Genre

Emancipation et promotion des droits de la femme, deux concepts controversés

Depuis les années 1990, le Burundi en collaboration avec différents organismes internationaux a progressivement promu l’émancipation de la femme. Par ailleurs, la promotion de l’égalité des genres est l’un des 8 objectifs du millénaire pour le développement. Malgré tout, l’interprétation de l’émancipation féminine et la promotion des droits de la femme suscitent toujours beaucoup d’interrogations

« L’émancipation de la femme et la promotion des droits de la femme sont mal interprétées lorsque la société ne cherche pas à comprendre le vrai sens de ces deux concepts. Elle fait référence aux mauvais modèles, aux femmes qui se comportent mal. Quand cette émancipation est considérée comme synonyme de rébellion féministe contre l’homme, on a tendance à ignorer que ces deux groupes doivent avoir les mêmes chances et opportunités dans la vie sociale et professionnelle », explique Dacia Munezero, activiste du respect des droits de la femme. Elle ajoute que certains individus interprètent abusivement ces concepts parce qu’ils ont peur d’entendre la femme réclamer l’égalité et l’équité. Ils ne sont probablement pas prêts à perdre les avantages que la société leur offre au détriment de la femme.

Les droits de la femme concernent tout le monde. L’homme et la femme doivent contribuer à les promouvoir.

« L’émancipation de la femme traduit le fait que la gente féminine commence à sortir du silence et de la tour d’ivoire afin de réclamer ses droits et de bénéficier des avantages sociaux et professionnels au même titre que l’homme », précise Célestin Hicuburundi, expert en genre et communication. Quant à la promotion des droits de la femme, poursuit-il, elle vise principalement l’égalité des genres où l’homme et la femme sont mis au même pied d’égalité en droit et en dignité, car elle doit accéder aux fonctions traditionnellement réservés aux hommes. En plus de cela, la femme doit être protégée contre les violences de toutes sortes.

« Quand ces deux notions sont mal interprétées, il y a des conséquences dans la société, car les individus qui les interprètent ainsi enfreignent les droits de la femme. Ils ne contribuent pas à la promotion de ces droits alors que tout le monde doit être impliqué », fait savoir Diane Ndonse, présidente de l’Association des Femmes Journalistes du Burundi (AFJO). Pour Mme Ndonse, la généralisation des faits qui n’arrangent pas la femme, ne contribue pas à la construction d’une société solide, car il y aura toujours des individus qui auront tendance à aller à l’encontre des valeurs sociales. Pourtant, des femmes modèles à considérer ne manquent pas.

Le rôle de la femme et de l’homme dans la promotion des droits de la femme

Les droits de la femme font partie des droits humains. Les femmes comme les hommes doivent les connaître et les valoriser, car ils concernent tout le monde. Tout un chacun, l’homme comme la femme sont appelés à conjuguer leurs efforts pour les promouvoir. Mais c’est la femme qui est censée prendre le devant parce que c’est elle qui subit particulièrement l’injustice liée au genre.

Pour promouvoir les droits de la femme, M. Hicuburundi estime que les femmes elles-mêmes doivent casser le plafond de verre afin de mieux défendre leurs droits. Si elles sont regroupées dans des associations, cela fait du bien. A cet effet, l’homme est appelé à ne pas constituer un obstacle à l’évolution de la femme. Plutôt, il doit soutenir la cause féminine.

La part de l’homme dans la promotion de ces droits est si considérable, car c’est lui qui est souvent pointé du doigt comme violeur des droits de la femme. « L’émancipation de la femme, si elle est bien comprise, portera ses fruits dans la société burundaise. Par exemple, la femme a plein droit de faire de longues études et de travailler comme l’homme. En conséquence, elle contribue efficacement au développement de sa famille et du pays », précise Mme Munezero.

Quid  de l’incompréhension de ces deux concepts ?

Mme Ndonse estime que l’émancipation fait d’une femme une personne qui se donne un espace où elle se sent indépendante, au-dessus de tous les préjugés qui bloquent son développement, notamment culturels. Ce sont des préjugés discriminatoires qui sont à la base de l’évolution en decrescendo de la condition de vie d’une femme. Pourtant, cette émancipation aboutit à une revendication du respect des droits de la femme afin d’améliorer son mode de vie.

Pour Mme Munezero, quand l’émancipation de la femme n’est pas prise à sa juste valeur, une personne qui milite pour le respect des droits de la femme est souvent taxée d’ « extrémiste » ou de rebelle. Ce qui favorise le bafouement exprès ou par ignorance de ces droits. D’une manière globale, à l’instar de l’homme, la femme est capable d’accomplir ses missions sans qu’il y ait forcément l’homme derrière elle pour l’accompagner ou lui donner des directives. Il faut que les gens comprennent que la femme doit être valorisée comme qui que ce soit. Elle est non seulement là pour servir l’homme, faire des enfants ou les élever, mais aussi elle a des rêves, des ambitions et des projets à réaliser tôt ou tard.

Pour conclure, l’expert Célestin Hicuburundi estime que l’éducation joue un rôle primordial dans la promotion des droits de la femme. Tout doit être fait pour promouvoir l’éducation de la femme car, dit-il, une femme éduquée est déjà « en ascenseur » pour s’élever dans la société sans complexe. L’éducation est la clé pour briser toutes les barrières et casser le plafond de verre qui empêche la femme de s’épanouir.

A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

Un commentaire
  • NNDAYIRAGIJE Egide dit :

    Un très bon article bien documenté et mérite d’être partagé dans notre entourage familial et professionnel.

Les commentaires sont fermés.



éditorial

Sans transparence, pas de confiance

Sans transparence, pas de confiance

Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 657

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook


  • éditorial

    Sans transparence, pas de confiance

    Sans transparence, pas de confiance

    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
  • Journal n° 657

  • Dossiers Pédagogiques