclament des actions concrètes et mesurables. L’un des axes récurrents dans leurs témoignages reste la promotion des groupements féminins, perçus comme un cadre d’apprentissage, de solidarité et d’accès au crédit.
A mesure que la campagne électorale s’intensifie, ces attentes citoyennes pourraient influer sur les priorités des candidats, notamment au niveau communal. Les femmes de la commune Mugina rappellent ainsi que la politique locale ne saurait ignorer les réalités de terrain, marquées par des enjeux aussi divers que l’agriculture, l’accès à une bonne santé, l’éducation ou encore les infrastructures.
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